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Dumont, Albert; Chaplain, Jules
Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.6356#0394

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DR LA GRÈCE PROPRE.

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sérieuse de leurs traits, contrastent avec la turbulence et la laideur ordinaire des types
satyriques que l'on rencontre dans les monuments plus anciens : c'est l'époque où l'art
idéalise tout ce qu'il touche. On reconnail ici plusieurs attitudes devenues classiques
dans l'art grec, celle de Chrysis avec un pied posé sur une éminence (1), de Kisso
avec le genou droit soulevé et la main au menton (2), de Silène; couché à plat
ventre et se soulevant sur les deux mains pour regarder la scène (3), de Choro non-
chalamment étendue avec les deux mains levées et croisées sous la tète (4). On sent que
l'artiste s'est inspiré des meilleurs modèles. Lui-même possède au plus haut degré le
sens de la composition et du groupement. Si l'on développe cette peinture sur une sur-
face plane, comme sur notre planche, on se rend compte que toute la scène converge
vers un point central, la danseuse debout et tourbillonnant avec les bras levés; de
chaque côté d'elle se rangent six personnages. Remarquez avec quelle discrétion la
symétrie est indiquée dans les deux femmes debout qui se font pendant à chaque
extrémité, dans le groupe de Dionysos et Komos opposé à celui de Périklyméné et
Anthéià, dans les lignes onduleuses que forment Choro, Naïa, Makariaet Silénos, à la
partie basse du tableau. D'autre part, si l'on examine les ligures sur le vase lui-même,
on constate que, tenant compte de la surface ronde du lécythe, le peintre a agencé
sa composition de façon que le spectateur ait toujours sous les yeux un groupe de
quatre personnages harmonieusement disposés, sans qu'il y ait de lacune ni de trous
dans les intervalles (5). L'indication du terrain, marqué d'une façon très discrète par
une ligne onduléed'un rouge pâle et rehaussée çà et là de plantes et d'herbes, a permis
d'établir différents plans pour y placer les personnages. Cette pointe de réalisme indique
une nouvelle tendance de l'art, qui se développera davantage (6) et qui nous amènera
aux riches compositions des grands vases du iv° siècle, d'un caractère scénique et
théâtral (7).

Quand on se trouve en présence d'un art si sûr et si maître de lui, qui dissimule ses
artifices de symétrie et de composition sous une grâce pleine d'aisance, on songe invo-
lontairement, toute proportion gardée, aux agencements savants des frontons du Par-
thénon et l'on se croit en droit de supposer que l'auteur de ce petit chef-d'a;uvre

(1) Cf. Pottier et Reinach, Nécropole de Myrina, p. 409, et la bibliographie citée; Duemm-
ler, Jahrbuch des deut. Inst., 1887, p. 173.

(2) Voy. Wolters, Gipsabgûsse antik. Bildwerke, n°" 211, 1576.

(3) "Voy. Ausgrabungen :u Olympia,ll, pl. il, 12, 19; IV, pl. 6, 7, 8.

(4) On voit plus ordinairement un seul des bras levé avec la main placée sous la tête. Le
prototype de cette attitude doit appartenir à l'art du V siècle; cf. Furtwaengler, Annali
dell' Inst., 1877, p. 89 et suiv.

(5) On observe le même artifice ingénieux de composition sur quelques-uns des plus
beaux vases blancs de l'Attique, comme je l'ai montré dans mon Elude sur les lécythes blancs
à représentations funéraires, p. 121.

(6) Comparez le lécythe de Cumes (Notizia dei vasi dipinti, pl. 8) et le cratère d'Orvieto,
actuellement au Musée du Louvre {Monumenti dell' Inst., XI, pl. 38-40).

(7) Cf. C. Robert, Bildund Lied, p. 44-45.
 
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