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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 7.1928/​1929

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No. 3 (Décembre 1928)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43077#0074
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gravés dans la mémoire et que l’artiste
accentue par-ci par-là des exagérations ca-
ractéristiques pour le sujet à représenter.
Quant à la draperie, violemment stylisée,
jamais en repos, elle joue dans les compo-
sitions un rôle d’agent de liaison, de porteur
d’énergie.
Rien ne peut être plus éloigné de la mé-
thode suivie par Paul Potter dans le dessin
strictement fait d’après nature et publié ici,
que celle suivie par les écoles du XVIe siècle
où nous voyons les artistes soumis à une
forte armature scholastique arbitraire, dé-
ployer une virtuosité très efficace. Quelques
grands artisans à la conception énergique,
ont pourtant, atteint d’une façon intermit-
tente, par cette méthode, des sommets très
élevés.
Il est impossible de remplir un rectangle
d’une façon plus pompeuse que ne l’a fait
avec son S. Christophe et son petit Jésus,
notre Hans Baldung, le peintre des Furies et
des Géants.
Les draperies violemment agitées par deux
vents contraires, à travers cette composition

verticale, y inscrivent un contre-point ho-
rizontal d’une efficacité saisissante. Le bâton
du Saint, surcharge celui-ci d’une troisième
intention, et cette audace singulière ne
détruit pas les deux autres. L’impression
de tourbillon est encore augmentée par le
renversement des valeurs dont le maximum
se trouve dans un ciel d’un noir superbe qui
ose une couleur pleine, contrairement à la
pratique constante qu’on observe dans les
bois de cette époque. Les puristes objecteront
que les bois du XVIe siècle imitent trop ser-
vilement le travail de la plume, alors que les
gothiques présentent plus nettement les ca-
ractères du tailloir, de la gouge et du poinçon.
Nous répondons à cela que les théories s’éva-
nouissent à l’aspect de l’éclatante beauté
d’ouvrages comme celui que nous présen-
tons ici : la ligne que le couteau trace dans
le bois tendre a trop d’autorité, trop de
souplesse, et est capable de modulations trop
délicieuses pour qu’une école de graveurs ne
se soit pas consacrée à lui faire donner
toutes les ressources qu’elle pouvait.
G. M. Baltus.


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