L'ECLIPSE
LIBERTÉ-PRIME
jp|ç
Un traité-passé entre
'administration de l'E-
clipse-et MM, Margeli-
don'et Georges Hébert,
45, rue Lafayette, in-
venteurs du nouveau
procédé baptisé dunom
de Pseudo -7 Céramique .
nous permet d'offrir au-
jourd'hui à nos abon-
nés d'un an une prime
vraiment exception ■
nelle :
Le buste de \ là
Liberté, réducti on
exac-.j. do l'œuvre de
M. G orges Hébgrt,
terre cuite mesurant
50 centimètres de hau-
teur avec son support.
. . Cette figurine-, facile
'à accrocher à la mu-
raille, peut également
prendre place ■ sur un
meuble, sur un rayon
d'étagère et de biblio-
thèque, sur un marbre
de cheminée ou de con-
sole. Elle peut orner
indifféremment le sa-
lon ou le boudoir, la*
chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
,■ Prix de la Prime avec l'abonnement d'un an :
PARIS (prise dans nos bureaux).....................
DÉPARTEMENTS (prise dans nos bureaux, emballage
compris).........................................
Le port reste à la charge du destinataire.
à 3 fr.
15 fr.
AVIS IMPORTANT. — Nous rappelons à nos abonnés
que tout renouvellement, changement d adresse ou réclamation,
doit être accompagnée de l'une des dernières bandes du journal.
LE PÈ^E MÉCHIN
Voici le portait du père Méchin, ou, plus parlementairement,
de M. Méehin, le saint Pierre (blanchi sous le harnais) d'un
petit paradis en pierre de taille, situé rue de la Clef.
Clef qui n'a rien.de celle des champs, d'ailleurs.
Chacun prêche pour son saint. Mais le père Méchin, seul, dé-
roge à cet antique usage; il ne prêche, lui, que pour une sainte.
Et quelle sainte ! Sainle-Pélagie !
, On dit aussi Pélagie, quand on est au mieux... ou au plus
tnal avec elle.
_ ;C'est le père Méchin qui toise, examine, photographie de l'œil
les gens de lettres qu'un gouvernement paternel envoie loger
au Pavillon des Princes.
C'est un excellent homme, mais raide sur îa consigne, comme
la Justice en personne; c'est le seul amphytrion, en outre, au-
quel, après libération, on est libre de ne pas faire de visites de
digestion.
Ce Cerbère est le lion du moment.
Le père Méchin est doué aujourd'hui de l'attrait éphémère de
l'actualité.
■Jamais le préau qu'il surveille ne fut davantage un véritable
Pré-dux- Clercs.
Les rendez-vous de bonne compagnie se donnent tous en ce
triste séjour,-et lentement on y pa^se la vie à 'regretter le
Champagne etl'amour.
Surtout l'amour!
Le père Méchin, à l'heure qu'il est, ne sait plus où donner de
la clef.
Sainte-Pélagie est combie. Mais je n'ose dire qu'on refuse du
monde à la porte.
Ce serait commettre le délit de fausses nouvelles.
Et nous le commettrions de mauvaise foi; car il n'y a qu'à
lire lés feuilles publiques pour être convaincu ctu contraire.
Sainte-Pélagie est comble, répétons-le, et la foule des braves
et honnêtes gens qui remplissent cette maison de correction,
en fait xai-Cachot's-Club des plus distingués.
Aussi-ië père Méchin, quand il se promène au milieu de ses
administrés temporaires, peut-il dire avec un certain orgueil
professionnel :
— Hà.foi, après avoir.gardé Louis-Napoléon à Ham, boucler
les illustrations de la "République des lettres, à Paris, ce n'est
pas trop déroger.
LE COUSIN JACQUES.
FANTAISIE
ï.;t lettre de M. Gustave Flonresis. — Beaucoup
; de bruit pour râesa.
j On a fait ces jours derniers un tapage de tous les diables avec
upe prétendue pétition que M. Gustave Flourens- aurait adres--
sée à l'empereur eu 1868 pour obtenir de succéder à son père
comme professeur au Collège de Fran'ce.
