Le C
roguis
n est vrai
qu
au contact
de 1
a vie
LE croquis est nécessaire aux métiers,
est utile aux études. Il est la syn-
thèse représentative des choses. Il
veut la ligne-mouvement pour la
figure humaine, la recherche du volume dans
tout le reste. Il doit être simple, en blanc et
noir, en lumière et en ombre.
Toute cette étude est basée sur l’observa-
tion de l’ensemble, des grands solides d’abord;
de la mesure des surfaces, des lignes et du
point pour finir. Je l’ai voulu ainsi, allant
« pédagogiquement » du concret (le volume)
à l’abstrait (le point) et réagissant contre
l’absurde méthode que j’ai malheureusement
subie comme la plupart de mon âge, qui était
de nous faire suer sur toutes espèces de points
à différentes échelles — à l’aide d’encres
différentes, de crayons et de porte-plumes
différents ; puis de passer à des lignes et
encore et toujours à des lignes droites, brisées,
penchées à droite, penchées à gauche -
l’énorme bêtise s’achevant péniblement dans
une atmosphère d’ennui et de ridicule pau-
vreté.
A présent, c’est le solide qui ouvre la
marche avec son poids, son volume, sa vie
bien définie et possible — traînant derrière
lui surfaces et lignes, pour finir par le point,
l’abstraction (c. q. f. d.).
Le croquis ne sera réellement vivant qu’au
contact de la vie.
Alors que la France depuis de longues
années déjà emploie le cinématographe pour
l’enseignement du croquis dans certains éta-
blissements d’enseignement d’arts et métiers
de Paris, nous révélant à l’Exposition des
Arts Décoratifs en 1925 des résultats vrai-
ment surprenants, quoiqu’en
définitive, ce ne soit là que
la copie « d’images » vivantes,
mais provoquée dans une at-
mosphère nou velle et sans
cesse en mouvement.
Il y a loin, comme vous le
voyez, du plâtre à la vie en
mouvement ; de la chose figée
à l'image vivante, encore de
l’analyse réfléchie à l’action
spontanée du maître qui diri-
ge et enthousiasme. Loin de
lui, à présent, l’observation
lente et calme du modèle à
reproduire. Cette maîtrise
assurée et divinement calcu-
lée doit faire place à un à pro-
pos— à une observation aiguë
et immédiate, à des comman-
des réflexes, dirais-je, confor-
mes aux gestes neufs et im-
prévus que réserve le film.
Le mouvement des chevaux du Derby
d’Epsom de Géricault a vécu, comme les
Croquis de J. Dillens,
du livre Julien Dillens,
statuaire,
par Jule- Potvin.
226
roguis
n est vrai
qu
au contact
de 1
a vie
LE croquis est nécessaire aux métiers,
est utile aux études. Il est la syn-
thèse représentative des choses. Il
veut la ligne-mouvement pour la
figure humaine, la recherche du volume dans
tout le reste. Il doit être simple, en blanc et
noir, en lumière et en ombre.
Toute cette étude est basée sur l’observa-
tion de l’ensemble, des grands solides d’abord;
de la mesure des surfaces, des lignes et du
point pour finir. Je l’ai voulu ainsi, allant
« pédagogiquement » du concret (le volume)
à l’abstrait (le point) et réagissant contre
l’absurde méthode que j’ai malheureusement
subie comme la plupart de mon âge, qui était
de nous faire suer sur toutes espèces de points
à différentes échelles — à l’aide d’encres
différentes, de crayons et de porte-plumes
différents ; puis de passer à des lignes et
encore et toujours à des lignes droites, brisées,
penchées à droite, penchées à gauche -
l’énorme bêtise s’achevant péniblement dans
une atmosphère d’ennui et de ridicule pau-
vreté.
A présent, c’est le solide qui ouvre la
marche avec son poids, son volume, sa vie
bien définie et possible — traînant derrière
lui surfaces et lignes, pour finir par le point,
l’abstraction (c. q. f. d.).
Le croquis ne sera réellement vivant qu’au
contact de la vie.
Alors que la France depuis de longues
années déjà emploie le cinématographe pour
l’enseignement du croquis dans certains éta-
blissements d’enseignement d’arts et métiers
de Paris, nous révélant à l’Exposition des
Arts Décoratifs en 1925 des résultats vrai-
ment surprenants, quoiqu’en
définitive, ce ne soit là que
la copie « d’images » vivantes,
mais provoquée dans une at-
mosphère nou velle et sans
cesse en mouvement.
Il y a loin, comme vous le
voyez, du plâtre à la vie en
mouvement ; de la chose figée
à l'image vivante, encore de
l’analyse réfléchie à l’action
spontanée du maître qui diri-
ge et enthousiasme. Loin de
lui, à présent, l’observation
lente et calme du modèle à
reproduire. Cette maîtrise
assurée et divinement calcu-
lée doit faire place à un à pro-
pos— à une observation aiguë
et immédiate, à des comman-
des réflexes, dirais-je, confor-
mes aux gestes neufs et im-
prévus que réserve le film.
Le mouvement des chevaux du Derby
d’Epsom de Géricault a vécu, comme les
Croquis de J. Dillens,
du livre Julien Dillens,
statuaire,
par Jule- Potvin.
226