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HISTOIRE D'ÉDOUARD MANET

vifs juxtaposés se donnait libre cours. L'ensemble
était complété par un chat noir, placé sur le lit,
contre la négresse, et faisant le gros dos. C'est-à-
dire qu'on avait un nu pris dans la vie, conçu et
traité de cette façon toute moderne que Manet avait
adoptée définitivement, mais aussi un nu, aux yeux
du public, offensant la pudeur et heurtant toute la
tradition respectée et respectable du grand art. Si
donc avec le Déjeuner sur l'herbe il avait déjà sou-
levé tout le monde contre lui, en portant atteinte au
grand art de la tradition, avec l'Olympia il amenait
un soulèvement encore plus grand, car il récidivait
son attentat. Il l'aggravait, en manquant au respect
que tous voulaient conserver pour ce qui faisait l'es-
sence même du grand art, ce qui en constituait la
part la plus élevée, le nu déclaré idéalisé et main-
tenu dans des formes épurées.
Le nu comme on en concevait alors l'application
était employé au rendu de la fable, de la mythologie
et de l'histoire antique. Il donnait lieu à la produc-
tion de tableaux laborieux. Lorsqu'il s'agissait des
formes féminines, ses apôtres s'abstenaient plus
spécialement de toute étude réelle de la vie, pour se
tenir à des contours venus, par imitation ininter-
rompue, de la renaissance italienne. Il faut aussi se
représenter qu'à cette époque, dans les musées, ce
que l'on appelait la troisième manière de Raphaël
 
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