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https://doi.org/10.11588/diglit.8285#0229
Des plus pameux Peintres, m
te charmantes n'ont point allez d'ame ni de chaleur pour Xt-—
f \ r n. • r • Nicolas
émouvoir le lpectateur: on ne peut înlpirer aux autres ce ,*
MlGNARD.
Cjiie l'on ne fent pas foi-même. Une chofe finguiière en lui
etoit d'avoir toujours peint de la main gauche, &. de tirer
fort adroitement dé la même main à la chalTe. Tout ce qui
s'ofFroit à fes yeux digne de remarque , étoit recueilli fur des
tablettes qu'il groflifioit chaque jour, & il rentroit rarement
chez lui fans avoir fait quelque récolte. Sa femme lui voyant
un jour les mains vuides au retour de la chalTe , lui demanda
où étoit fon gibier : J'en apporte , dit-il, d'une nature a le dif-
■puter à tout ce qu'il y a de meilleur au mondes il ouvrit fes ta-
blettes , ôc montra plufieurs feuilles remplies de très-excel-
lentes études. C'eft ainfi qu'il étendoit pour les Amateurs
la carrière des beaux Arts & la fphere de leurs plaifirs.
Ses defiTeins font peu connus & apparemment confondus
avec ceux de fon frère. Ce que l'on voit de plus confidéra-
ble de fa main à Avignon eh: une galerie , où il a repré-
fenté en pluheurs morceaux le Roman de Théagene & de
Chariclée,
Le Palais des Tuileries à Paris efl plein de fes ouvrages.
On voit au plafond de la chambre du Roi dans un grand
ovale un Ciel ouvert, où Apollon repréfentant le Soleil eft
affis fur des nuages 5 il a fa lyre dans les mains, & les quatre
Saifons dans l'éloignement tiennent fes chevaux. Aux deux
côtés du même plafond fur un fond d'or ce Dieu armé d'un
arc tire fur des Cyclopes 5 de l'autre côté il exerce avec Diane
fa vengeance fur les enfans de Niobé. Le fupplice de Mar-
fyas fe voit fur les panneaux de l'alcove, & le plafond repré-
fente la nuit fous la figure d'une femme enveloppée d'une
draperie femée d'étoiles 5 elle tient deux enfans endormis en-
tre fes bras. Dans le cabinet fuivant, Apollon y paroît te-
nant d'une main fa lyre , & de l'autre il répand des couronnes
de laurier fur les trois Mufes de la Poëfie , de la Peinture ôc
de la Mufique. Les payfages au-deflùs des portes de ce ca-
binet font, l'un le lever du Soleil, & fur le devant on voit
la fleur du Girafol qui regarde fans celTe le Soleil 5 l'autre
payfage repréfente fon coucher. Il y a fur le devant un man-
teau de couleur pourpre avec du fang répandu, d'où naît une
Heur violette, pour exprimer que c'eft le fang de l'infortuné
Dd ij
te charmantes n'ont point allez d'ame ni de chaleur pour Xt-—
f \ r n. • r • Nicolas
émouvoir le lpectateur: on ne peut înlpirer aux autres ce ,*
MlGNARD.
Cjiie l'on ne fent pas foi-même. Une chofe finguiière en lui
etoit d'avoir toujours peint de la main gauche, &. de tirer
fort adroitement dé la même main à la chalTe. Tout ce qui
s'ofFroit à fes yeux digne de remarque , étoit recueilli fur des
tablettes qu'il groflifioit chaque jour, & il rentroit rarement
chez lui fans avoir fait quelque récolte. Sa femme lui voyant
un jour les mains vuides au retour de la chalTe , lui demanda
où étoit fon gibier : J'en apporte , dit-il, d'une nature a le dif-
■puter à tout ce qu'il y a de meilleur au mondes il ouvrit fes ta-
blettes , ôc montra plufieurs feuilles remplies de très-excel-
lentes études. C'eft ainfi qu'il étendoit pour les Amateurs
la carrière des beaux Arts & la fphere de leurs plaifirs.
Ses defiTeins font peu connus & apparemment confondus
avec ceux de fon frère. Ce que l'on voit de plus confidéra-
ble de fa main à Avignon eh: une galerie , où il a repré-
fenté en pluheurs morceaux le Roman de Théagene & de
Chariclée,
Le Palais des Tuileries à Paris efl plein de fes ouvrages.
On voit au plafond de la chambre du Roi dans un grand
ovale un Ciel ouvert, où Apollon repréfentant le Soleil eft
affis fur des nuages 5 il a fa lyre dans les mains, & les quatre
Saifons dans l'éloignement tiennent fes chevaux. Aux deux
côtés du même plafond fur un fond d'or ce Dieu armé d'un
arc tire fur des Cyclopes 5 de l'autre côté il exerce avec Diane
fa vengeance fur les enfans de Niobé. Le fupplice de Mar-
fyas fe voit fur les panneaux de l'alcove, & le plafond repré-
fente la nuit fous la figure d'une femme enveloppée d'une
draperie femée d'étoiles 5 elle tient deux enfans endormis en-
tre fes bras. Dans le cabinet fuivant, Apollon y paroît te-
nant d'une main fa lyre , & de l'autre il répand des couronnes
de laurier fur les trois Mufes de la Poëfie , de la Peinture ôc
de la Mufique. Les payfages au-deflùs des portes de ce ca-
binet font, l'un le lever du Soleil, & fur le devant on voit
la fleur du Girafol qui regarde fans celTe le Soleil 5 l'autre
payfage repréfente fon coucher. Il y a fur le devant un man-
teau de couleur pourpre avec du fang répandu, d'où naît une
Heur violette, pour exprimer que c'eft le fang de l'infortuné
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