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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 7.1928/​1929

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No. 7 (Avril 1929)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43077#0190
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au jardin des Oliviers », dessin à la plume
dont nous donnons une reproduction ci-
contre, au « Portrait d’un Artiste » de Pierre
Breughel qui a été publié au mois d’octobre,
à cette même place. Tous deux témoignent
d’une maîtrise extrême dans l’emploi du
trait à l’encre. Tous deux remplissent par-
faitement le but que l’artiste s’est proposé,
aucun d’eux ne trahit le moindre tâtonne-
ment, ils ne donnent ni l’un ni l’autre l’im-
pression d’œuvres d’art en formation, mais
au contraire, mais de choses complètes et
exprimées de façon définitive. Ils respirent
le plaisir qu’a le virtuose sûr de lui, quand
il se joue des plus grandes difficultés de son
métier. Et pourtant quelle différence ! Rien
qui ne soit profondément original chez le
maître flamand, ou en d’autres mots, rien
qui ne provienne de l’observation la plus
aiguë de la nature, rien qui ne sente la pra-
tique ni la leçon bien sue : On est brusque-
ment transporté dans un autre monde, la
brume qui recouvre nos sens se dissipe, et la
merveille est qu’on s’y sente plus sûr de soi,
qu’on y respire mieux. C’est l’esprit qui nous
a pris par la main et nous mène en sa
compagnie !
Dürer, au contraire, malgré son génie, ne

s’est jamais complètement débarrassé de
l’atmosphère des corporations artisanes de
son temps. Malgré son génie, il est resté
l’élève de Michel Wolgemut, l’héritier du
gothique Schongauer, bien plus, il est en
quelque sorte l’accomplissement de l’ar-
tiste corporatif, un Walter des maîtres chan-
teurs. Ceci une fois reconnu, il faut ajouter
que les trouvailles de détail abondent dans
les merveilleux dessins de Dürer. Sa curiosité
sans cesse en éveil a mis toute la nature à
contribution pour la création de nouveaux
éléments de beauté. Voyez par exemple les
pierres et les cailloux à l’avant-plan de notre
dessin, chacune d’une texture différente, le
bel arbrisseau mouvementé et éclairé, ainsi
que l’ange, par l’auréole de Jésus, dont les
mains sont dignes de Dürer, le maître des
mains. Ta robe dont la tache de lumière est
pourtant très belle pourrait être faite moins
mécaniquement. Les apôtres dormants et
l’arrivée des soldats dans le paysage tragique
continuent l’intensité de toute la scène, et
achèvent de rendre ce dessin si spontané,
plein d’une passion ardente, un des plus vi-
vants qui soient sortis de la main du maître
allemand.
Georges M. Baltus.


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