VASES PEINTS DE LA GRÈCE PROPRE. 3
tions relativement récentes de la Pouille et de la Calabre. Une assertion
aussi étrange étonne de la part d'un des hommes qui ont le mieux
connu l'antiquité.
Le problème est difficile. Il est évident que les types des vases italo-
grecs et ceux des vases grecs1 sont souvent identiques-, que les sujets
représentés sont les mêmes, que les procédés d'exécution n'offrent que
peu de différences. On remarquera que ces observations s'appliquent
aussi aux médailles, qui cependant n'étaient pas frappées dans un atelier
unique, mais sans cloute aucun dans un grand nombre de villes. L'uni-
formité des sujets peut s'expliquer par l'identité de croyances communes
aux villes grecques. Un procédé une fois découvert dut se répandre
rapidement; les artistes, du reste, passaient sans cesse des métropoles
dans les colonies; les relations étaient continuelles entre tous les États
.helléniques. On n'a qu'à voir aujourd'hui, dans le Levant, avec quelle
facilité les calques, en apparence si imparfaits, entreprennent des voyages
de long cours. Le bateau grec fut de bonne heure suffisant pour les tra-
versées qui nous paraîtraient imprudentes. L'archéologie démontre chaque
jour davantage combien les échanges furent fréquents entre les cités hel-
léniques de l'Italie', du Pont-Euxin, de la côte asiatique et de toute la
mer intérieure. Si la similitude des procédés et l'identité des sujets
ne peut être un argument, on pensera que l'analyse des terres doit
donner des renseignements précis. Cette analyse est délicate; les résul-
tats auxquels on arrive, lors môme qu'on s'applique avec soin, ne sau-
raient toujours nous satisfaire. Dans un.même pays, la différence des
terres est souvent sensible: le degré de cuisson, les moindres change-
ments dans le détail de la fabrication peuvent induire en erreur. Il est
probable qu'avec le temps cette étude chimique permettra d'arriver à
des conclusions précises; mais cet examen, malgré les efforts de M. le
duc de Luynes, n'a encore été tenté que d'une façon très-imparfaite. Dans
ces conditions, il ne reste à l'archéologie qu'un parti à prendre : recueillir
en Grèce et en Italie les signatures d'artistes, constater celles qui sont
communes aux deux pays.
Jusqu'à ces dernières années, nous possédions une riche série de
signatures lues sur des vases qui avaient été découverts en Italie; nous
n'avions que quelques noms conservés par des poteries d'origine grecque.
Plusieurs archéologues émirent l'opinion que les fabricants d'Italie mul-
tipliaient les signatures pour tromper les acheteurs et donner à leurs pro-
1. Par vases italo-grecs j'entends les vases découverts en Italie, quel que soil le
pays ou ils aient été fabriques ; par vases grecs, les vases trouvés dans la Grèce
propre.
tions relativement récentes de la Pouille et de la Calabre. Une assertion
aussi étrange étonne de la part d'un des hommes qui ont le mieux
connu l'antiquité.
Le problème est difficile. Il est évident que les types des vases italo-
grecs et ceux des vases grecs1 sont souvent identiques-, que les sujets
représentés sont les mêmes, que les procédés d'exécution n'offrent que
peu de différences. On remarquera que ces observations s'appliquent
aussi aux médailles, qui cependant n'étaient pas frappées dans un atelier
unique, mais sans cloute aucun dans un grand nombre de villes. L'uni-
formité des sujets peut s'expliquer par l'identité de croyances communes
aux villes grecques. Un procédé une fois découvert dut se répandre
rapidement; les artistes, du reste, passaient sans cesse des métropoles
dans les colonies; les relations étaient continuelles entre tous les États
.helléniques. On n'a qu'à voir aujourd'hui, dans le Levant, avec quelle
facilité les calques, en apparence si imparfaits, entreprennent des voyages
de long cours. Le bateau grec fut de bonne heure suffisant pour les tra-
versées qui nous paraîtraient imprudentes. L'archéologie démontre chaque
jour davantage combien les échanges furent fréquents entre les cités hel-
léniques de l'Italie', du Pont-Euxin, de la côte asiatique et de toute la
mer intérieure. Si la similitude des procédés et l'identité des sujets
ne peut être un argument, on pensera que l'analyse des terres doit
donner des renseignements précis. Cette analyse est délicate; les résul-
tats auxquels on arrive, lors môme qu'on s'applique avec soin, ne sau-
raient toujours nous satisfaire. Dans un.même pays, la différence des
terres est souvent sensible: le degré de cuisson, les moindres change-
ments dans le détail de la fabrication peuvent induire en erreur. Il est
probable qu'avec le temps cette étude chimique permettra d'arriver à
des conclusions précises; mais cet examen, malgré les efforts de M. le
duc de Luynes, n'a encore été tenté que d'une façon très-imparfaite. Dans
ces conditions, il ne reste à l'archéologie qu'un parti à prendre : recueillir
en Grèce et en Italie les signatures d'artistes, constater celles qui sont
communes aux deux pays.
Jusqu'à ces dernières années, nous possédions une riche série de
signatures lues sur des vases qui avaient été découverts en Italie; nous
n'avions que quelques noms conservés par des poteries d'origine grecque.
Plusieurs archéologues émirent l'opinion que les fabricants d'Italie mul-
tipliaient les signatures pour tromper les acheteurs et donner à leurs pro-
1. Par vases italo-grecs j'entends les vases découverts en Italie, quel que soil le
pays ou ils aient été fabriques ; par vases grecs, les vases trouvés dans la Grèce
propre.