Dumont, Albert; Chaplain, Jules: Les céramiques de la Grèce propre: vases peints et terres cuites (Band 1): Histoire de la peinture des vases grecs depuis les origines jusqu'au Ve siècle avant Jesus-Christ suivie d'un choix de vases peints trouvés en Grèce (Paris, 1888)

DE LA GRÈCE PROPRE.

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trouvés en Béotie (1). Ils méritent à ce titre une attention particulière, car ils présentent
beaucoup d'analogies, pour le style, la technique, la forme et les détails d'ornemen-
tation, avec les vases dits italo-grecs, qu'on a trouvés en grande quantité dans les
nécropoles de la Basilicate et dont on rencontre des spécimens épars dans tout le
monde grec. Ils se distinguent à première vue des vases attribués à la fabrique attique
ordinaire par la couleur de la terre plus jaunâtre, par l'aspect terne de la couleur
noire, par les applications fréquentes de blanc, par la négligence et l'incorrection du
dessin. Les formes sont particulières : les trois principales sont le grand cratère
élancé, avec les anses près de la base et relevées, le cratère plus court et renflé
avec les anses au milieu de la panse et horizontales [oxybaphon, vaso a carnpana,
r/lockenkrater), la petite amphore à large embouchure (pélike) (.2). Plusieurs archéo-
logues ont attribué cette classe de vases à une fabrique spéciale de la Béotie (3). L'exis-
tence de ce groupe béotien n'est rien moins que prouvée, à mon avis. On a des raisons
do croire que la céramique béotienne, dont nous avons des spécimens authentiques
pour l'époque archaïque (4), a été gênée et même arrêtée dans son développement, à
la fin du vi6 siècle, par l'essor merveilleux de la céramique attique. Dès le ve siècle, ce
sont surtout des terres cuites qu'on trouve dans les tombeaux de la Béotie; les vases
peints sont rares et la proximité des frontières attiques suffit à expliquer des importa-
lions fréquentes. C'est le contraire à Athènes; les vases peints se rencontrent en bien
plus grand nombre dans ses nécropoles que les terres cuites. Il est logique de sup-
poser que les industriels des deux pays, pour ne pas se créer une concurrence dange-
reuse et inutile, s'étaient d'eux-mêmes cantonnés dans une spécialité, les Béotiens dans
la fabrication des figurines, les Attiques dans la peinture de vases (o).

Ce qui me fait penser qu'en dépit de leur provenance, nous n'avons aucun
droit d'attribuer ces vases à figures rouges, rehaussés de blanc, à une fabrique
spéciale de la Béotie, c'est que des produits tout à fait semblables se retrouvent
dans toutes les parties du monde grec, d'abord en Grèce même, en Attique (6), à

js il a (1) M. Collignon a rangé le vase de la pl. xvi parmi les produits attiques, mais il n'en

(jgla indique pas la provenance. R est probable que M. Dumont a eu sur ce sujet un renseigne-

ment particulier.

(2) Collignon, Catalogue, pl. II, flg. 45, 49, 16 ; Furtwaengler, Vasensamml. im Antiquar.,
*:J pl. vu, flg. 302; pl. iv, flg. 49, 42.

(3) Dumont, Peint. Céramiq., p. 51 (article reproduit dans les Mélanges de notre tome
P'- ]' second); Collignon, op. /., nos 545 et suiv.; Benndorf, Gr. undSicil. Vasenb., p. 68, pl. 35;

Furtwaengler, op. nos 2932-2936.

(4) Voy. plus haut, p. 287-290.

e, Er»s (5) M. Loeschcke, Arc/t. Zeitung, 1881, p. 32, a refusé d'attribuer aux ateliers béotiens les

Coffl- lécythes à figures noires et à panse renflée (cf. Collignon, op. /., nos 233 et suiv.), en faisanl

même remarquer qu'on les trouve également en Attique, à Rhodes et en Italie. Un art original

e petite béotien au vc siècle lui paraît fort improbable pour la céramique peinte. Voy. ce que nous

avons dit plus haut pour le trépied de Tanagre et la coupe de Thésée, p. 320-321.

(6) Furtwaengler, Antiquarium, nos 2025-2628 ; Collection Sabouroff, pl. 66 ; cf. la pl. 56-57,

„.,< où le blanc est appliqué avec beaucoup de discrétion sur un vase dont la forme et le Style

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