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De Dietsche warande: tijdschrift voor kunst en Zedegeschiedenis — 3.Ser. 1.1887-1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.24587#0130

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NEDERLANDSCHE LETTEREN IN FRANKRIJK. 123

Je suis du Nord, Monsieur, et de plus je suis flamand ; c’est
vous dire que je parle une langue qui est aux antipodes du
provencal. C'est pourquoi je viens vous demander respectueuse-
ment la permission de vous faire remarquer, que le Nord produit
autres choses que de l'orge, du ble et de l’avoine. II produit
encore Fhuile que donnent l’oeillette et le colza, le lin qui fournit
Ia toile, la betterave dont on extrait du Sucre, le houblon dont
on fait la biere, la houille qui anime les machines de l’industrie.
Ce n’est pas tout, Monsieur; le Nord produit aussi des fleurs et
la Poesie.

Les expositions florales du Nord sont renommees, et sa poesie
flamande ou neerlandaise a ete cultivee, et l’est encore, par des
poetes dont le nom passera ä la posterite.

II y aura bientöt vingt ans, j’eus l’honneur d’assister ä Amsterdam
ä l’inauguration de la Statue de Vondel, le plus grand des poetes
de la Hollande, et j’y ai entendu une cantate d’un de mes amis
en Fhonneur de la Poesie :

<c ö Poesie! La oft tu passes, les lys et les roses s'epanouissent
« en arc-en-ciel, et leurs partums raniment ies cceurs; tu precedes
« la beaute qui triomphe de tout et arrete la respiration sur nos
« levres, tandis que nous suivons humblement ses pas. — « Lorsque
« la harpe de Vondel resonne au loin par les villes et les campagnes,
« Ia nuit disparait et le jour brille dans tout son eclat, et alors l’Eden,
« si longlemps perdu, est retrouve. — « ö Poesie, image benie des
« esprits celestes, tant que tu vis, la part de Ia terre est encore belle I »

N’est-ce pas ainsi que vous aussi, Monsieur, vous comprenez
la poesie?

Dans votre magnifiqne poeme de Mireille, vous avez chante
la fidelite dans l’amour. Des chants, festes longtemps populaires
en Flandre, ont celebre le meme Sentiment : « Une jeune Alle se
« levait le matin de bonne heure, et s’en allait sous les tilleuls
<c pour attendre son amant, et son amant ne venait pas. — « Un
« jour, un cavalier s’approche d’elle et lui dit : « Mon enfant que
« faites-vous ici toute seule? Venez-vous compter ces arbres verts
« ou cueillir ces fleurs? » — « Non, je ne viens pas compter
« ces arbres verts ni cueillir ces fleurs; j’ai perdu mon bien-aime, et
« je ne puis en apprendre aucune nouvelle. » — « Si vous ne pouvez
« en apprendre aucune nouvelle, moi, je vais vous en dire. II est
« dans la Zelande, et il aime plusieurs jolies femmes. » — « Si
« ce que vous dites est vrai, que le ciel repande ses benedictions
« sur lui et sur toutes les jolies femmes qui l’entourent. » —
« « Qu'est-ce que le Chevalier tire de dessous son manteau ? Une
« belle chaine d’or. — « Voyez, dit-il, je vous la donnerai si
« vous ne voulez plus penser ä votre amour. » — « Quand cette
« chaine d’or serait assez grande pour pouvoir toucher ä la fois
« la terre et le ciel, j’aimerais mieux ne pas Favoir que de songer
« ä un autre amour. ».
 
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