Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

COFFRE DE GYPSÉLUS.

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II

La sculpture en Grèce ne commence guère avant le vie siècle. Les
premières statues d'athlètes qui soient mentionnées, en bois de cyprès
ou de figuier, celle de Milon dont les pieds n'étaient pas séparés,
les métopes de Sélinonte, ne sont pas antérieures à la lc olympiade
(58o-5y7). Il en est de môme des monnaies; il en est bien peu qu'on
puisse croire plus anciennes que cette date. Dès le ixc siècle cependant,
les traditions des Grecs avaient trouvé une forme précise dans la poésie
homérique; la plupart des sujets que l'art de la grande époque devait
traiter étaient arrêtés ou allaient l'être par les autres poètes cycliques. La
fin de la poésie cyclique coïncide avec les débuts de la plastique et de la
peinture. Durant cette très longue période qui est celle de la grande
poésie épitpie, l'art grec n'a à sa disposition cpie des moyens secondaires ;
il s'essaye cependant, lui aussi, à reproduire les sujets que chantent les
poètes. Il sculpte le bois; il l'incruste d'ivoire et d'or : nous le savons
par des témoignages positifs; nous pouvons aussi démontrer qu'il peint
les vases. Ainsi, il y a toute une époque, qui dure plus de deux cents
années, où la principale forme de l'art, la plus populaire et la plus
répandue, est une sorte d'imagerie sur bois et sur terre cuite, qui illustre
la religion et l'histoire. Cette imagerie est née directement de la poésie
épique qui seule l'explique ; elle a ensuite beaucoup donné aux sculpteurs
et aux peintres ; elle sert de transition entre le temps où les Grecs ne con-
naissaient que l'industrie orientale et celui où le grand art s'est produit.

Nous venons de voir sur les vases de Milo le premier essai de la figure
humaine traitée à la manière grecque. Une de ces œuvres de bois sculpté,
le coffre de Cypsélus, que Pausanias vit vers l'année ij4 après notre
ère à Olympie, va nous montrer ce qu'étaient ces compositions (i).
Rien ne ressemble plus complètement aux vases que nous étudions en
ce moment. On l'a souvent remarqué, mais peut-être n'y a-t-on pas assez

(1) [Paus.. V, 17-20. Cf. Hérodote, V, 92, i; Dio Chrysost. Oral., XI, 45.]