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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

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No. 2 (1er novembre 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0043
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l’Ecole Saint-Luc et c’est de là que viennent
ses bons résultats.
Les artisans de Saint-Luc fréquentent seule-

ment les ateliers dirigés par les anciens élèves
de l’Ecole. Le travail quotidien n’y contredit
pas la leçon du professeur, il la met. en relief,
il la fait intuitive ; la théorie se réalise dans des
formes concrètes et l’apprenti juge ainsi de la
portée et de 1 ’utilité de l’enseignement qu’il va
chercher aux cours. Le vitrail qu’il peint, la
pièce d’orfèvrerie qu’il cisèle, la mosaïque qu’il
assemble, il en a dessiné les détails à l’école,
il sait le pourquoi des formes, il les a étudiées
chez les Anciens, et leur réalisation lui devient
un travail facile et combien intéressant !
L’Ecole Saint-Luc prépare donc des artisans
à la manière des grands siècles de l’art profes-
sionnel alors que la Renaissance, la Réforme
et la Révolution n’avaient pas encore développé
à l’excès l’individualisme et ruiné la tradition.

En ce temps-là, les maîtres ne dédaignaient pas
le métier. Ghirlandajo était orfèvre en même
temps que peintre et nous lui devons Michel-
Ange. Verochio, peintre et or-
fèvre prépara Léonard de
Vinci ; Ghiberti était orfèvre
et batteur de fer et il fit les
portes du baptistère de Flo-
rence dont Michel-Ange disait
qu’elles méritent d’orner l’en-
trée du Paradis.
Chez ces ouvriers d’art, le
penseur travaillait et l’artisan
avait à cœur de faire son mé-
tier artistement. Aujourd’hui
nos artisans s’efforcent de
faire mécaniquement leur mé-
tier d’artiste et le travailleur
ne pense plus. C’est que les
écoles développent, avant tout,
l’habileté manuelle sans souci
de la culture esthétique appro-
priée au métier. On donne à
l’élève la science du rendu puis
on lui dit : « Interrogez la na-
ture, suivez l’inspiration ! »
On n’a point appris à cette
âme de bonne volonté à lire, à
comprendre, à interpréter la
nature comme les Anciens. On
ne lui a pas appris à distinguer
le rêve de la pensée, à discer-
ner la «folle du logis» de l’ima-
gination créatrice. Aussi que
de talents perdus, cpie d’illu-
sions douloureuses, que de mé-
. comptes et que de ruines! De-
vant leur symbolisme incompris, devant leurs
mythologies invendues ou leurs « études » que
l’on dédaigne, combien d’artistes de talent re-
grettent de ne s’être pas livrés au métier d’art !
Il leur a manqué l’humilité, il leur a manqué le
sens de leur mission.
L’Ecole Saint-Luc prétend restaurer ce sens
artistique professionnel et faire rentrer l’art
dans sa voie.
En résumé, l’Ecole Saint-Luc renouvelle l’ar-
tisan par le dedans; elle lui fait découvrir, dans
les œuvres anciennes, l’âme éternelle ; elle lui
apprend, comme dit Ernest Hello, « à dégager
l’inconnue de divinité » qui réside en toute
créature. Elle lui dit : « Sois chrétien, sois ar-
tiste, sois moderne aussi, mais sans mépris de
la tradition », et par son programme, son es-
prit chrétien, sa sollicitude, elle donne à son


Dessins pour faïence émaillée, par J. Mullier

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