vastation de ces merveilles d’architecture et de
peinture commença ; ce fut en vain que le Pape
Léon X tenta une restauration de l’édifice. Les
légats et les vice-légats y résidèrent mais lais-
sèrent le tout s’en aller à l’abandon. A la veille
de la Révolution les bâtiments de Benoît XII
étaient devenus une prison. La Révolution vou-
lut d’abord démolir cette « Bastille des papes »
mais elle se contenta de la livrer au pillage des
citoyens qui s’approprièrent les boiseries, les
marbres, les tuiles, les fenêtres et les portes.
Le reste du bâtiment fut livré au génie qui y
établit une caserne.
Les remparts élevés par les papes furent sou-
vent dévastés par les inondations du Rhône et
de la Durance. Viollet-Leduc les a restaurés et
l’œuvre se continue aujourd’hui.
Pendant le séjour des Papes, les théologiens,
poètes, grammairiens et musiciens affluèrent à
Avignon. Les Papes leur prodiguèrent leurs
encouragements et leurs faveurs. Jean XXII
établit dans son palais une librairie où il réunit
de précieux manuscrits qui passèrent au cou-
vent des Dominicains. Innocent VI fit aussi
une collection de manuscrits qu’il laissa aux
Bénédictins.
De nombreux restes de façades attirent
encore les regards en Avignon. Dans la rue
Saint-Étienne deux maisons retiennent l’atten-
tion par la grâce de leur décor et la finesse de
leur architecture; ce sont les fragments d’un
immense palais que fit bâtir la reine Jeanne de
Naples, celle qui rendit Avignon au Saint-
Siège.
Parmi les principaux couvents d’Avignon
on cite celui des Dominicains, le plus riche et
le plus célèbre. Son église possédait trois nefs
et dix-huit chapelles latérales. On vantait la
beauté de ses stalles, de sa grille en fer forgé.
Quatre-vingts cardinaux et cinquante-cinq évê-
ques y furent ensevelis. Saint Thomas d’Aquin
et saint Yves de Tréguier y furent canonisés.
Le couvent des religieuses de Sainte-Cathé-
rine fut fondé par l’évêque Zoen Tencarari,
premier évêque italien d’Avignon ; son église
fut construite dans la seconde moitié du
XIVe siècle; aujourd’hui c’est un magasin.
Des Grands-Augustins établis rue de la. Car-
rière, le clocher seul est debout. Sur la place
Pie se dresse une belle tour carrée que flanque
et dépasse une petite tour octogonale. Viollet-
Leduc l’a restaurée ; elle faisait partie d’une
commanderie des chevaliers de Rhodes. Le
monastère des Cordeliers, dont la belle église
datait de 1390, a été rasée ; avec ses ruines dis-
parut le plus célèbre et le plus visité des monu-
ments d’Avignon, le tombeau de Laure sacca-
gé par les révolutionnaires.
Les églises érigées par les papes en collégia-
les, conservent leur physionomie gothique ; ce
sont Saint-Agricol, Saint-Pierre et Saint-Di-
dier aujourd’hui encore églises paroissiales de
la ville. Saint Agricol, vertueux évêque du
VIIe siècle, commandait aux nuages, dispensait
les averses aux moissons et aux vignes, chas-
sait les troupes de cigognes dévastatrices. C’est
en mémoire de ce dernier exploit que trois
cigognes forment les armes de son église.
Les églises d’Avignon renfermaient des œu-
vres d’art du plus grand prix ; elles furent sac-
cagées pendant la Révolution ; de l’église
Saint-Didier on fit un temple à la déesse Rai-
son, puis une prison, puis un magasin à four-
rages. Elle conserve une très délicate petite tri-
bune placée à une telle hauteur que les van-
dales ne purent l’atteindre pour en briser les
sculptures. L’église Saint-Didier a hérité de
plusieurs œuvres d’art appartenant, avant la
Révolution, à d’autres édifices religieux : un
Saint-Bénézet, œuvre du genre de le Bernin, un
— 201
peinture commença ; ce fut en vain que le Pape
Léon X tenta une restauration de l’édifice. Les
légats et les vice-légats y résidèrent mais lais-
sèrent le tout s’en aller à l’abandon. A la veille
de la Révolution les bâtiments de Benoît XII
étaient devenus une prison. La Révolution vou-
lut d’abord démolir cette « Bastille des papes »
mais elle se contenta de la livrer au pillage des
citoyens qui s’approprièrent les boiseries, les
marbres, les tuiles, les fenêtres et les portes.
