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FONTAINEBLEAU
Un concert de musique y accueillit l’empereur, après quoi,
trompettes sonnant et tambours battant, il fit son entrée
au château. Le roi l’attendait dans la galerie.
On avait depuis peu agrandi le château.
Au bout de la terrasse donnant sur la Basse-cour, on
avait chargé le rez-de-chaussée de deux étages qui formaient
le pavillon des Poêles, nommé ainsi de ceux qu’on y mit,
à la mode d’Allemagne (disent les vieilles descriptions),
sans doute par égard pour Charles-Quint, car là fut son
appartement, qu’il fallut chauffer, car c’était en décembre.
Tout cet appareil veut être imaginé au sein d’un paysage
d’hiver, quand les bois dépouillés se font plus majestueux,
et que le soleil plus bas pénètre au fond des salles, dont il
faisait briller les ors et les peintures. Au milieu de la cour
de la Fontaine, une grande colonne ornée et dorée jetait
à son sommet des flammes dont s’éclairait la nuit, tôt venue
en cette saison, et, par différents orifices ménagés dans son
piédestal, versait des ruisseaux de vin et d’eau pure.
Tous les plaisirs qui se peuvent inventer et que le château
rendait faciles firent du peu de jours passés à Fontainebleau
un enchantement continuel. Tout y fut offert avec art à
l’admiration de l’empereur : les soupers magnifiques, les
tournois, les feux d’artifice, le déploiement des chasses
somptueuses, les combats à pied et à cheval, les entretiens
galants, l’érudition gracieuse, la beauté des femmes relevée
du bon goût de leurs ajustements, et parmi tout cela la
personne du roi, telle que la dépeint l’Arétin, de manière
à rendre jaloux tous les princes de l’Europe.
Quel! affabilità, que lia dolce^pa,
Quel largo andar, quella galanteria
E quella chiara e nobil allegre^pa...
Quel parlar con ognun, chè sempre usate.
« Cette affabilité, cette douceur, cette démarche superbe
FONTAINEBLEAU
Un concert de musique y accueillit l’empereur, après quoi,
trompettes sonnant et tambours battant, il fit son entrée
au château. Le roi l’attendait dans la galerie.
On avait depuis peu agrandi le château.
Au bout de la terrasse donnant sur la Basse-cour, on
avait chargé le rez-de-chaussée de deux étages qui formaient
le pavillon des Poêles, nommé ainsi de ceux qu’on y mit,
à la mode d’Allemagne (disent les vieilles descriptions),
sans doute par égard pour Charles-Quint, car là fut son
appartement, qu’il fallut chauffer, car c’était en décembre.
Tout cet appareil veut être imaginé au sein d’un paysage
d’hiver, quand les bois dépouillés se font plus majestueux,
et que le soleil plus bas pénètre au fond des salles, dont il
faisait briller les ors et les peintures. Au milieu de la cour
de la Fontaine, une grande colonne ornée et dorée jetait
à son sommet des flammes dont s’éclairait la nuit, tôt venue
en cette saison, et, par différents orifices ménagés dans son
piédestal, versait des ruisseaux de vin et d’eau pure.
Tous les plaisirs qui se peuvent inventer et que le château
rendait faciles firent du peu de jours passés à Fontainebleau
un enchantement continuel. Tout y fut offert avec art à
l’admiration de l’empereur : les soupers magnifiques, les
tournois, les feux d’artifice, le déploiement des chasses
somptueuses, les combats à pied et à cheval, les entretiens
galants, l’érudition gracieuse, la beauté des femmes relevée
du bon goût de leurs ajustements, et parmi tout cela la
personne du roi, telle que la dépeint l’Arétin, de manière
à rendre jaloux tous les princes de l’Europe.
Quel! affabilità, que lia dolce^pa,
Quel largo andar, quella galanteria
E quella chiara e nobil allegre^pa...
Quel parlar con ognun, chè sempre usate.
« Cette affabilité, cette douceur, cette démarche superbe