LA COUR DE FRANÇOIS
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défendit au comte de Saint-Paul son cadet. Mais ce n’est
pas vrai, car dans le récit que Monluc fait du conseil tenu
avant la bataille de Cerisoles, Saint-Paul donne du monsieur
au roi toutes les fois qu’il s’adresse à lui.
Les nobles ne portaient pas leurs titres. On disait monsieur
simplement, qu’on écrivait encore quelquefois monseigneur^
et qui marquait la seigneurie de la terre dont le nom suit :
monsieur d’Huban, monsieur de Tallart. Madame exprimait
le partage de cette seigneurie avec l’épouse, et mademoiselle
souvent aussi. Ce terme ne désignait pas les filles, qui en
général, sauf le cas de dernière de leur lignée, n’avaient pas
de terre. Les gentilshommes avaient un patronyme, devant
lequel seulement le prénom était d’usage. Biaise de Rabutin
était monsieur d’Huban. Bernardin de Clermont était
monsieur de Tallart. Ceux qui écrivent aujourd’hui Louis de
Condé pour désigner Louis de Bourbon prince de Condé,
Claude de Guise pour Claude de Lorraine duc de Guise,
donnent à ces princes des noms qu’ils n’ont jamais portés.
Le patronyme du mari n’était pas donné à l’épouse,
ni le nom de la terre aux enfants. Gilberte, fille de M. d’Hu-
ban, n’était ni Mlle d’Huban, ce qui eût fait d’elle la femme
de ce gentilhomme, ni Gilberte d’Huban; Françoise, fille
de M. de Tallart, n’était ni Mlle de Tallart, ni Françoise de
Tallart; Gilberte de Rabutin, Françoise de Clermont étaient
leurs seuls noms réguliers. Comme on ne laissait pas cepen-
dant, en les nommant, de vouloir rappeler le nom de leur
père, on enjambait toutes règles héraldiques en usant de ce
nom sans plus, disant : Huban, Tallart, Bonneval, Monchenu
et le reste.
La cour était emplie de jeunes filles ainsi nommées au
bas des portraits, dans les Mémoires, où l’on cherche à
tort des intentions : plusieurs ayant cru que cet usage
supposait la familiarité, quand il n’est qu’une manière de
ménager le blason en s’exprimant de façon commode.
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défendit au comte de Saint-Paul son cadet. Mais ce n’est
pas vrai, car dans le récit que Monluc fait du conseil tenu
avant la bataille de Cerisoles, Saint-Paul donne du monsieur
au roi toutes les fois qu’il s’adresse à lui.
Les nobles ne portaient pas leurs titres. On disait monsieur
simplement, qu’on écrivait encore quelquefois monseigneur^
et qui marquait la seigneurie de la terre dont le nom suit :
monsieur d’Huban, monsieur de Tallart. Madame exprimait
le partage de cette seigneurie avec l’épouse, et mademoiselle
souvent aussi. Ce terme ne désignait pas les filles, qui en
général, sauf le cas de dernière de leur lignée, n’avaient pas
de terre. Les gentilshommes avaient un patronyme, devant
lequel seulement le prénom était d’usage. Biaise de Rabutin
était monsieur d’Huban. Bernardin de Clermont était
monsieur de Tallart. Ceux qui écrivent aujourd’hui Louis de
Condé pour désigner Louis de Bourbon prince de Condé,
Claude de Guise pour Claude de Lorraine duc de Guise,
donnent à ces princes des noms qu’ils n’ont jamais portés.
Le patronyme du mari n’était pas donné à l’épouse,
ni le nom de la terre aux enfants. Gilberte, fille de M. d’Hu-
ban, n’était ni Mlle d’Huban, ce qui eût fait d’elle la femme
de ce gentilhomme, ni Gilberte d’Huban; Françoise, fille
de M. de Tallart, n’était ni Mlle de Tallart, ni Françoise de
Tallart; Gilberte de Rabutin, Françoise de Clermont étaient
leurs seuls noms réguliers. Comme on ne laissait pas cepen-
dant, en les nommant, de vouloir rappeler le nom de leur
père, on enjambait toutes règles héraldiques en usant de ce
nom sans plus, disant : Huban, Tallart, Bonneval, Monchenu
et le reste.
La cour était emplie de jeunes filles ainsi nommées au
bas des portraits, dans les Mémoires, où l’on cherche à
tort des intentions : plusieurs ayant cru que cet usage
supposait la familiarité, quand il n’est qu’une manière de
ménager le blason en s’exprimant de façon commode.