Des journaux piètrifiês prétendent que cette pétition est au-
thentique. M. Gustave Flourens la nie; et voilà l'Europe sens
dessus dessous.
Cela me semble au moins puéril.
Que cette lettre soit vraie ou fausse, qu'est-ee qu'elle prouve?
M. Gustave Flourens a demandé en 1888 à remplacer son père
dans une chaire. Je ne vois rien là- de dëslionorant, surtout
lorsqu'on le demande en termes si fiers et si dignes.
Car tout le monde a pu. être frappé du ton indépendant de
cette lettre dans laquelle ne se trouve aucune des plates for-
mules épistolaires employées en semblable circonstance.
J'aurais écrit la pareille que je ne considérerais pas mon
avenir politique plus engagé par cette signature que par la de-
mande d'autorisation que je pourrais adresser au gouverne-
ment pour faire réparer la façade de ma maison, si i'avais le
bonheur d'être propriétaire^ ,
Je sujs a?sez disposé à croire que la lettre imputée à M. Gus-
tave Flourens est bien de lui ; car les gens qui prennent la peine
de faire des faux pour calomi^er, tâchent au moins de les faire
tant soit- peu compromettants ; et, je le répète, cette lettre ne
l'est en rien.
Si la lettre en question est authentique, M. Flourens a été
bien maladroit en la niant. Elle n'a pas la moindre importance
et ne valait pas le plus petit mensonge.
Demander honnêtement à travailler d'un travail honnête,
n'est pas une soumission.
Jeter un tel argument à la tête de Gustave Flourens est à la
fois absurde et malintentionné.
Dn chlore, et passons.
Unse pïweBitEsèse poEaa1 dcaBEaudea* sans coiaf cal à mou
réaUïseieMa* eia clseï.
« Mon cher Polo,
» Veuillez, je vous en prie, me tirer d'embarras.
« Puis-je sans danger, dans l'Eclipsé qui n'est pas cautionné
et ne peut traiter de politique, dire à nos lecteurs combien je
trouve agaçant que les députés ne puissent prononcer un dis-
cours de trente lignes sans se traiter au moins quinze fois
d'honorable?
» Je tiendrais surtout à faire ressortir qu'il me semble presque
inconvenant de souligner à tout bout de phrase l'honorabilité
des gens à qui l'on parle.
» On a l'air de leur dire :
» — Il faut que je répète encore que vous êtes un honnête
homme, parce que personne ne le croirait.
» Et j'ajouterais que si cet usag-e, parfaitement ridicule, ve-
nait à être adopté dans les rapports ordinaires, les conversations
seraient fortement ennuyeuses
» Etant admis — et il faut bien l'admettre — qu'il y a plus
de gens honorables que d'autres, il me paraîtrait préférable et
économique, au point de vue du temps, de passer sous silence
l'honnêteté des honnêtes gens, quitte à dire des autres quand
on aurait à en parler :
» — Ainsi que vient de le fai'c observer cette canaille de préopî-
nanl qui m'a précédé à la tribune, etc., etc. >i
les testateurs ps&c tout toujours rire.
Oui, je vous avouerai franchement que je n'ai jamais pu
prendre les testateurs bien au sérieux.
Cette façon de faire du bien aux gens en leur donnant ce
dont on ne peut plus se servir, est d'une grandeur d'âme qui
m'échappe.
' Et j'apprécie mieux l'abnégation de celui qui se prive d'un
Londres pour donner cinq sous à un pauvre, que 'la oharité à
échéance de ces citoyens qui ne se privent de rien du tout et
lèguent cent mille francs pour fonder un hospice après leur
mort.
Le Rappel vient de publier iin fait qui ne me fera pas changer
d'avis sur la question.
Il s'agit d'un M. X.'... qui a été sauvé d'une grave maladie
en 1852 par une demoiselle Emilie Gressjer. M. X... a perdu de
vue Mlle Gressier et l'a couchée sur son testament pour une rente
viagère, en récompense de ses bons soins, M. X... vient de mou-
Tir, et l'on cherche partout Mlle Gressier qu'on ne trouve nulle
part.
