DESCRIPTION DES VASES.
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enveloppée dans un ample manteau. Une de ses esclaves1 lui présente un
panier9 d'une forme élégante, dans lequel sont les laines dont elle forme des
tissus, et dont elle fait des broderies. Cette espèce de corbeille se voit souvent
sur les vases peints3. Dans plusieurs compositions elle indique que la scène se
passe dans un gynaecée, c'est-à-dire dans l'appartement des femmes4. Il peut
être regardé, sur les vases peints, comme un symbole de la vigilance avec
laquelle les femmes doivent surveiller les travaux domestiques, et des soins
qu'elles doivent donner a leur ménage5.
PLANCHE V.
Le joli vase sur lequel on remarque ces peintures appartient à sa Majesté
l'Impératrice6. Les deux groupes que nous voyons sont séparés, et chacun
décore un des côtés.
Le premier représente Bacchus avec le caractère de la jeunesse molle et
efféminée, que les poètes et les artistes sont convenus de lui donner. La partie
supérieure du corps est nue, tout le reste est couvert par sa chlamyde. Il est
couronné avec grâce du lierre qui lui est consacré, et il porte un long thyrse
au bout duquel la même plante forme une touffe élégante. Une de ses sui-
volume de cet ouvrage nous fera voir un modeleur
assis sur un vase qu'il a fabriqué. On fait aussi à la
Chine de grands vases qui n'ont d'autre usage que de
servir de siège.
(i) Cette esclave est du nombre de celles que les Ro-
mains appelloient Quasillariœ, et dont l'emploi étoit
de travailler la laine. Voyez Burman, in Propert., IV,
ix, 49.
(1) Cette corbeille se nommoit en grec râlaQoç, ta-
laros, du mot rctAâcnoç, qui désignoit la laine que l'on
donnoit à travailler comme une tâche. Un curieux bas-
relief, qui a été trouvé à Rome dans le forum de Nerva,
représente tous les détails du travail de la laine que les
Grecs appeloientraXasioirçyia, et les Romains lanificium.
Ce monument a été gravé par Rocchegiani, Raccolta di
bassirilievi, pi. XXXVII, XLIII : on y voit peser, dis-
tribuer, et travailler la laine. Ces corbeilles ont reçu
le nom de kccXocOoç, calathus, à cause des branches de
bois flexibles, kcîAov, dont elles étoient faites. Le cala-
thus étoit donc ordinairement de roseaux ou de ba-
guettes légères. Voyez mon Dict. des beaux Arts au
mot calathus. Il étoit consacré à Minerve, parcequ'on
attribuoit à cette déesse l'invention des ouvrages en
laine. Lorsque le luxe eut fait des progrès, on imita en
lames de métal les petites baguettes des calathus, et on
les appela calathi rasiles. Ovid. , ep. IX, 75. Le mot ar-
gentum rasile, Vell. Paterc.,11, 56, signifioit de l'ar-
gent en lames. Boettiger, t^asen-Gemœlide, III, 43.
1.
(3) D'Hancarville, III, 65; Tischbein, I, 10, II,
58; Passeri, I, pi. XXVIII, LXXXV. On en verra aussi
plusieurs dans cette collection.
(4) Le calathus a cette désignation sur les bas-reliefs
qui représentent Achille découvert parmi les filles de
Lycomède. Winckelmann, Monum. ined., vignette,
p. i5; Mus.Pio Clem., V, 17 ; et dans ceux sur lesquels
on voit le nom des filles de Niobé. Id., IV, 36.
(5) C'est pour cela que le calathus s'offroit en pré-
sent aux femmes. Philostrat. Junior. Imag., I. L'usage
du calathus antique a été rétabli de nos jours : beau-
coup de femmes ont remplacé les sacs à ouvrage par
d'élégantes corbeilles de métal ou d'osier artistement
brodé avec de la chenille: celui qu'on voit ici est d'une
forme agréable. Le mot calathus a aussi désigné une
corbeille à mettre des fleurs. Virg. , Eclog., II, 56. C'est
pourquoi on le voit sur quelques monuments qui re-
présentent l'enlèvement de Proserpine. Mus. Capitol.,
IV, 55. La corbeille que cette déesse laissa tomber alors
étoit représentée par le grand calathus que l'on pro-
menoit le quatrième jour des mystères d'Eleusis. On
fait aujourd'hui des vases à mettre des fleurs en métal
et en porcelaine qui imitent exactement la forme du
calathus, et ce nom devroit leur être imposé.
(6) Il est dans son cabinet d'antiquités de Malmaison.
Sa forme est gravée sur la même planche. Il a 4 pouces
6 lignes de haut, et 5 pouces dans son grand diamètre;
c'est un vase de Nola.
