L’Enluminure
La flore de l’enlumineur.
La fougère (suite).
Les enlumineurs des XIIe et XIIIe siècles
demandèrent à la fougère sa forme générale
(flg. 1, nos 1, 2, 3) et ses retroussés, mais les
artistes des XIVe et XVe siècles (4, 5, 6) fixè-
rent définitivement ce motif en lui faisant pour-
tant subir des modifications de détail selon leur
tempérament. La Renaissance rendit ce motif
en bien d’autres plantes. La nature fut donc
toujours la source première à laquelle les artis-
tes anciens puisèrent leurs plus jolis motifs. Ils
lui empruntèrent une simplicité charmante à
laquelle l’étude et l’interprétation ajoutèrent
une beauté nouvelle que nous admirons encore
aujourd’hui.
Les enlumineurs du moyen-âge mélangent
souvent les variétés et les genres de plantes
1. — La fougère naissante.
2. — XIIe siècle.
3. — XIIIe siècle
4. — Charles V.
5. — Charles VII.
6. — Charles VIII.
7. — Renaissance, François I]
8. — Louis XIV.
g. — Fantaisie moderne.
plus gracile (7), plus élégant ; les Bourbons lui
rendirent sa première vigueur (8). Peu à peu
la notion de l’origine de cette feuille se perdit ;
on ajouta, sans scrupule, à la fougère des mo-
tifs tirés de la feuille du pavot, de l’artichaut,
du chardon, de diverses plantes. Notre époque
lui adjoignit enfin des éléments tirés des styles
précédents et trouva des expressions nouvelles
assez variées (9) qui ne lui enlèvent pas tout
à fait son caractère original.
Les transformations subies par la fougère
dans le décor des enlumineurs, on les retrouve
sans souci de 1a. vérité ; un même motif orne-
mental s’étend et s’épanouit dans une marge
de missel en des fleurs et des plantes fort dif-
férentes ; des fruits, des grappes s’ajoutent au
sujet primitif sans rien lui enlever de son attrait
qui réside surtout dans une libre interprétation
des formes naturelles, dans une variété de bon
goût, dans un souci du décor qui arrive à ses
fins par ces moyens les plus divers. Les moines
artistes ne cherchaient pas à faire de la bota-
nique. Ils visaient surtout un naïf symbolisme ;
ces plantes variées associées dans un même or-
232 —
La flore de l’enlumineur.
La fougère (suite).
Les enlumineurs des XIIe et XIIIe siècles
demandèrent à la fougère sa forme générale
(flg. 1, nos 1, 2, 3) et ses retroussés, mais les
artistes des XIVe et XVe siècles (4, 5, 6) fixè-
rent définitivement ce motif en lui faisant pour-
tant subir des modifications de détail selon leur
tempérament. La Renaissance rendit ce motif
en bien d’autres plantes. La nature fut donc
toujours la source première à laquelle les artis-
tes anciens puisèrent leurs plus jolis motifs. Ils
lui empruntèrent une simplicité charmante à
laquelle l’étude et l’interprétation ajoutèrent
une beauté nouvelle que nous admirons encore
aujourd’hui.
Les enlumineurs du moyen-âge mélangent
souvent les variétés et les genres de plantes
1. — La fougère naissante.
2. — XIIe siècle.
3. — XIIIe siècle
4. — Charles V.
5. — Charles VII.
6. — Charles VIII.
7. — Renaissance, François I]
8. — Louis XIV.
g. — Fantaisie moderne.
plus gracile (7), plus élégant ; les Bourbons lui
rendirent sa première vigueur (8). Peu à peu
la notion de l’origine de cette feuille se perdit ;
on ajouta, sans scrupule, à la fougère des mo-
tifs tirés de la feuille du pavot, de l’artichaut,
du chardon, de diverses plantes. Notre époque
lui adjoignit enfin des éléments tirés des styles
précédents et trouva des expressions nouvelles
assez variées (9) qui ne lui enlèvent pas tout
à fait son caractère original.
Les transformations subies par la fougère
dans le décor des enlumineurs, on les retrouve
sans souci de 1a. vérité ; un même motif orne-
mental s’étend et s’épanouit dans une marge
de missel en des fleurs et des plantes fort dif-
férentes ; des fruits, des grappes s’ajoutent au
sujet primitif sans rien lui enlever de son attrait
qui réside surtout dans une libre interprétation
des formes naturelles, dans une variété de bon
goût, dans un souci du décor qui arrive à ses
fins par ces moyens les plus divers. Les moines
artistes ne cherchaient pas à faire de la bota-
nique. Ils visaient surtout un naïf symbolisme ;
ces plantes variées associées dans un même or-
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