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Dumont, Albert; Chaplain, Jules
Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.6356#0383

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CHOIX DE VASES

physionomie de tel personnage qu'il désigne par une inscription? Dans quel monde
réel ou imaginaire l'a-t-il placé? Quel grain de vérité historique a-t-il entendu conser-
ver, tout en faisant la part la plus large à l'invention? M. Comparetti a résolu ces
questions, en ce qui regarde Sapho, avec beaucoup de délicatesse. La Sapho que nous
représente l'hydrie d'Athènes est l'image convenue et idéale de la prêtresse lesbienne,
telle que l'imaginaient les artistes attiques du v° siècle. La réalité historique y occupe
fort peu de place. La légende de Sapho amoureuse et courtisane en est complètement
absente. Si le peintre n'avait pas précisé le sujet en inscrivant le nom de Sapho
au-dessus de la femme assise et en traçant sur le rouleau qu'elle tient une cita-
tion de ses hymnes, nous aurions sous les yeux une de ces scènes de gynécée, si fré-
quentes sur les vases de cette époque, où les femmes se réunissent pour chanter et
faire de la musique (1). C'est ce même modèle, courant dans les ateliers, qui a été
répété ici : l'auteur l'a simplement rajeuni et lui a donné plus de piquant en transfor-
mant en Sapho la femme assise (2). Mais tout le reste a gardé son aspect de convention
idéale. Les noms mêmes qu'on voit auprès des compagnes de Sapho n'ont rien qui rap-
pelle les disciples connues de la grande Lesbienne. Ce sont des noms de femmes libres
athéniennes, tels qu'on les lit sur d'autres vases du même temps (3). C'est donc une
scène de pure invention qui traduit le rôle important de la musique et de la poésie
lyrique dans le monde des femmes athéniennes, en personnifiant ces arts sous une
figure plus symbolique encore qu'historique, celle de Sapho.

Planche VIL

Deux femmes d?'apécs. — Ce joli alabastre, trouvé à Athènes, a été dessiné par
M. Chaplain dans une collection particulière, d'où il a passé dans celle de M. Sabouroif
et en dernier lieu au Musée de Berlin. Haut. 0a,ll5. M. Furtwaengler a publié ce petit
vase dans son ouvrage sur la Collection Sabouroff (4) et il a fait remarquer combien la
technique en est précieuse pour l'histoire de la période de transition entre la céra-
mique à figures noires et celle à figures rouges. L'alabastre tout entier est revêtu d'un
vernis noir brillant, par-dessus lequel les figures ont été peintes en rouge. On sait que
l'usage commun est de réserver les personnages sur la couleur naturelle de l'argile
rougeâtre; ce n'est que dans la période de décadence, qu'on trouve la couleur rouge
rapportée par-dessus le noir (5), et c'est même alors un cas exceptionnel. Ici, nous

(1) Voy. Comparetti, p. 69.

(2) C'est pour cette raison qu'il faut se garder, comme le dit justement] M. Comparetti
(p. 50, note 3), de donner le nom de Sapho aux sujets de ce genre qui n'ont pas d'inscriptions.
Le concept de la scène du gynécée est né le premier, et c'est ensuite qu'on lui a appliqué le
nom de Sapho, d'une façon exceptionnelle et en précisant alors par des inscriptions.

(3) Voy. les vases cités par M. Comparetti, p. 68 [Bull. arch.Nap., nouvelle série, pl. m, i;
Élite céramogr., n, pl. 80; Corp. inscr.gr., 8i50).

(i) Pl. liv, n° 1; Vasensammlung im Antlquarium, n° Î038.

(S) Voy. comme autre exemple à l'époque du style sévère, Furtwaengler, Vasensamml. im
Antiquarium, n° i029.
 
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