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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 2.1869

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AVENTURES DE M, NUELLAS

CHAPITRE 1

OU M. NUELLAS EST PKIS3ENÏE AU LECTEUR

Assurément, en sautant avec légèreté et satisfaction de la dili-
gence qui Taisait le trajet de Paris à Meudon, M. Nuellas n'avait
pas le moindre soupçon des aventures tragiques dont il devait
bientôt être le héros.

Après avoir remis sa valise et sa caisse à chapeau à sa vieille gou-
vernante Brigitte, qui était venue à sa rencontre, M. Nuellas rajusta
sa casquette de drap bleu de ciel sur sa tête grisonnante, donna
sur ses habits quelques coups de foulard pour en ôter la poussière,
et armé de son vaste parapluie à bout de cuivre, il se dirigea tran-
quillement vers la place de l'Église.

Si, en ce moment, le lecteur avait pu voir M. Nuellas, il aurait
certainement éprouvé une joie intérieure et profonde à l'aspect de
la ligure sereine de cet homme vénérable.

Le corps grêle de M. Nuellas était enveloppé dans une large
redingote brune fermée par des boutons de corne noire, où des-
tètes de chien étaient ingénieusementsculptées, et qui laissait aper-
cevoir le segment supérieur d'un gilet à grands ramages jaunes et
rouges. Ses jambes se cachaient décemment dans un double four-
reau de casimir gris, et des guêtres couleur chamois recouvraient
ses pieds remarquablement larges.
Une expression indicible de satisfaction intime se peignait sur
sa figure ; un rire muet contrac-
tait de temps à autre les mus-
cles de ses joues et l'on aurait pu
voir alors son respectable men-
ton s'amoindrir et son nez pensîF
s'allonger, ce qui était chez. M.
Nuellasle signe certain d'une vive
allégresse.

— Tout va bien, tout va bien,
murmurait - il parfois en mar-
chant.

C'est qu'effectivement le héros venait de signer chez son notaire
— il avait un notaire — l'acte d'achat d'un petit bois qu'il convoi-
tait depuis longtemps à Romain ville, et qu'il avait acheté trois sous
sur les quais une rare plaquette intitulée : Le lit de noce ou les récits

duTdocteur Pirico-Prolo-Patouflcl, suivis des petites têtes sous de grands
bonnets, s, i., 1791, in-$°.

Aussi de temps en 'temps s'arrètaït-il et portait-il la main à la
poche droite de sa redingote brune.

Cependant M. Nuellas quittant la grande route où la diligence
l'avait déposé, enfila une série de petits chemins bordés de haies
qui le conduisirent doucement à la place de l'Église.

Ayant reconnu le cher endroit qu'il n'avait pas vu depuis trois
grands jours, il se dirigea d'un'pas délibéré \-ers la porte, grande
ouverte, de l'auberge des Cœurs-unis, entra en saluant fort civile-
ment les personnes qui se trouvaient dans la salle et s'assit à une
petite table, près de la fenêtre.

Aussitôt Marie, la servante des Cœurs-unis, vint à lui et après
s'être informée s'il voulait diner, retourna à la cuisine commander,
pour M. Nuellas, une copieuse omelette au lard et une très-confor-
table côtelette de veau aux carottes, qui ne se firent pas trop Ion-
temps attendre.

Puis elle revint habiller la table d'une serviette blanche comme

neige, apporta devant M. Nuellas des condiments et une bouteille
de vieux bordeaux.

mzm

-C& £

Et l'homme vénérable qui nous occupe se mit .à prouver, d'une
façon tout-à-fait péremptoire, que sa mâchoire, âgée de cinquante-
trois ans, était encore jeune et vaillante.

CHAPITRE II

OU LON VOIT COMMENT ET EN QUELLE COMPAGNIE M. NUELLAS
PASSA SA SOIRÉE A L'AUBERGE DES COEURS-UNIS.

La grande horloge de bois sculpté qui porte vaillamment de gros
saumons de plomb etqui mar-
mote son lie-tac, tic-tac, avec
une patience infatigable, ve-
nait de sonner huit heures
lorsque M. Nuellas, ayant en-
glouti les restes de son diner,
s'essuya proprement la bou-
che, demanda son café et
s'approcha du feu, car on était
au commencement d'octobre,
l'air était froid et il grésillait
un peu.

Il était occupé à tracer mé-
thodiquement des signes com-
pliqués dans les cendres du
foyer, sans aucun but apparent, lorsque . trois jeunes gens,
porteurs de figures peu mélancoliques, entrèrent dans l'auberge des
Cœurs-unis.

Ils s'assirent à une table non loin de M. Nuellas et se firent ap-
porter un broc plein de bière, au-dessus duquel apparaissaient de
très consolants flocons d'une mousse blanche et serrée.

La salle commune, tapissée de ; gravures bizarres qui avaient la
prétention de représenter des batailles, rVetait occupée en ce mo-
ment que par M. Nuellas et les 'trois compagnons qui venaient
d'entrer.

