Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

370

CHOIX DE VASES

Planche XI.

1. Éros volant, tenant une lyre et unephiale. — 2. Hoplite grec. — 3. Ephèbe /di-
sant une offrande. —Les deux premiers vases (haut. 0m,2§ et 0ra,16) appartiennent au
Musée de la Société archéologique d'Athènes (1); le troisième a été dessiné dans une
collection particulière, formée à Corinthe. Les trois sujets n'offrent rien de remar-
quable; les caractères qu'on distingue autour de l'éphèbe ne donnent pas de sens
intelligible et appartiennent probablement à la catégorie nombreuse des simulacres
d'inscriptions; le fruit qu'il tient dans sa main paraît une grenade qu'il va déposer sur
un autel ou une petite stèle figurée à droite. Cette catégorie de vases à fond de terre
bistre ou à couverte blanc jaunâtre, avec des personnages en silbouette noir opaque
ou au trait noir, a été étudiée en détail par M. l)umont,qui le premier l'a distinguée des
lécythes blancs funéraires de l'Altique (2). La dénomination de vases de Locres qu'on
leur a parfois donnée (3) doit être supprimée de l'usage courant, car elle pourrait faire
naître l'idée fausse que ces vases ne se trouvent que dans l'Italie méridionale et y
ont été fabriqués. S'il est vrai que les tombeaux de Locres en ont fourni un grand
nombre (4), il est certain aussi qu'on les trouve partout ailleurs, et en particulier en
Grèce même (o), d'où ils sont probablement originaires. La parenté qu'ils ont avec les
lécythes blancs funéraires indiquerait plutôt l'Altique comme lieu de fabrication. Je
renvoie aux articles de M. Dumont pour l'étude de ce type, en y ajoutant les
réflexions suivantes.

Celte catégorie de vases constitue un groupe de transition très intéressant entre le
système des vases à figures noires et le décor au trait polychrome des lécythes blancs
alliques. On peut démontrer que ceux-ci, tout en subissant l'intluence profonde de la
technique à ligures rouges pour le choix des sujets, pour la liberté et la souplesse du
dessin, pour l'emploi des lignes peintes substituées aux lignes incisées, dérivent cepen-
dant en droite ligne du système à figures noires par une série de lentes modifications
dont on suit toutes les phases. Le plus ancien essai de ce genre remonte probablement
au vi" siècle ; on s'est contenté alors de couvrir le fond rouge de l'argile d'une couverte
blanche, et la technique n'a été en rien changée pour le reste : c'est un groupe qui
om mence aux vases dits evrénéens (6) et qui est en pleine floraison à l'époque de
Nicosthènes : on doit à celui-ci plusieurs œnochoés dans lesquelles les figures

(1) Collignon, Catalogue, nos 371, 398. Le premier est reproduit aussi dans la Céramique
grecque de MM. Rayet et Collignon, p. 215, flg. <S3.

(2) L. Fivel, Gazelle archéologique, 1878, p. 183; voy. les Mélanges arckéologiques du tome
second et ci-dessous la notice de la pl. xxiv.

(3) L. Fivel, l. c; Collignon, op ./., p. 88.

(4) 0. Jahn, Vasensamml. zu Miinchen, Einleit., p. xxxiv et clxxiii.

(5) Collignon, op. /., nos 360-405.

(6) Voy. plus haut p. 293 et sv.