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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

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No. 2 (1er novembre 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0039
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Saint François artiste


Il est incontestable que saint François d’As-
sise exerça une influence considérable sur l’art
de son temps. IJ n’avait point pourtant les res-
sources du savoir et de l’autorité comme les
évêques féodaux et les bénédictins ; il ne possède
ni le talent ni les connaissances encyclopédiques,
ni l’influence des évêques et abbés bâtisseurs
d’égdises comme Angilbert, évêque de Milan,
comme les abbés de Saint-Gall et de Cluny,
comme l’évêque d’Hildesheim, Bernhardt,
comme les abbés Guillaume à Dijon, Didier au
Mont-Cassin, Suger à Saint-Denis.
Par son enthousiasme à la fois mystique et
humain, idéaliste et naturaliste, il renouvelle
chez les poètes, musiciens, architectes,
peintres et sculpteurs le sentiment de la
nature et de la vie. Sa foi naïve et profonde
met à la portée des foules la pensée évan-
gélique. Son admiration affectueuse et pas-
sionnée du monde visible, sa compassion
sincère pour les infirmités humaines, son
éloquence imagée, fruit naturel d’un tem-
pérament de poète et d’artiste, éveillent
une foule d’ambitions morales, intellectuel-
les littéraires, artistiques. Autour de lui
gravitent bientôt les convertis, les péni-
tents, les imitateurs.
« Saint François fut poète et artiste de
cœur, d’esprit et de fait. Il associe la poésie
et la musique à l’image plastique et pitto-
resque. Son admirable Cantique du Soleil
suffirait à nous faire voir en lui le premier
grand poète de l’Italie en langue vulgaire
comme il fut, en langue vulgaire, le premier
grand orateur.
« Sous son inspiration une floraison déli-
cieuse et familière de cantiques, laudes,
dialogues, mystères, jaillissent de l’âme po-
pulaire et son parfum imprègne pour tou-
jours la poésie italienne. Mais déjà la poésie
de l’Eglise, sa liturgie séculaire s’en était
ravivée et renouvelée. »
Sur ses premier disciples, l’influence de
François fut plus rapide encore et plus di-
recte ; elle se traduisit en d’admirables
chants connus sous le nom de Proses ; leurs
rimes, fortes et sonores qui retentissent dans nos
églises depuis dix siècles, jettent encore dans les
âmes les mêmes pitiés, les mêmes effrois, les
mêmes espoirs.— A Thomas de Celano, premier
chroniqueur du Saint, on doit le Dies iræ, dies

Saint François reçoit les stigmates
les artistes n’ont qu’à copier ces images et ces
tableaux pour les fixer sur le mur ou sur le bois
par le ciseau et le pinceau.
Lorsque saint François parle sur les places
publiques et à travers les' champs, c’est aux

ilia, aux si formidables accents. Jacopone da
Todi donnera peu après le Stabat Mater speciosa
et le Stabat Mater dolorosa « où les joies et les
douleurs de la Sainte Vierge Marie, au jour de
la Nativité et au jour de la Passion, s’expriment
successivement en des termes doux et cares-
sants comme des baisers, graves et douloureux
comme des sanglots. »
Foi, poésie, musique, peinture s’allient mer-
veilleusement dans l’âme de saint François et
dans l’esprit de ses disciples. La musique naît
spontanément de leur enthousiasme comme l’ac-
compagnement obligé de leurs paroles si riches
en images pittoresques, solides et brillantes, et

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