Ceux-ci, qu'on aurait pu prendre avec quelque. raison pour des
clercs d'huissiers ou des étudiants en pharmacie, tirèrent de leurs
poches de vastes pipes en bois qui répandaient une odeur singu-
lièrement remarquable, les bourrèrent avec, un soin qui témoi-
gnait de l'importance qu'ils attachaient à cette opération et se mi-
rent successivement à les allumer aux tisons de la cheminée.

ÉiïmM

Cette besogne préliminaire' une fois accomplie, ils firent des-
cendre dans leurs estomacs respectifs le contenu de leurs verres
avec une habileté vraiment prestigieuse, qui jeta, comme il conve-
nait, M. Nuellas dans une douce rêverie.

Ces trois gentilshommes portaient des vêtements qui, s'ils avaient
jamais été neufs, avaient dû passer par une série d'aventures mal-
heureuses qui avaient étrangement terni leur splendeur première.

Le plus âgé de ces messieurs pouvait avoir de vingt-six à vingt-
huit ans. Il arborait sur son chef un vaste chapeau gris et se dra-
pait fièrement dans une vaste houppelande qui lui descendait bien
au-dessous du genou. Il remplissait les graves fonctions de greffier

__N-57

che/.un juge de.paix- des. environs, et il
d'Anténo'r.

rëpoîidait

""don,

Le second, très long et très maigre, honorait de sa n
vêtement écossais à grands carreaux bleus et verts j. *'"'
large pour lai et dans lequel le vent s'engouffrait JmJT* '"»

Une cravate rouge qui serpentait autour de son coane~''-"T,t
vaguement soupçonner le col de la chemise; et tout |il!Si11'"
Balzac serait impuissant à décrire les mélancoliques ond 1 ?*

de ses souliers, dont les cordons étaient invariablement dénoues
autour de ses pieds, — qui semblaient du reste s'en souciernifr
crement. M. Polycarpe (c'est ainsi que se nommait ce permigt]
parcourait les villages, portant sous son bras une petite boitte»
tenant des images de piété, des chapolets, des médailles bénitej ft
autres accessoires du culte ; — M. Polycarpe se chargeait an
des commissions de chapes, chasubles, étoles, etc., que MM, Isi
curés voulaient bien lui donner.

Enfin, le troisième compagnon, celui qui était assis ie plus près
de Nuellas, présentait un embonpoint très remarquable. Sa peu
était doublée d'une couche de graisse si épaisse qu'elle avaitperda
toute sensibilité à la douleur; et tout son individu offrait de A
ressemblances avec une, boule, qu'il eût été dangereux, et peul-
étre cruel, de l'abandonner sur un terrain en pente. Ce senlil-
homme, que ses amis appelaient toujours Bouffi, se nommail
Thomas.

Il était la vivante antithèse de
M. Polycarpe. Ses vêtements tai-
saient corset à son corps et avaient
l'air d'un maillot ; M. Anlénordi
sait en manière de plaisanterie
que bientôt on serait obligé deli
cercler comme un tonneau, et s
quoi M. Thomas ne réponlï
quo par des éclats de rire*
dents qui faisaient tressailli' "
Nuellas sur sa base.

M. Thomas ne remplissail au-
cune fonction publique et nW
mêlé à aucune affaire coma»
ciale: il vivait noblement cou*
les lys de la vallée et les oi»«
du ciel, ne se décroisant te '«"
que pour boire et manger. »
oncle était curé de Meudon,"
qui explique assez les loisirs de M. Thomas.

Eugène Vermersch.

La suite au prochain uuméro.

— Messieurs et mesdemoiselles, s'écrie son interlocuteur avec
une attitude à la don César de Bazan, pas moyen d'jouer aux do-
minos avec madame ! Elle n'a que la boite !

A VA.LENTINO :

<— Regarde donc là bas, en face de l'orchestre. Ce pompier de
Nanlerre qui fait le cavalier seul sur les mains, c'est 1' grand
blond de la Tentation qui m'a. vendu mon waterproof. Lui qui
avait l'air si distingué et qui m'avait demandé mon adresse !...

— Ah! ouiche!... Une fière canaille!... Moi aussi, il m'avait
demandé mon adresse, pour m'envoyer un tas de choses... Sais-
tu ce qu'il m'a envoyé?... Douze paquets d'aiguilles anglai-
ses !...

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Aventures de M. Nuellas
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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
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Text und Inhalt inteniv

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Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Petit, Léonce Justin Alexandre
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Raucher
Mann <Motiv>
Rauchen <Motiv>
Speise
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Junge <Motiv>
Geschenk <Motiv>
Tisch <Motiv>
Kamin <Motiv>
Tabakspfeife <Motiv>
Wein <Motiv>
Karikatur
Frau <Motiv>
Hund <Motiv>
Buch <Motiv>
Schreiben <Motiv>
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Frankreich
Vermersch, Eugène
Thema/Bildinhalt (normiert)
Second Empire

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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 2.1869, Nr. 56, S. 40_4
 
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