Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

DE LA GRÈCE PROPRE.

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d'Érichthonios (1) ; enfin, Aphrodite parait la dernière, sous la figure d'une frêle et
gracieuse jeune fille, sans autre parure que sa beauté, guidant avec ses rênes deux
beaux Eros qui tiennent entre leurs mains des vases à libations. Celle ingénieuse com-
position compte parmi les plus charmants chefs-d'œuvre de la céramique attique.
Elle prend place, avec un caractère tout particulier d'originalité, dans une série très
nombreuse de vase à figures noires et à figures rouges que M"'0 J. Harrison a ana-
lysée, en notant les phases diverses par lesquelles a passé cette représentation et en
montrant ses rapports étroits avec d'autres mythes, comme ceux d'Apollon et d'Hermès
avec, les Charités. Sur les plus anciens spécimens à figures noires, le cortège des dieux
conduit par Hermès arrive à pied et processionnellemenl, la reine de l'Olympe en tète,
Athéné au milieu et Aphrodite en arrière. Paris les reçoit debout; souvent il manifeste
une grande frayeur à leur vue et veut s'enfuir, mais Hermès le retient de force (2).
Sur les vases à figures rouges, Paris est ordinairement assis (3), accompagné de son
troupeau et de son chien; l'ordre hiérarchique de la procession est moins souvent
respecté. On arrive progressivement à une composition d'un caractère théâtral, Paris
assis, en costume asiatique, jetant ses regards sur les déesses groupées autour de lui,
pendant que d'autres divinités placées dans la partie supérieure, Zeus, Artémis.
Apollon, Thémis. etc., président à celte scène (4). Les plus beaux spécimens du groupe
à figures rouges de style sévère sont représentés par les coupes de Hiéron et de
Brygos (o) qu'on peut rapporter à la première moitié du v° siècle. La dernière forme,
où la composition se ressent de l'influence théâtrale et des groupements scéniques (6),
peut dater de la lin du v° et du ivc. C'est entre les deux que je placerais la pyxis de
Copenhague. On reconnaît à certains traits qu'elle appartient à un groupe de transi-
tion. Le style en est encore très pur et voisin du milieu du v" siècle, en particulier
dans les tètes de chevaux ; la procession conserve son ordre hiérarchique comme sur les
spécimens anciens; les vêtements des femmes sont d'une grande simplicité. Mais,
d'autre part, Pâris a déjà échangé la chlamyde et le pétase grec qu'il a sur les vases
de style sévère contre la blouse, les anawrides et le bonnet phrygien qu'il porte sur
les vases de la dernière période. Hermès est imberbe et ses ailes sont fixées au pétase,
tandis qu'il est barbu et a des talonnières ailées sur les vases de style sévère (7).
Pour toutes ces raisons, je verrais dans cette peinture une œuvre qu'on peut placer
dans la seconde moitié du Ve siècle.

(1) Pausanias, i, "24, 7. Cl'. Roscher, Ausfûhrliches Lexikon, p. 1301.

(2) Voy. les vignettes citées comme exemples par M"10 Harrison, op. /., p. 202-203. et
pl. lxx; von Duhn, Arch. Zèitung, 1882, pl. 11, p. 209-214.

(3) On ne cite que trois vases à figures noires portant Paris assis (Harrison, op. L, p. 207 ;
Collignon, op. L, n° 259 ; par contre, on peut signaler certains vases à figures rouges où
s'est conservée l'attitude do Pâris debout (Furtwângler, Collect. Sabouroff, pl. 01 .

(4-) Harrison, op. /., p. 20 4.

(5) Gerhard, Trinkschalen und Gefàsse, i, pl. 11-12 ; Monumenti dell' Insl., 1856, pl. 14. Cette
dernière (cf. Klein, Meistersignaturen, p. 179, n" 3) appartient au Louvre.

(6) Harrison, op. /., p. 204, vignette D et p. 210. Cf. C. Robert, Bild und Lied, p. 4 4- 43.

(7) Cf. E. Poltier, Elude sur les lécythes blancs attiques, p. 127-128.