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Dumont, Albert; Chaplain, Jules
Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.6356#0173

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[56 INFLUENCE ORIENTALE.

lion de grandes œuvres incrustées ou en relief, comme sont le bou-
clier d'Achille et celui d'Hercule. La part de l'imagination y est très
grande; Homère a vu des boucliers ornés de figures, des objets relevés
d'or, d'ivoire, d'étain, d'argent; d'après ces données, il a composé un
vaste ensemble décoratif qui n'a jamais existé que dans ses poèmes (i).
Nous y remarquons la facilité des créations, l'abondance et la variété
des détails, qui bientôt se retrouvera dans une œuvre réelle, le coffre
de Cypsélus; la composition et la symétrie qui sera une des lois de l'art
grec ; l'habitude d'emprunter des sujets à la nature, à la vie réelle, à
celle des hommes les plus simples comme aux exploits des chefs : par là
le génie grec annonce combien il différera de celui de l'Orient ; il en
accepte l'industrie, déjà il se fait de l'art une idée que l'Asie et l'Egypte
n'ont jamais connue (2).

(1) Voir à ce sujet le chapitre où M. Murray a recomposé le bouclier d'Achille en em-
pruntant aux coupes phéniciennes, aux monuments de l'Assyrie et de l'Egypte les scènes
mêmes que décrit l'Iliade. Ilistory of greek sculpture, 1880, p. fi. Après tant d'éludés sur
l'art homérique en général et sur le bouclier d'Achille en particulier, M. Murray fait des
remarques très simples qui avaient échappé à ses prédécesseurs : toutefois nous croyons
qu'il ne faut pas exagérer l'influence qu'a pu avoir sur la poésie homérique tel ou tel monu-
ment do l'art oriental; les rapprochements les plus ingénieux ne sauraient nous faire illu-
sion; l'influence ici est toute générale, la suivre dans le détail serait le plus souvent un
contre-sens. On no doit pas oublier non plus, quand on étudie les rapports du symbolisme
chez les Orientaux et chez les Grecs d'après les produits de l'industrie et les monuments de
l'art, combien la poésie est antérieure à la plastique; le jour où le premier artiste un peu
habile a modelé une figure ou tracé un tableau, il n'a fait que réaliser dans le marbre ou par
la peinture des œuvres qui étaient depuis longtemps déjà arrêtées et parfaites dans l'esprit
du peuple grec. Voici, pourdonner un exemple, la Chimère; quelques archéologues disent que
les intailles qui représentent grossièrement un lion et une chèvre, ou des œuvres phéniciennes
qui reproduisaient un groupe semblable et qui étaient mal comprises, ont donné aux Grecs
l'idée de cet animal fantastique : il est décrit par Homère, VI, 178 ; il faudrait donc démon-
trer qu'avant le x° siècle les Grecs avaient vu ces intailles ; mais le nom même de la Chimère,
cette divinité de l'orage, de l'hiver et de la foudre, désigne aussi en grec une chèvre, ^([/.aippt.
Il y a là un rapprochement de mots où les mythologues trouvent naturellement l'explication
du double caractère de chèvre et de lion donné à la fille de Typhon et d'Échidna.

(2) Helbig, Sopra lo scudo d'Achille, Annali, 1882; Milchhœfer, ouv. cité, p. 146, et parmi les
ouvrages plus anciens, qui sont très nombreux, surtout Brunn, Die Kunsl bel H orner. Je n'ai
pas vu les épées de Mycènes depuis que M. Ath. Koumanoudis y a découvert des sujets
incrustés ; d'après les dessins, ces figures ne sont pas purement grecques et rappellent le
style égyptien. On se hâterait beaucoup, croyons-nous, en admettant sans un examen de
détail, que ce procédé d'incrustation suffit à expliquer la facture du bouclier, Àôvîva'.ov, IX,
 
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