310 VINGT ANS D'ACTION FRANÇAISE
je suis républicain. Pendant un moment, cependant,
nous attendîmes tout de l'Action Française. Nous
l'aurions accepté.
— Et maintenant? lui dis-je.
Il fit signe que c'était fini. Les mouvements nés de
la guerre furent pour l'Action Française la dernière
occasion qu'elle eut de combler l'espoir du pays.
Un de mes jeunes amis qui servait dans les chars
me contait comment, au premier mai suivant, ses
camarades n'attendaient que les nouvelles des échauf-
fourées de Paris pour descendre. Comme il m'en fai-
sait le vivant tableau :
— Quel malheur, dis-je, que l'Action Française n'ait
pas su manier cette force-là !
Il me dit :
— C'était si facile !
Je n'ai jamais dirigé notre action. Ce que je discer-
nais à cet égard ne pouvait avoir d'effet qu'à condi-
tion de passer par d'autres.
Je ne cessais d'avertir Maurras que ses commen-
taires touchant l'esprit du combattant manquaient
le but. Avec plus de retenue que les autres, ce qu'il
écrivait ne différait pas en somme du commun pro-
pos patriote. Le soldat en concevait un peu moins
d'impatience, mais n'y prenait pas plus d'intérêt.
Plateau eût pu l'instruire ; mais il ne s'en souciait
pas. Valois comprit à fond la cause. Dans son U/ieaaf
de Troie il l'a parfaitement expliquée. Cela, je ne sais
comment, passait inaperçu. Pujo, qui avait fait la
campagne comme simple soldat, devait avoir puisé
dans le commerce des hommes une information qui
ne servit pas plus. Un moment je crus qu'il songeait
à une action de ce côté. Une grosse somme, qu'il me
demanda pour l'organisation des anciens combat-
tants, m'en donna l'espoir, tôt rompu, car au bout
de peu de jours je le vis me la rapporter.
Depuis la mort, de Vaugeois, en pareille occurrence
je suis républicain. Pendant un moment, cependant,
nous attendîmes tout de l'Action Française. Nous
l'aurions accepté.
— Et maintenant? lui dis-je.
Il fit signe que c'était fini. Les mouvements nés de
la guerre furent pour l'Action Française la dernière
occasion qu'elle eut de combler l'espoir du pays.
Un de mes jeunes amis qui servait dans les chars
me contait comment, au premier mai suivant, ses
camarades n'attendaient que les nouvelles des échauf-
fourées de Paris pour descendre. Comme il m'en fai-
sait le vivant tableau :
— Quel malheur, dis-je, que l'Action Française n'ait
pas su manier cette force-là !
Il me dit :
— C'était si facile !
Je n'ai jamais dirigé notre action. Ce que je discer-
nais à cet égard ne pouvait avoir d'effet qu'à condi-
tion de passer par d'autres.
Je ne cessais d'avertir Maurras que ses commen-
taires touchant l'esprit du combattant manquaient
le but. Avec plus de retenue que les autres, ce qu'il
écrivait ne différait pas en somme du commun pro-
pos patriote. Le soldat en concevait un peu moins
d'impatience, mais n'y prenait pas plus d'intérêt.
Plateau eût pu l'instruire ; mais il ne s'en souciait
pas. Valois comprit à fond la cause. Dans son U/ieaaf
de Troie il l'a parfaitement expliquée. Cela, je ne sais
comment, passait inaperçu. Pujo, qui avait fait la
campagne comme simple soldat, devait avoir puisé
dans le commerce des hommes une information qui
ne servit pas plus. Un moment je crus qu'il songeait
à une action de ce côté. Une grosse somme, qu'il me
demanda pour l'organisation des anciens combat-
tants, m'en donna l'espoir, tôt rompu, car au bout
de peu de jours je le vis me la rapporter.
Depuis la mort, de Vaugeois, en pareille occurrence