Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

Wi DÉVELOPPEMENT DE LA PEINTURE

nages. Telle est tout d'abord la procession des dieux qui se rendent aux
noces de Thétis. Tout l'Olympe vient assister à cette fête, les grands
dieux dans sept quadriges, les Heures, les Muses, les Parques, l'Océan
et Vulcain. Thétis, assise sous un portique d'ordre dorique, attend les
invités que Pélée va recevoir et que précède le centaure Chiron. La
seconde zone se compose de deux tableaux : le premier a pour sujet
Achille poursuivant Troïlos, scène qui permet de représenter et de
nommer les personnages les plus illustres de Troie, Priam, Hector,
Anténor; dans l'autre, c'est Héphaistos ramené au milieu des divi-
nités de l'Olympe par Dionysos et les Silènes. La troisième zone es)
décorée de combats d'animaux. Le col a deux registres : sur le pre-
mier l'artiste a peint les jeux aux funérailles de Patrocle, le combat
des Centaures et des Lapithes ; sur le second, la chasse du sanglier
de Calydon, Thésée et le Minotaure. Tous ces épisodes comportent
un très grand nombre de personnages. A côté de Thésée et du Mino-
taure l'artiste a représenté les Athéniens et les Athéniennes qui vont
être délivrés, une foule de jeunes gens et de jeunes filles qui tous ont
un nom. Enfin le pied et les anses sont ornés de figures; sur le pied on
voit le combat des Pygmées contre les Grues; sur chaque anse Ajax
portant le corps d'Achille, l'Artémis persique et un personnage ailé à
figure hideuse, <$66o; ou AstjAoç.

L'Artémis persique, les animaux se dévorant entre eux, deux griffons
et deux sphinx des deux côtés d'une palmette qui remplace l'arbre
sacré des Assyriens, montrent l'influence orientale encore très forte; la
décoration orientale que le peintre a imitée est celle que les Perses et
leurs tributaires d'Asie-Mineure et de Syrie faisaient connaître aux Grecs.
Les robes que portent un grand nombre de personnages, Thésée, les
Parques, les Heures, sont des étoffes asiatiques; on y reconnaît des
zones d'animaux ailés entre des bandes de palmettes, de fleurs et de
boutons de lotus. Nous avons là sous les yeux les broderies de Chypre,
de Phénicic et de Carthage, dont nous avons eu occasion de parler et
qui étaient célèbres clans l'antiquité (i). L'homme qui nage près du

(1) [Voy. le passage cité d'Aristote sur le costume d'Alkisthénès de Sybaris, orné de brode-
ries avec des zones d'animaux, p. 109 et note i. Cf. Athénée, XII, p. 541 B.]