DE LA GRECE PROPRE. 19
II serait injuste d'insister sur ces critiques. On ne peut, du reste, lire
ces deux ouvrages sans voir à chaque page combien sont encore difficiles
et nombreuses toutes les questions relatives aux vases grecs; mais on
voit aussi que peu de sujets, promettant à l'archéologue plus d'heureuses
découvertes, sont mieux faits pour le passionner.
Ce qui importe tout d'abord, c'est de classer les céramiques, d'attri-
buer à chaque pays les vases qui lui sont propres, et ici tout est à faire.
On connaît bien les vases dits de Corinthe, les lécylhus blancs d'Athènes,
les vases à couverte grise et à dessin d'un noir brillant qui se trouvent
un peu partout, les amphores panathénaïques, les vases très-anciens de
Milo, de Santorin et. des Cyclades; les poteries noires d'Egine; mais
aucun savant n'a une idée quelque peu sérieuse des céramiques du
Péloponèse. Les vases de Béolie, recueillis aujourd'hui dans les collec-
tions privées, se comptent par centaines; ils ont des caractères origi-
naux reconnaissables à première vue; des sujets particuliers les dé
corent; je ne sache pas cependant que ces vases aient fait l'objet d'un
mémoire de quelques pages. Les coupes de Mégare ont à peine été
signalées; il en est de même de la céramique commune de Phalère. Il
serait facile d'étendre cette liste, si nous parlions des vases de com-
merce, de Rhodes, de Thasos, de Cnide, du Pont-Euxin. La définition
précise des céramiques est la base de toutes les études de ce genre, et,
ici, il est évident qu'à l'exemple de M. le duc de Luynes l'analyse chi-
mique doit être appelée à notre secours, qu'elle doit s'aider de l'étude
faite au microscope. Ce qu'il faut ensuite c'est arriver à bien connaître
les monuments qui se trouvent juxtaposés dans les mêmes fouilles. Il
est déplorable que les découvertes en Grèce soient depuis si longtemps
livrées au hasard, qu'on ne sache rien d'exact sur chaque trouvaille.
Par eux-mêmes, les trois quarts des vases n'ont aucune valeur; presque
tous sont précieux quand on sait à quelle place ils ont été découverts.
La distinction des époques, pour les céramiques de la Grèce propre,
— si l'on excepte quelques grandes divisions, — est, à bien des égards,
une suite d'hypothèses. Des observations bien faites, des journaux de
fouilles aussi nombreux qu'il sera possible, lui permettront seuls de
sortir de l'incertitude à laquelle elle est, jusqu'ici, restée condamnée.
Une fois ces préoccupations toutes matérielles devenues inutiles par
le progrès de la science, aucune partie des études archéologiques n'of-
frira à l'histoire plus de sujets intéressants que la céramographie de la
Grèce propre. Il suffit, pour s'en convaincre, d'ouvrir les recueils de
MM. Benndorf et Heydemann. Sans parler de la mythologie, des idées
des anciens sur la mort, les vases sont Y illustration de la vie privée et
3.
II serait injuste d'insister sur ces critiques. On ne peut, du reste, lire
ces deux ouvrages sans voir à chaque page combien sont encore difficiles
et nombreuses toutes les questions relatives aux vases grecs; mais on
voit aussi que peu de sujets, promettant à l'archéologue plus d'heureuses
découvertes, sont mieux faits pour le passionner.
Ce qui importe tout d'abord, c'est de classer les céramiques, d'attri-
buer à chaque pays les vases qui lui sont propres, et ici tout est à faire.
On connaît bien les vases dits de Corinthe, les lécylhus blancs d'Athènes,
les vases à couverte grise et à dessin d'un noir brillant qui se trouvent
un peu partout, les amphores panathénaïques, les vases très-anciens de
Milo, de Santorin et. des Cyclades; les poteries noires d'Egine; mais
aucun savant n'a une idée quelque peu sérieuse des céramiques du
Péloponèse. Les vases de Béolie, recueillis aujourd'hui dans les collec-
tions privées, se comptent par centaines; ils ont des caractères origi-
naux reconnaissables à première vue; des sujets particuliers les dé
corent; je ne sache pas cependant que ces vases aient fait l'objet d'un
mémoire de quelques pages. Les coupes de Mégare ont à peine été
signalées; il en est de même de la céramique commune de Phalère. Il
serait facile d'étendre cette liste, si nous parlions des vases de com-
merce, de Rhodes, de Thasos, de Cnide, du Pont-Euxin. La définition
précise des céramiques est la base de toutes les études de ce genre, et,
ici, il est évident qu'à l'exemple de M. le duc de Luynes l'analyse chi-
mique doit être appelée à notre secours, qu'elle doit s'aider de l'étude
faite au microscope. Ce qu'il faut ensuite c'est arriver à bien connaître
les monuments qui se trouvent juxtaposés dans les mêmes fouilles. Il
est déplorable que les découvertes en Grèce soient depuis si longtemps
livrées au hasard, qu'on ne sache rien d'exact sur chaque trouvaille.
Par eux-mêmes, les trois quarts des vases n'ont aucune valeur; presque
tous sont précieux quand on sait à quelle place ils ont été découverts.
La distinction des époques, pour les céramiques de la Grèce propre,
— si l'on excepte quelques grandes divisions, — est, à bien des égards,
une suite d'hypothèses. Des observations bien faites, des journaux de
fouilles aussi nombreux qu'il sera possible, lui permettront seuls de
sortir de l'incertitude à laquelle elle est, jusqu'ici, restée condamnée.
Une fois ces préoccupations toutes matérielles devenues inutiles par
le progrès de la science, aucune partie des études archéologiques n'of-
frira à l'histoire plus de sujets intéressants que la céramographie de la
Grèce propre. Il suffit, pour s'en convaincre, d'ouvrir les recueils de
MM. Benndorf et Heydemann. Sans parler de la mythologie, des idées
des anciens sur la mort, les vases sont Y illustration de la vie privée et
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