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HISTOIRE D'ÉDOUARD MANET

le 30 avril 1883 et fut inhumé au cimetière de
Passy. Son ami M. Antonin Proust fit entendre un
dernier adieu sur sa tombe.
Manet offrait le type du parfait Français. J'ai
entendu Fantin-Latour dire : « Je l'ai mis dans mon
hommage à Delacroix, avec sa tête de Gaulois. »
Les peintres jugent par les yeux, et Fantin de cette
manière jugeait bien. Il était blond, agile, de taille
moyenne, le front s'était découvert de bonne heure.
D'une physionomie ouverte et expressive, aucune
feinte ne lui était possible, la mobilité de ses traits
indiquait immédiatement les sentiments qui l'ani-
maient. Le geste accompagnait chez lui la parole et
une certaine mimique du visage soulignait la pensée.
Il était tout d'impulsion et de saillie. Sa première
vision comme peintre, son premier jugement comme
homme étaient d'une étonnante sûreté. L'intuition
lui révélait ce que la réflexion découvre aux autres.
11 était fort spirituel, ses mots pouvaient être acérés,
et en même temps il laissait voir une grande
bonhomie et, dans certains cas, une véritable
naïveté. Il se montrait extrêmement sensible aux
bons et aux mauvais procédés. Il n'a jamais pu
s'habituer aux insultes dont on l'abreuvait comme
artiste, il en souffrait à la fin de sa vie autant qu'au
premier jour. Il s'emportait d'abord contre ses
détracteurs, quand leurs attaques se produisaient.
 
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