Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique (7.1928/1929)

M_JET
CRD QUIS

'EST peut-être bizarre de commencer
un effort en ayant l'air d’entre-
prendre toutes les difficultés de
front.
Le fait de donner en exemple toute cette
rangée de maisons à la fois semble un défi
au bon sens. A toute première vue évidem-
ment cela paraît impossible à réaliser par
nos jeunes élèves, mettons de douze ans.
D’abord n’oubliez pas que chez l’enfant
de cet âge, dont l’imagination a été entre-
tenue tel que j’ai pu le voir notamment chez
le docteur Decroly, où le programme « dessin »
constitue la chose la plus libre qu’il y ait
au monde, où l’enfant ignore les difficultés
qu’il surmonte chaque jour, où j’ai donc vu
clés représentations graphiques colorées de
contes avec personnages et animaux évoluant
dans des paysages imaginaires — aussi bien
que sur les places publiques vues sous l’angle
le plus imprévu. Ces bambins ont certes
dessiné instinctivement tout un monde
'< imaginaire » d’une part, mais observé d’au-

tre part. Ils n’ont pas vu la difficulté. Ils
y ont été spontanément et de leur cœur.
Alors vous voudriez, sous l’espèce d’effort
nouveau, contraindre ces enfants à voir
spontanément les choses sous un autre angle
en les mettant en classe devant ces solides
géométriques, comme nous les connaissons,
gros comme trois noisettes et à observer à
cinq mètres de distance !
Sur ces petites choses malingres, sales et
rabougries, vous aurez beau faire les plus
beaux discours, vous aurez beau vouloir
déchirer l’air de grands gestes oratoires et
vous escrimer à démontrer que les horizon-
tales, si elles ne sont frontales... vous savez
le reste, vous n’arriverez à rien, qu’à peut-
être dégoûter à tout jamais vos joyeux
élèves du plaisir qu’ils avaient jadis à
crayonner tout ce qui leur passait par la
tête et aussi par les yeux.
A ce jeu froid et régulier, à cette maus-
sade répétition de cubes froids et impassibles,
constituant maintes méthodes d’enseigne-


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