Le reste du bâtiment fut livré au génie qui y
établit une caserne.
Les remparts élevés par les papes furent sou-
vent dévastés par les inondations du Rhône et
de la Durance. Viollet-Leduc les a restaurés et
l’œuvre se continue aujourd’hui.
Pendant le séjour des Papes, les théologiens,
poètes, grammairiens et musiciens affluèrent à
Avignon. Les Papes leur prodiguèrent leurs
encouragements et leurs faveurs. Jean XXII
établit dans son palais une librairie où il réunit
de précieux manuscrits qui passèrent au cou-
vent des Dominicains. Innocent VI fit aussi
une collection de manuscrits qu’il laissa aux
Bénédictins.
De nombreux restes de façades attirent
encore les regards en Avignon. Dans la rue
Saint-Étienne deux maisons retiennent l’atten-
tion par la grâce de leur décor et la finesse de
leur architecture; ce sont les fragments d’un
immense palais que fit bâtir la reine Jeanne de
Naples, celle qui rendit Avignon au Saint-
Siège.
Parmi les principaux couvents d’Avignon
on cite celui des Dominicains, le plus riche et
le plus célèbre. Son église possédait trois nefs
et dix-huit chapelles latérales. On vantait la
beauté de ses stalles, de sa grille en fer forgé.
Quatre-vingts cardinaux et cinquante-cinq évê-
ques y furent ensevelis. Saint Thomas d’Aquin
et saint Yves de Tréguier y furent canonisés.
Le couvent des religieuses de Sainte-Cathé-
rine fut fondé par l’évêque Zoen Tencarari,
premier évêque italien d’Avignon ; son église
fut construite dans la seconde moitié du
XIVe siècle; aujourd’hui c’est un magasin.
Des Grands-Augustins établis rue de la. Car-
rière, le clocher seul est debout. Sur la place
Pie se dresse une belle tour carrée que flanque
et dépasse une petite tour octogonale. Viollet-
Leduc l’a restaurée ; elle faisait partie d’une
commanderie des chevaliers de Rhodes. Le
monastère des Cordeliers, dont la belle église
datait de 1390, a été rasée ; avec ses ruines dis-
parut le plus célèbre et le plus visité des monu-
ments d’Avignon, le tombeau de Laure sacca-
gé par les révolutionnaires.
Les églises érigées par les papes en collégia-
les, conservent leur physionomie gothique ; ce
sont Saint-Agricol, Saint-Pierre et Saint-Di-
dier aujourd’hui encore églises paroissiales de
la ville. Saint Agricol, vertueux évêque du
VIIe siècle, commandait aux nuages, dispensait
les averses aux moissons et aux vignes, chas-
sait les troupes de cigognes dévastatrices. C’est
en mémoire de ce dernier exploit que trois
cigognes forment les armes de son église.
Les églises d’Avignon renfermaient des œu-
vres d’art du plus grand prix ; elles furent sac-
cagées pendant la Révolution ; de l’église
Saint-Didier on fit un temple à la déesse Rai-
son, puis une prison, puis un magasin à four-
rages. Elle conserve une très délicate petite tri-
bune placée à une telle hauteur que les van-
dales ne purent l’atteindre pour en briser les
sculptures. L’église Saint-Didier a hérité de
plusieurs œuvres d’art appartenant, avant la
Révolution, à d’autres édifices religieux : un
Saint-Bénézet, œuvre du genre de le Bernin, un
— 201