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Madona dei Scalzi à Venise. Tiepolo y avait
représenté la translation de la maison de
Lorette. A la voûte de la « Pieta » rayonne
encore son « Paradis », fresque qui émerveille
par la perfection des raccourcis.
Peut-être est-ce au Palais Archiépiscopal
de Wurzbourg et au Palais Royal de Madrid
que l’art séduisant de Tiepolo s’est le plus
librement exprimé. Dans la gamme cha-
toyante de ses colorations claires il a, agencé
un monde de formes avec une déconcertante
audace. Mais au Palais Labbia à Venise, il a
peint sur les murailles d’un grand salon
d’apparat des épisodes de l’histoire d’An-
toine et de Cléopâtre avec un goût que cer-
tains préfèrent...
Et les voûtes de la Villa Reale — entre
Venise et Padoue — les plafonds du Palais
Chierici à Milan, où l’on voit le char du soleil
entouré de divinités, méritent d’être cités
parmi ses œuvres capitales.
La peinture ici reproduite surmonte un
autel dans l’église de Santa Maria del Rosario
(I. Gesuati) à Venise. Elle s’encadre de revê-
tements de marbres précieux.
Avant même d’en considérer le sujet l’œil
est conquis par l’accord ravissant des cou-
leurs distribuées en masses selon des lignes
allongées. C’est un grand tableau blanc, noir
et rose, un rose saumoné rare et exquis varié
dans toutes les notes de sa gamme. Les
blancs sont rompus, crémeux, dorés, les noirs
sont profonds, savoureux. Entre ces deux
valeurs extrêmes, ces nuances de rose si frais,

couleur de pétales de fleurs, circulent comme
des arpèges de harpe mêlés aux sonorités
d’un orchestre.
La Madone est représentée en compagnie
de deux saintes, Sainte Claire et Sainte Rose.
Celle-ci porte sur les bras le divin Bambino.
Une religieuse dominicaine est assise à
l’avant-plan. Le peintre a choisi des saintes
jeunes et charmantes aux doux noms. Les
insignes de leur martyre les parent comme
des diadèmes et des attributs royaux. Sainte
Claire appuyée sur le crucifix dresse sa fine
silhouette dans un mouvement d’une ligne
longue et souple, d’une élégance tout aristo-
cratique.
Gian Battista Tiepolo ne fut pas un peintre
mystique. Il n’eut rien d’un ascète. Sa dévo-
tion est aimable et superficielle. Dans ce
sanctuaire somptueux conçu par l’architecte
Massari pour abriter les élans un peu tièdes
d’une piété mondaine, l’œuvre de l’artiste
met une note juste. Elle est harmonisée à
l’ambiance. .
Le Maître l’a réalisée comme on arrange
dans les églises de Venise d’immenses bou-
quets de fleurs diaprées pour orner les cha-
pelles.
A la voûte de la même église trois fresques
de Tiepolo « L’apparition, de la Vierge à
Saint Dominique, l’Institution de la Fête du
Rosaire et la Gloire de Saint-Dominique en
complètent la brillante parure.
Paul Lambotte.


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