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FONTAINEBLEAU
qui traitaient avec lui se le rendaient favorable par des
présents de tableaux. Léon X, en signant le Concordat,
lui envoya la Notre-Dame de Raphaël, la république de
Venise des antiques. La Flandre aussi se mettait en mou-
vement.
Ceux qui se figurent que le goût des ouvrages d’Italie
fut une superstition chez ce prince ne pourront qu’être
étonnés d’apprendre qu’il recherchait les œuvres des peintres
des Pays-Bas, avec si peu de préjugé contre leurs genres
originaux, que dans les achats qu’il fit paraissent des drôleries
dans le genre de Bosch et de Breughel. Mieux encore, l’un
des deux ou trois peintres qui furent les plus employés du
règne tirait de là son origine.
Il se nomme Jean Clouet, et on l’appelait Janet. Il pra-
tiquait le portrait et peignit toute la cour, soit en tableaux
à l’huile, devenus rares, soit dans des crayons, dont il n’y
a pas moins de cent vingt-cinq aux collections de Chantilly.
Ce grand nombre, joint à ce que d’autres produisaient à
son imitation, atteste dans la cour de France, par cet empres-
sement à se faire peindre, un essor singulier de la vie de
société, puisqu’il suppose le goût de se rappeler ses amis, de
s’entretenir de leur figure, de ramener sur eux l’entretien.
Tout le monde a entendu parler d’un recueil de ces
crayons que Mme de Boisy, femme du grand maître, avait
fait tirer ou dessinés elle-même, et auquel le roi, qui feuilleta
ce recueil dans une visite qu’il lui rendit, aurait ajouté des
devises. Ces circonstances sont fabuleuses, mais le recueil
est une réalité. On le voit à la bibliothèque d’Aix. Assurément
les devises qui se lisent sous chaque portrait ne sont pas de
la main du roi, et il n’y a pas de raison de croire que Mme de
Boisy ait possédé l’album. Il a manqué à ceux qui en ont
parlé de savoir que quantité d’autres recueils, pareils à
celui-là sauf les devises, ont existé et subsistent encore,
commandés en ce temps-là par les gentilshommes. L’art
FONTAINEBLEAU
qui traitaient avec lui se le rendaient favorable par des
présents de tableaux. Léon X, en signant le Concordat,
lui envoya la Notre-Dame de Raphaël, la république de
Venise des antiques. La Flandre aussi se mettait en mou-
vement.
Ceux qui se figurent que le goût des ouvrages d’Italie
fut une superstition chez ce prince ne pourront qu’être
étonnés d’apprendre qu’il recherchait les œuvres des peintres
des Pays-Bas, avec si peu de préjugé contre leurs genres
originaux, que dans les achats qu’il fit paraissent des drôleries
dans le genre de Bosch et de Breughel. Mieux encore, l’un
des deux ou trois peintres qui furent les plus employés du
règne tirait de là son origine.
Il se nomme Jean Clouet, et on l’appelait Janet. Il pra-
tiquait le portrait et peignit toute la cour, soit en tableaux
à l’huile, devenus rares, soit dans des crayons, dont il n’y
a pas moins de cent vingt-cinq aux collections de Chantilly.
Ce grand nombre, joint à ce que d’autres produisaient à
son imitation, atteste dans la cour de France, par cet empres-
sement à se faire peindre, un essor singulier de la vie de
société, puisqu’il suppose le goût de se rappeler ses amis, de
s’entretenir de leur figure, de ramener sur eux l’entretien.
Tout le monde a entendu parler d’un recueil de ces
crayons que Mme de Boisy, femme du grand maître, avait
fait tirer ou dessinés elle-même, et auquel le roi, qui feuilleta
ce recueil dans une visite qu’il lui rendit, aurait ajouté des
devises. Ces circonstances sont fabuleuses, mais le recueil
est une réalité. On le voit à la bibliothèque d’Aix. Assurément
les devises qui se lisent sous chaque portrait ne sont pas de
la main du roi, et il n’y a pas de raison de croire que Mme de
Boisy ait possédé l’album. Il a manqué à ceux qui en ont
parlé de savoir que quantité d’autres recueils, pareils à
celui-là sauf les devises, ont existé et subsistent encore,
commandés en ce temps-là par les gentilshommes. L’art