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LE BON BOCK

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de ne rien peindre de chic, qu'il variait ses modèles,
même pour les figurants de second plan, dont on ne
devait voir qu'un détail de la tète ou une épaule. Il
m'utilisa personnellement, en me prenant une part
du chapeau, une oreille et une joue avec de la barbe.
Cette moitié de visage ne pourrait être aujourd'hui
reconnue et recevoir un nom, mais, au moment où
il la peignait, il trouvait qu'elle animait la scène pour
sa part et qu'elle était très ressemblante.
Il peignit, à peu près dans le même temps que le
Bal de l'Opéra, la Dame aux éventails. C'est encore
là un tableau parisien. La femme qui a posé était
très connue, pour son originalité de caractère et de
visage. Elle est étendue sur un canapé, vêtue d'un
costume de fantaisie, et autour d'elle, sur la muraille,
sont placés des éventails. Dans le Monde nouveau, en
mars 1874, une revue d'art et de littérature dirigée
par Charles Cros, qui n'a eu que trois numéros, a
paru, sous le titre la Parisienne, un bois dessiné
par Manet, gravé par Prunaire, pour lequel avait
posé la même femme peinte comme la Dame aux
éventails.
Manet vit venir vers lui en 1873 le poète Stéphane
Mallarmé. La connaissance conduisit promptement
à une vive amitié. Mallarmé devint un de ses
constants visiteurs. Manet devait illustrer plusieurs
de ses ouvrages, le Corbeau, traduit d'Edgar Poe en
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