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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

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No. 4 (1er janvier 1927)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0074
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Quelques Vierges des Nativités

T ai fête de Noël avec sa crèche, son gracieux
Enfant Jésus, sa Vierge recueillie, ses Anges
musiciens, ses joyeux bergers, et plus tard le
cortège de ses Rois Mages, nous invite, nies
enfants, à mettre sous vos yeux quelques ta-
bleaux de Nativités des maîtres les plus renom-
més. Ces œuvres vous montreront l’étape par-
courue depuis les peintres primitifs jusqu’aux
artistes de la Renaissance et même jusqu’à- nos
jours.
T/art chrétien primitif ne représente guère
la Sainte \ ierge que sous la forme de Votante,
la femme en prière, les bras étendus; l'Enfant


lig. 1. — Cimabué. — La Vierge aux anges.
(Musée du Louvre. Paris.)
Jésus est debout devant Marie ou assis sur ses
genoux. On trouve ce sujet dans la catacombe
de sainte Agnès (III1 siècle) ; on voit déjà
l'image de la Vierge Marie dans le cimetière de
Priseilla et cette peinture remonte au IIe siècle.
Plus tard les Byzantins ont multiplié les
images de la Madone et de l'Enfant Jésus. Les
peintures de cette époque sont caractérisées par
une certaine raideur dans la pose, une fixité
du regard, une Sjinétrie dans les plis du vête-
ment cpii témoignent d'une convention accep-
tée bien plus que d’une étude de la nature.
Les iconoclastes, farouches sectaires qui bri-
saient les saintes images sous prétexte de
préserver le peuple de l'idolâtrie, firent dispa-

raître bien des chefs-d’œuvre. Pour échapper
à leurs persécutions, les artistes Byzantins se
réfugièrent à Rome ; là, leur art s’adoucit et
se rapprocha, fie Limitation de la nature, en
même temps qu il exerçait, sur Part romain,
une influence qui dura jusqu’au XIIIe siècle.
Voyez, mes enfants, cette peinture de Oima-
bué {fig. 1). Elle annonce une rénovation de
Part que les invasions des Barbares avaient
exilé d’Italie. Cimabué, né à Florence en 1240,
mort en 1302, étudiait au monastère de Sainte-
Marie-la-Nouvelle, mais volontiers il désertait
les cours d’histoire et de langues pour suivre
les travaux des peintres grecs qui décoraient la
chapelle du couvent. Son père le confia bientôt
à ces artistes et c’est (Peux qu'il apprit à des-
siner ces-figures droites et raides, ces draperies
aux plis multiples et rigides, ces têtes aux poses
convenues et sans expression. Examinez cette
Madone aux anges, La pose de Marie est con-
ventionnelle ; l'Enfant Jésus, aux membres
sans proportions, n'a rien des grâces de l’en-
lance. Les anges soutiennent le trône de la
\ ierge qu’ils emportent au ciel. Leur attitude
est semblable ; les figures de gauche sont le
décalque renversé de celles de droite. Et pour-
tant Cimabué avait modifié déjà le type cher
aux artistes grecs et donné à ses personnages
plus de vie. Ce tableau, mes enfants, valut à
son auteur un triomphe incomparable ; la foule
accourut chez l’artiste, un cortège s’organisa
pour transporter le tableau à l’église de Sainte-
Marie-Nouvelle où il devait être placé. Les ma-
gistrats de Florence portaient le tableau sur
leurs épaules tandis que les fanfares et les
chœurs alternaient sur le parcours du cortège
qui traversa toute la ville au milieu des accla-
mations de la multitude.
Vous savez, mes enfants, que Cimabué, se
promenant à la campagne, découvrit un jeune
berger dessinant ses brebis sur un roc à l’aide
de son couteau. Le peintre s’occupa de l'édu-
cation artistique de l'enfant, Giotto di Bon-
done, qui devint plus célèbre encore que sou
maître.
Avec Giotto (1266-1334) se continue la
tradition ; il s’inspire fie la convention dans son
décor, dans la perspective ; il se conforme aux
types que ses prédécesseurs lui ont légués et,
vous le voyez dans sa Faite en Egypte (fig- 2,
page 61), le costume de la sainte \ ierge garde

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