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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 7.1928/​1929

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No. 10 (Juillet 1929)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43077#0270
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En dehors de l’analyse sévère de l’ombre
qu’il a su partager en ombres secondaires, il
y a celle de la lumière qui partage le même
jeu avec par-dessus cette atmosphère intime,
cette lumière unanime qui glisse et tourne
enveloppante. Il voit par synthèse, car il a su
accrocher ce pouce de lumière qui se joue au
travers des courbes décoratives de la panse,
lumière descendue perpendiculairement du
col du cruchon. Il sait aussi que ce pot n’est
pas seul, qu’il se détache d’une muraille
grise très sombre dans le bas ; que la lumière
caressante s’en est allée se reposer sur le mur.
Donc l’élève a regardé ici dans le tas.
Il n’a vu que le jeu audacieux des courbes
sur la panse du cruchon et la lumière qui s’y
accroche. Tout l’effort d’ombre est subor-
donné à l’éclat de ce pouce de lumière. Il a
cligné des yeux.
Je retrouve encore une autre note à ce
sujet. « En général, les élèves représentent
les objets par quelques lignes sur un fond
invariablement blanc. Cependant les choses
« sont » par les choses qui les environnent.
Il est impossible de les en séparer. Elles
reflètent les unes sur les autres. Elles baignent
donc dans une même atmosphère qu’il faut
savoir rendre par opposition d’ombres et de
lumières, par plans successifs, par l’analyse
de cette lumière, par l’analyse de cette ombre
pour arriver au volume, au poids qui carac-
térise chaque chose, pour arriver à attraper
cette troisième dimension que l’on ignore en
général dans l’enseignement du dessin de nos
écoles, et qui est l’épaisseur, l’éloignement.
« L’atmosphère », mais c’est tout d’abord
dessiner l’ambiance, c’est dessiner le mur qui
se trouve derrière, le modèle, la planche, la
table,le tapis sur lequel il repose, encore l’objet
qui se trouve devant, derrière, à côté de lui.
C’est mettre toutes ces choses au plan,
c’est-à-dire à leur place, par ordre d’éloigne-
ment en tenant compte évidemment de leur
structure, de leur couleur propre, mais de
façon cependant que le mur qui se trouve
derrière la chaise ne vienne se poser devant
elle comme nous le retrouvons trop souvent
dans les premiers dessins d’enfants. C’est
montrer encore que cet objet est peint en
noir et verni ; que cet autre modèle est
l’argile ou d’étain.
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Je me rappelle à ce sujet maître Cormon
qui me disait à l’École Nationale des Beaux-
Arts de Paris alors qu’il se frayait un chemin
au travers des chevalets et arrivait à mon
travail, les mains gantées de noir : « C’est
bien ces dos, mais montrez-moi qu’il est
Japonais lui, et l’autre de chez nous » (cro-
quis 15). Il s’agissait de représenter au fusain
des « noirs » et des « blonds ».
« L’atmosphère, mais c’est encore faire


Croquis n° 15
glisser une même lumière sur l’objet à repré-
senter ; c’est savoir passer du point le plus
clair à la tache la plus sombre ; c’est savoir
préparer ce point lumineux en ayant le
courage ou l’habileté à un moment donné
d’étouffer certaines lumières secondaires au
profit de la première. C’est voir le tout à la
fois ; c’est ignorer certains détails; c’est arri-
ver à cette centralisation, à cette unité dans
le travail, dans le « rendu » et qui fait dire :
« comme c’est entier », « comme cela tient ».
Le point essentiel est de savoir s’arrêter à
temps.
Massonet.
 
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