Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

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INFLUENCE ORIENTALE.

Le clou -Vao; paraît partout dans Homère; les épées, les couteaux, <p*<7-
yocva, les sièges, les sceptres, sont àpyupôiriXoi ou ont des clous d'or. Les
coupes mêmes reçoivent des clous : £pu<j«'otç •JîXoioi 7cfeTcapj«vov. C'est

la preuve que l'art de fondre et de souder les métaux est tout au moins
encore imparfait. Le témoignage d'Homère est d'accord avec un certain
nombre d'objets précieux où il est visible que la soudure est tout à
fait insuffisante et qu'il a fallu recourir à des moyens moins savants.
Homère cependant parle d'un merveilleux ouvrier qui coule l'or au-
tour de l'argent, ypjGov TOpi^'^Tx-, àpyupw; il s'agit d'un cratère d'argent
dont les lèvres sont décorées d'or (i). (Salzmann, Camiros, pl. 2.)

Le procédé ordinaire pour décorer les armes et les meubles est l'ap-
plique ou l'incrustation ; on fixe, ordinairement dans ou sur le bois, du
métal, de l'ivoire, de l'ambre. C'est ainsi qu'Ulysse décore son lit, (pie
sont ornés les sièges, les tables, les épées, les couteaux. Cette forme de
l'art paraît avoir été une des premières que les Grecs employèrent pour
représenter des scènes figurées; à défaut d'objets conservés dans les
collections, nous pourrions du moins rappeler le coffre de Cypselus,
que décrit Pausanias (2).

Homère appelle les cratères et les lébés de métal àvQepiEVTs;. il ne se
fût pas servi d'une autre expression s'il eût voulu désigner toute une
série de vases grecs de style oriental qui sont décorés de rosaces,
de feuilles et de boutons de lotus. En général, les grands récipients de
bronze d'une époque reculée que possèdent nos musées, à côté des
fleurs, portent des animaux asiatiques, mais ce n'est pas une raison pour
refuser d'admettre que les cratères homériques aient été surtout ornés
des fleurs de l'Orient; la connaissance que nous avons du développement
de ce style nous permet de prendre l'adjectif KvSepEiç dans le sens propre,
au lieu de ne voir dans ce mot qu'une métaphore pour indiquer la
beauté luxuriante.

Les formes de vases citées par Homère répondent à l'idée que nous

(1) //., XI, 633. Od., VI, 232; IV, 615. Voy. p. 141, bijoux lydiens; à Mycènes, bijoux
asiatiques coulés : bijoux décorés de figures géométriques, travaillés souvent au repoussé.

(2) On sait l'usage qu'ont fait de l'inscrustation les Assyriens. Des ivoires de Nimroud étaient
décorés de pièces de verre. Des morceaux d'argent, d'or, d'ivoire étaient incrustés dans les
montants d'un trône de bronze qni vient de Van, à Londres. Épées de .Mycènes, p. 156.