Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

DOI Heft:
No. 4 (1er janvier 1927)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0076
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext

une allure byzantine bien que les plis soient
déjà modifiés et moins nombreux. On a dit que
« Giotto composait en bas-relief, que ses ta-
bleaux avaient un air de sculpture ». Il sait
pourtant donner la vie à ses personnages, parce
qu’il est réaliste, c’est-à-dire qu’il observe la
nature vivante, la réalité. Il ne se débarrasse
pas entièrement des formes convenues, mais il

fig. 3. BbïTCCJiLi.i. - La Vierge, l’Enfant Jésus
saint Jean (Musée du Louvre).
étudie l'anatomie. Sous le vêtement on devine
les formes du corps, et le modelé les accuse.
La Sainte Vierge, dans le tableau qui nous
occupe, a bien l’allure un peu rigide et hau-
taine des vierges de Byzance ; son Enfant Jésus
n’est pas le bambino charmant et mutin que
l’on trouvera sous le pinceau des artistes de
la Renaissance, mais ces deux personnages ne
manquent pas de naturel non plus que saint
Joseph, attentif à veiller sur la Mère et l'En-
fant. L’âne de cette Fuite en Fjgypte est un
chef-d’œuvre de naturel dans une forme pour-

tant simplifiée. Et cet ange qui plane dans
l’espace au-dessus des saints fugitifs, c’est une
création de Giotto. Le premier il sut lancer
dans l’espace ces figures un peu lourdes, sans
doute, mais qui ne manquent ni d’aisance ni
de naturel.
La convention s’atténue encore à la fin du
XIVe siècle avec Gentile da Fabriano (1370-
1450). Les couleurs gaies, les visions
charmantes, les épisodes divertissants
prennent, dans la peinture, une place
chaque jour plus marquée. Voyez, mes
enfants,cette Vierge de l’Adoration des
Mages (fig. 2). Elle s’incline avec
bonté vers le roi prosterné qui baise
dévotement les pieds du Sauveur.L’En-
fant-Jésus, mutin et charmant, caresse
d’une main inexperte le front chauve
du vieillard. Cet enfant, l’artiste l’a
copié sur nature; le geste, il l’a étudié
sur un modèle vivant, de même que
cette main de la Vierge refermant pu-
diquement le manteau. \ oyez encore
quelle vérité dans cette physionomie du
pifeux Mage et quelle richesse dans le
décor de sa robe et de son manteau. On
retrouve, dans cette œuvre, une part de
tradition, mais le pittoresque et le réa-
lisme s'introduisent dans les œuvres de
ce peintre et dans celles de ses contem-
porains.
Avec Botticei.lt (1447-1510) l’art
italien entre dans sa période de splen-
deur. L’artiste est maître de la forme ;
les couleurs et les moindres détails de
son tableau (fig. 3) révèlent une science
consommée du dessin, de l’anatomie et
de l’expression. L’Enfant Jésus se ré-
fugie confiant dans les bras de sa Mère
qu'il caresse tendrement, tandis que la
et Sainte Vierge, le visage penché sur le
front de Jésus, semble songer déjà, avec
quelle mélancolie, au drame encore
lointain du Calvaire.
On peut admirer ici, sans réserve, la pureté
dès traits de la Sainte Vierge, de l'Enfant Jésus
et de saint Jean. Voyez, de plus, mes enfants,
quelle harmonie dans les lignes, quelle élé-
gance et quelle distinction dans les poses! Ce
n’est plus la draperie sèche des primitifs, ce
n’est plus leur geste rigide et figé, ce n’est pas
encore le mouvement désordonné qui gâtera
les œuvres des artistes du X5 L et du XVIIe
siècle. L’expression reste vraie quoique fine
et ingénue, et le charme le pliais prenant se
 
Annotationen