Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

INFLUENCE ORIENTALE.

157

Il est naturel de chercher dans les comparaisons qu'Homère mul-
tiplie, et qui sont autant de tableaux, si nous trouvons quelques tra-
ces des scènes que représentait l'industrie orientale. Il est possible que
la peinture du lion saisissant sa proie et des combats d'animaux ait été
inspirée dans une certaine mesure par les ivoires et les bronzes phéni-
ciens; mais dans les vers d'Homère, le sentiment de la réalité et de la
vie dépasse de beaucoup de pareils modèles ; puis quand nous prouve-
rions qu'il a vraiment dû quelques images aux Orientaux, combien en
est-il qui ne sont qu'à lui et à sa race. La plastique grecque n'existe pas,
mais les chants des Grecs montrent déjà tous les caractères qui lui
seront propres. Qu'on relise à ce point de vue les comparaisons homéri-
ques : ce sont autant de tableaux pris directement de la nature, emprun-
tés à toutes les situations, aux plus simples et aux plus nobles, nettement
marqués sans que le détail soit trop accentué, saisissants parce qu'ils
sont simples et qu'on y voit seulement ce qui est essentiel. Ce qui
est vrai des comparaisons l'est de toute la poésie homérique : durant
cette époque de préparation, les qualités de la race se précisent et
préludent au grand développement de la sculpture et de la peinture.
Non seulement l'esprit sait voir ce qui l'environne, non seulement la
poésie présente des images où les proportions sont parfaites, mais le
sentiment de l'art, tel que la Grèce l'a compris, est partout profond.
Il v a dans Homère une modération, une mesure, une habitude de tout
ramener à un idéal conçu d'après la plus haute idée qu'on se puisse
faire de la nature humaine, une passion de la gloire, une recherche du
grand et du beau, qui seront les qualités maîtresses de l'art grec. Quand
on lit l'Iliade, on y voit déjà des costumes, des armes, des usages que
la Grèce va conserver pour toujours. Beaucoup d'œuvres figurées des
époques suivantes peuvent être commentées dans le détail par des vers
du poète; mais nous devons aller bien au delà de ces ressemblances.
Malgré l'enfance de toute industrie, malgré la domination du commerce
étranger, malgré la pauvreté du peuple qui vit de ses troupeaux, nous

p. 162, Mitth. d. deut. inst. in Athen, VII, p. 241. S'il est démontré que ces figures sont égyp-
tiennes, il y aura lieu de rechercher si ces épées n'appartiennent pas à une époque antérieure
à la conquête de laPhénicie par l'Assyrie et au premier style oriental de la Phénicie.