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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 5.1926/​1927

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No. 4 (1er janvier 1927)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43079#0089
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L’Ane dans l’histoire, dans la légende et dans l’art

Après qu’il eut oubié la familiarité primi-
tive de l’homme avec les animaux dans les
jardins de l’Eden, le monde antique négligea
volontiers les êtres réels pour créer des mon-
stres imaginaires. La fantaisie domina la science
et l’observation. Au moyen-âge ces fables se
renouvelèrent mais l’idée morale et religieuse
domina ces folies de l’imagination et les ani-
maux devinrent le sujet d’allégories morales
et mystiques. Les Bestiaires fournissent aux
ymtigiers les motifs les plus variés de leur or-
nementation. L’âne lient sa place dans ces
représentations.
On sait que l’âne est originaire d’Asie et
du Nord-Est de l’Afrique. Certains peuples de
la Caramanic conduisaient l’âne à la guerre.
Les Grecs et les Perses les employaient à traî-
ner les convois militaires et les utilisaient
comme stratagème. Quelques ânes étaient lais-
sés dans le camp abandonné ; leurs clameurs
faisaient croire à la présence de l’ennemi qui
s’était pourtant éloigné.
Les Orientaux ont tenu l’âne en grande
estime. Chez les Patriarches, la richesse se me-
surait au nombre d’ânes et de chameaux que
l'on possédait. Job comptait des troupeaux de
cinq cents ûnesses et de nombreux ânons. Jacob
offre à Esaü, pour apaiser sa colère, vingt
ânesses et dix ânons. Le Décalogue défend de
convoiter l’âne du prochain. On sait que Sam-
son se servit d’une mâchoire de cet animal
comme d’une arme terrible contre les Philis-
tins. L’ânesse de Balaam refuse de prendre le
chemin que son maître veut lui faire suivre et
lui reproche sa dureté et son obstination contre
les ordres du Seigneur. Enfin le Sauveur entre
à Jérusalem monté sur une ânesse suivie de
son ânon.
L’ancienne Egypte adorait le bœuf, sym-
bole d’Osiris, mais elle exécrait l’âne, figure
de Typhon, le dieu du mal. Aujourd’hui l’âne
vit en paix sur la terre des Pharaons. Les Grecs
élevaient, en Arcadie, des ânes renommés. Les
Romains prenaient soin de conserver les meil-
leures races. Un sénateur romain paya une
ânesse de grande beauté jusqu’à deux mille
francs, c’est-à-dire quatre-vingts fois le prix
d’un esclave.
Les païens dédiaient l’âiïe à Priape et à
Bacchus ; le vieux Silène était toujours repré-
senté monté sur un âne.

Déjà, au IXe siècle, l’introduction de l’âne
dans les cérémonies religieuses est mentionnée ;
elle n’est qu’un intermède de la Fête des fous.
Cette fête ridicule se célébrait déjà à Constan-
tinople au VIe siècle. Elle existait en Angleterre
au XII0 siècle puisque, à cette date, elle fut
condamnée sous peine d’excommunication. On
la célébrait en France, surtout à Beauvais, à
Sens, à Autun, à Dijon, à Rouen, à Paris et
Nevers. A Rouen cette fête avait lieu le1 jour
de Noël.
I/'âne figurait en nature vivante ou en décor ;
il représentait l’ânesse de Balaam, l’âne de la
fuite en Egypte, l’âne que la tradition place à
côté du bœuf auprès de la Crèche, l’âne qui
servit de monture à Jésus lors de son entrée à
Jérusalem.
Ce cortège comprenait les personnages qui
ont annoncé et préparé l’avènement du Messie.
On y voyait : Moïse et Aaron, David, les Pro-
phètes, les enfants de la fournaise, Zacharie
père de Jean-Baptiste, le vieux Simeon, Virgile,
les Sibylles qui ont annoncé le Messie, six Juifs,
six païens résumant le monde ancien. Deux
figurants principaux : Balaam et son âne, rete-
naient l’attention de la foule. Le prophète,
armé d’une énorme paire d’éperons, chevau-
chait un grand mannequin en bois et en osier
représentant la forme d’un âne sous les drape-
ries duquel un personnage caché criait les
prophéties.
A Beauvais, le 14 janvier, un cortège se
rendait à la cathédrale. Il comprenait, entre
autres sujets, un âne richement caparaçonné
et monté par la plus belle jeune fille de la ville,
tenant un enfant ou une grosse poupée ennnail-
lottée. On voulait ainsi figurer la Fuite en
Egypte. Une messe était célébrée en grande
pompe à la cathédrale ; on chantait la prose de
l’âne après l’épître.
L’âne et la calomnie contre les chrétiens.
Aux premiers temps du Christianisme une
caricature du Dieu des chrétiens obtint un cer-
tain succès. Un chrétien, nommé Alcamène,
fut représenté adorant un homme crucifié, à
tête d’âne. Cette calomnie, d’abord imputée
aux Juifs, avait passé aux chrétiens. Un graf-
fite, le plus ancien monument du genre, dé-
 
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