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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 4.1925/​1926

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Nos. 11,12 (1er août-sept. 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43076#0247
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Sodoma; demandez à Véronèse, au Ti-
tien, au Tintoret, pour Venise. En Flan-
dre, en Hollande, en Allemagne vous
aurez une tout autre couleur. Breughel
vous présentera un Christ en culottes
courtes et à chapeau mou ; Rembrandt
charriera devant vous, en brouette, les
malades que la pitié du Sauveur va gué-
rir. Les gardes du Calvaire, chez Teniers,
joueront aux cartes, coiffés de feutres à
plumes et armés de hallebardes. Les
saintes femmes de Rubens sont des fem-
mes de bourgmestres, cossues 1 ».
Ces artistes ne prétendaient pas repré-
senter les scènes historiques dans leur
réalité de détails ; le fait seul leur impor-
tait et la traduction du divin demeurait
leur unique souci. Du particulier, ils al-
laient au général. Aussi ne se font-ils pas
scrupule de placer au pied de la Croix
du Sauveur mourant, avec la très sainte
Vierge et saint Jean, quelques person-
nages de leur choix. L’Angelico age-
nouillait volontiers saint Dominique
dans le costume de son Ordre parmi les
pieux personnages de cette scène de la
Passion ; F anachronisme du costume ne
le troublait point. Le saint artiste ne
prétendait pas nous donner, en sa réa-
lité, la scène du Calvaire. S’il interpré-
tait, s’il idéalisait les personnages, pour-
quoi n’aurait-il pas gardé toute sa liberté
dans la composition du tableau, quant à
la personnalité des acteurs et quant à leur
costume? Ce qu’Angelico voulait expri-
mer, c’était la mort du Christ pour les
hommes, pour l’humanité ; aussi, dans
sa grande Crucifixion du couvent de
Saint-Marc, il assemble, aux pieds du
Sauveur en croix, des saints de toutes
les époques. C’est ainsi, fait remarquer
le P. Sertillanges, que devant la Com-
1. P. Sertill\nges. Op. cit.

muni ou de saint Jérôme, le ce person-
nage » disparaît ; on a l’impression géné-
rale de viatique et de mort chrétienne.
Encore une fois, le particulier devient
général ; le peintre écrit pour l’humanité
de tous les temps, il'met en relief la
signification du fait dans ce qu’il a d’uni-


fig. 1 Portrait en pied du prince Chercrochidzé,
par Wladimir Perelmagne (1909)

versel, et pour le rendre intelligible à ses
compatriotes, il revêt de leur costume
les acteurs qu’il met en jeu.
Nous ne pensons pas qu’il convienne
de donner aux personnages sacrés, dans

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