Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

A FIGURES NOIRES.

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[Ici s'arrête le manuscrit do M. Dumont. Nous avons expliqué, dans Y Introduction,
les motifs qui nous ont déterminé à ne pas compléter davantage son travail et à laisser
de côté toute l'histoire de la céramique à figures rouges. Nous nous contenterons de
renvoyer aux Mélanges archéologiques du tome second et aux ouvrages d'ensemble qui
traitent de cette période, comme la préface d'O. Jahn au Catalogue des vases de Munich,
l'Étude sur les vases peints de M. de Witte (recueil d'articles sur le Musée Campana
publiés dans la Gazette des Beaux-Arts, 1864-1866), YEuphronios de M. Klein (2e édi-
tion, Yienne, 1886), Die jûngeren attischen Vasen de M. Winter, la Céramique grecque
de MM. Rayet et Collignon (pour paraître en 1888).]

antérieure aux guerres médiques. On suppose que ces bases servaient de supports à de grands
Mises, consacrés par les donateurs sur l'Acropole. En outre, dans les remblais de terre qui
ont été accumulés au temps de Cimon, après les guerres médiques, près de l'emplacement
de l'ancien Parthénon brûlé par les Perses, on a recueilli en grand nombre des fragments de
poteries parmi lesquels on reconnaît des peintures à figures rouges du style de Hicron et des
anses de coupes portant la signature de cet artiste [Mittheilungen des dent. Instituts, 1887,
p. 1 12 : Studniczka, /. c, p. 164). Ces précieux documents sont venus confirmer d'une façon
positive ce que l'on soupçonnait déjà d'après quelques fragments à figures rouges signalés
autrefois par Hoss sur le même emplacement (0. Jabn, Vasensamml. zu Mùnchen, Einleit.,
p. clxxiv; Klein. Euphronios, 2e édit., p. 56, et vignette, p. 52) : c'est que l'invention de la
technique à figures rouges remonte à une époque antérieure aux guerres médiques, peut-
être même à la fin du vie siècle. Epiktétos et les peintres qui ont pratiqué les deux systèmes
à figures noires et à figures rouges doivent être placés dans une période voisine de Clisthènes
(vers 510 av. J.-G.); il s'en suit que tout le groupe des peintres qui les précèdent et qui n'ont
connu que le système des vases à figures noires doit être contemporain des Pisistratides.
C'est dire qu'on arrive à reculer de trente à quarante ans les dates qu'on avait admises
jusqu'à présent. Il faut modifier dans ce sens la chronologie proposée dans les chapitres
qui précèdent.

M. Studniczka a tiré de ces faits d'intéressantes conclusions pour les noms d'éphèbes à la
mode qu'on lit sur les vases signés à figures rouges. Le beau Léagros, l'ami d'Euphronios,
ne serait autre que celui qui mourut stratège vers 467 et dont parle Hérodote (IX, 75).
Glaukon est le fils de Léagros et exerçait un commandement au début de la guerre du Pélo-
ponnèse, d'après Thucydide (I, 51). Panaitios, dont le nom revient souvent sur des coupes
d'Euphronios et de Douris, est peut-être un des glorieux combattants de Salamine (cf. Stud-
niczka, /. c, p. 161). On pourrait voir dans une coupe polychrome, qui porte le nom d"AAxi-
Stdor,;/.x'/.o;, une allusion au célèbre général athénien; sur un fragment de vase à figures
noires est gravé le nom de Xanthippe, fils d'Arriphron et père de Périclès (Ibid., p. 161). On
voit de quelle importance sont ces faits nouveaux pour la chronologie des vases et quelle
base de raisonnement solide ils substituent à l'incertitude qui régnait encore dans ces ma-
tières. — E. P.]