Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
tence individuelle. L’âne et le bœuf étaient
symboliques de l’étable. L’imagination popu-
laire en fit des réalités, comme le constate saint
Ambroise. Ce qu’il y a de réel et de visible dans
la crèche, c’est l’Enfant qui vagit. Ce que la
pensée y ajoute d’invisible et de mystique, c’est
la. Divinité de 1 Enfant et la présence idéale des
animaux figuratifs de l’humanité juive et de
l’humanité païenne : l’âne représentant les Gen-
tils.
C'est Rome surtout que l’on aimait à re-
présenter l’âne et le bœuf auprès de la crèche,
et c’est à Rome que ces animaux commencè-
rent à exister réellement1.
La peinture s’empara du meme sujet; l’âne
figure avec le bœuf dans un grand nombre de
Nativités du moyen-âge. Giotto l’a représenté
dans sa Fuite en Egypte (fig. 2) ; il porte la
Sainte Vierge et l’Enfant Jésus. Cet animal,
d’une excellente facture, est d’un naturel
parfait.
L’ânesse et l’âiion de l'entrée à Jérusalem.
Le texte évangélique qui relate cette entrée
à Jérusalem est très clair et ne laisse pas de
place aux imaginations des évangiles apocry-
phes. Ce fait est représenté sur les sarcophages
d’une manière presque invariable. Le type le
plus général représente l’ânesse passant vers la
droite,les pieds déjà posés sur une pièce d'étoffe
qu’un homme étend sur le sol ; tandis que le
fond de la scène est occupé par un arbre
touffu dans les branches duquel un homme est
juché. Souvent les disciples sont présent : ils
acclament le Maître.
Qu’est devenue l’ânesse après l’entrée triom-
phale à Jérusalem? T.es uns ont pensé qu’elle
fut rendue à son maître, qu’elle retourna d'eile-
même à la porte où les Apôtres l’avaient prise
et qu’elle rentra dans la vie privée. Pour d’au-
tres, l’ânesse et l’ânon marqués pour leur rôle
dans l’entrée à Jérusalem et pour leur symbo-
lisme, devaient avoir une particulière destinée.
Selon saint Jérôme et saint Augustin, l’ânesse
soumise au joug figurait la synagogue et dans
l’ânon ils ont vu la Gentilité.
Une légende se créa autour des deux ani-
maux. L’ânesse, qui avait porté le Sauveur, ne
put se résigner à vivre dans la ville déicide. Elle
s’enfuit, marcha sur la mer devenue ferme sous
son sabot et s’en vint à Chypre, à Rhodes, à
Candie, passa à Malte, de là en Sicile, visita
Aquilée où elle séjourna quelque temps, se re-
1. D’après Dom Cabrol. DieI. d’archéologie chrét.
et de liturgie, Letouzev, Paris.

tira enfin à Vérone où elle vécut longtemps et
mourut de vieillesse.
L’âne dans les fables.
Dans la fable, l’âne est toujours le jouet et
la victime. Il est ridicule par ses oreilles, sa
voix, sa lenteur, sa patience elle-même et sa
rétivité. L’âne n’a pas plus de distinction dans
l’esprit que dans la figure, la voix et la dé-
marche. Les coups suivent souvent les quolibets
qui ne lui sont pas ménagés et pieu vent sur son
dos résigné. L’âne c’est le vilain sur lequel pèse
l’oppression doublée d’ironie et de mépris.
La Fontaine n’aime pas l’âne; il ne lui
accorde, ni esprit, ni grâce, ni vaillance. L’âne
se revêt de la peau du lion ; il fait trembler
tout le monde, mais
I n petit bout d’oreille, échappé par malheur,
Découvrit le fourbe et l’erreur.
Martin alors lit son office.
Ailleurs l’âne aide le lion à chasser et lui
fait l’office de cor; il se vante. I.e lion le raille:
« Oui, reprit le lion, c’est bravement crié,
Si je ne connaissais ta personne et ta race,
J’en serais moi-même effrayé. »
L’âne veut, comme le petit chien, caresser
son maître.
« Oh! oh! quelle caresse et quelle mélodie!
Holà ! inartin bâton ! »
On connaît le ridicule de l’âne de Buridan ;
il se laisse mourir de faim et de soif entre l’eau
et l’avoine, ne sachant se déterminer à manger
ni à boire parce que les deux besoins le pressent
également.
L’âne et les Saints.
Un grand nombre de Saints sont représentés
avec un âne auprès d’eux, pour diverses rai-
sons. Ainsi saint Marcel, pape(16 janvier 310),
condamné à garder les bêtes, figure souvent
avec des ânes près d’un râtelier.
Saint Jean Chrvsostome est représenté lié
sur un âne au milieu de soldats dans l’exil
auquel Justinien le condamne à l’instigation de
1 ’impératriee Théodora.
Saint Aubert (13 décembre 668), évêque de
Cambrai et d’Arras, patron des boulangers,
est accompagné d’un âne chargé de deux
paniers remplis de pains et portant à son cou
une bourse destinée à recevoir le prix de la
livraison.
Les Tournaisiens racontent que saint Aubert,
ermite du voisinage, s’occupait à faire cuire
des pains. Son âne allait seul les distribuer en
ville et rapportait le prix convenu. Le Saint
 
Annotationen