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enveloppée dans un ample manteau. Une de ses esclaves1 lui présente un
panier9 d'une forme élégante, dans lequel sont les laines dont elle forme des
tissus, et dont elle fait des broderies. Cette espèce de corbeille se voit souvent
sur les vases peints3. Dans plusieurs compositions elle indique que la scène se
passe dans un gynaecée, c'est-à-dire dans l'appartement des femmes4. Il peut
être regardé, sur les vases peints, comme un symbole de la vigilance avec
laquelle les femmes doivent surveiller les travaux domestiques, et des soins
qu'elles doivent donner a leur ménage5.
PLANCHE V.
Le joli vase sur lequel on remarque ces peintures appartient à sa Majesté
l'Impératrice6. Les deux groupes que nous voyons sont séparés, et chacun
décore un des côtés.
Le premier représente Bacchus avec le caractère de la jeunesse molle et
efféminée, que les poètes et les artistes sont convenus de lui donner. La partie
supérieure du corps est nue, tout le reste est couvert par sa chlamyde. Il est
couronné avec grâce du lierre qui lui est consacré, et il porte un long thyrse
au bout duquel la même plante forme une touffe élégante. Une de ses sui-
volume de cet ouvrage nous fera voir un modeleur
assis sur un vase qu'il a fabriqué. On fait aussi à la
Chine de grands vases qui n'ont d'autre usage que de
servir de siège.
(i) Cette esclave est du nombre de celles que les Ro-
mains appelloient Quasillariœ, et dont l'emploi étoit
de travailler la laine. Voyez Burman, in Propert., IV,
ix, 49.
(1) Cette corbeille se nommoit en grec râlaQoç, ta-
laros, du mot rctAâcnoç, qui désignoit la laine que l'on
donnoit à travailler comme une tâche. Un curieux bas-
relief, qui a été trouvé à Rome dans le forum de Nerva,
représente tous les détails du travail de la laine que les
Grecs appeloientraXasioirçyia, et les Romains lanificium.
Ce monument a été gravé par Rocchegiani, Raccolta di
bassirilievi, pi. XXXVII, XLIII : on y voit peser, dis-
tribuer, et travailler la laine. Ces corbeilles ont reçu
le nom de kccXocOoç, calathus, à cause des branches de
bois flexibles, kcîAov, dont elles étoient faites. Le cala-
thus étoit donc ordinairement de roseaux ou de ba-
guettes légères. Voyez mon Dict. des beaux Arts au
mot calathus. Il étoit consacré à Minerve, parcequ'on
attribuoit à cette déesse l'invention des ouvrages en
laine. Lorsque le luxe eut fait des progrès, on imita en
lames de métal les petites baguettes des calathus, et on
les appela calathi rasiles. Ovid. , ep. IX, 75. Le mot ar-
gentum rasile, Vell. Paterc.,11, 56, signifioit de l'ar-
gent en lames. Boettiger, t^asen-Gemœlide, III, 43.
1.
(3) D'Hancarville, III, 65; Tischbein, I, 10, II,
58; Passeri, I, pi. XXVIII, LXXXV. On en verra aussi
plusieurs dans cette collection.
(4) Le calathus a cette désignation sur les bas-reliefs
qui représentent Achille découvert parmi les filles de
Lycomède. Winckelmann, Monum. ined., vignette,
p. i5; Mus.Pio Clem., V, 17 ; et dans ceux sur lesquels
on voit le nom des filles de Niobé. Id., IV, 36.
(5) C'est pour cela que le calathus s'offroit en pré-
sent aux femmes. Philostrat. Junior. Imag., I. L'usage
du calathus antique a été rétabli de nos jours : beau-
coup de femmes ont remplacé les sacs à ouvrage par
d'élégantes corbeilles de métal ou d'osier artistement
brodé avec de la chenille: celui qu'on voit ici est d'une
forme agréable. Le mot calathus a aussi désigné une
corbeille à mettre des fleurs. Virg. , Eclog., II, 56. C'est
pourquoi on le voit sur quelques monuments qui re-
présentent l'enlèvement de Proserpine. Mus. Capitol.,
IV, 55. La corbeille que cette déesse laissa tomber alors
étoit représentée par le grand calathus que l'on pro-
menoit le quatrième jour des mystères d'Eleusis. On
fait aujourd'hui des vases à mettre des fleurs en métal
et en porcelaine qui imitent exactement la forme du
calathus, et ce nom devroit leur être imposé.
(6) Il est dans son cabinet d'antiquités de Malmaison.
Sa forme est gravée sur la même planche. Il a 4 pouces
6 lignes de haut, et 5 pouces dans son grand diamètre;
c'est un vase de Nola.
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