Eh bien! je vous le demande; ce cœur généreux, dévoré pen-
dant vingt ans par une reconnaissance lente, excite-t-il votre
enthousiasme?
Pendant vingt ans, il doit supposer que sa bienfaitrice existe
et qu'elle a besoin de quelque chose ; il ne bouge pas, et il croit
sa dette payée, parce qu'il peut se dire :
— Emilie Gressier meurt probablement de faim en ce mo-
ment ; mais quand Dieu me rappellera à lui, elle sera à l'abri du
besoin, et ça m'aura pas beaucoup gêné pendant ma vie.
. Il meurt enfin ; Emilie Gressier est peut-être morte de misère
il y a dix ans; mais ça ne fait rien, M. X... n'en passera pas.
moins pour un brave et digne homme.
Notez bien que si M. X.., a des enfants, c'est lui qui donne,
mais ce sont eux qui payent ; c'est absolument grotesque.
Je le répète : les testateurs me ftmjt toujours rire, et surtout le
bien que l'on a îa bêtise de dire d'eux quand ils ont fait leurs
bonnes actions posthumes. ,
Tester, c'est faire du bien en se privant sur la nourriture.....
de ses héritiers légitimes.
Son toutes réserves
On sait qu'un crédit avait été demandé pour continuer les
fouilles de la rue Monge et déterrer les restes du cirque ro-
main.
Les calculs ont été faits, et l'on a trouvé que, pour mettre à
découvert trois ou quatre cent mille moellons, qui n'ont d'autre
mérite que d'être vieux, il faudrait que la ville de Paris dépen-
sât la bagatelle de huit millions.
Un peu écœuré par ce chiffre, M. Chevreau a décidé qu'on lais-
serait ça tranquille.
Et l'on, affirme qu'il aurait répondu par le quatrain
aux gens qui le poussaient a cette dépense dont le budt^
la ville n'éprouve pas, paraît-il, un très-impérieux' b^riif^ de
Croyez-en ma voix austère;
Ce projet est des plus fous :
C'est en creusant trop la terre
Qu'à la lune on fait des trous.
LÉON BIENVENU,
LA PETITE VOISINE.,,,
pour tuer le temps, j'ai passé, 'en tr
à cause de la chaleur, la revue des notes éparses dans
nets de l'année dernière.
es-petif'nmforme
mes car-
En tête de l'un des feuillets du mois de.décembre i'ai 1
mots suivants, écrits au crayon : es
« 22 décembre. -Bal chez Mme S.... Chaleur étouffante mis
« glace a la fraise. Chose exquise. - Hélas ! pauvre petite voisine 1
« 10 degrés de froid dehors ! Dernière et terrible glace\ » ---
En lisant hier ces mots cousus de fil noir, un flot de ne '
tristes a envahi mon cerveau. Et le souvenir a serré ma m
tout à coup avec sa petite main froide.... ' b r^e
D'autres dates me sont revenues à la mémoire.
Les voici :
Janvier 1859. - Un jeudi, par un froid de chien, une petite
fille, en capeline bleue, jolie comme un ange, détachait de
petits doigts bleuis les stalactites blanches suspendues au T
binet d'une fontaine gelée; elle les suçait avec délices.
Son panier d'école et son carton reposaient surlcsol.
Le goût véhément de cette bouchette rose pour les glaçon
m'étonna. * s
Je regardai l'enfant. C'était ma petite voisine la fille d'
tailleur grognon qui travaillait dans le vieux, à côté
porte.
1 de notre
Avril 1863. — C'était à la Halle, devant Saint-Eustacue
Autour d'une marchande de glaces à un sou, bavardait tout uni
clan de fillettes, apprenties au nez retroussé, aux cheveux pom-
madés avec soin, coquettes déjà en dépit de leurs gros brode-
quins.
Au milieu du groupe, léchant -son verre grossier avec désec
poir, l'œil rempli d'extase, se tenait un amour de petit être'
frais, blanc, délicat.
C'était ma petite voisine.
Juin 186S. — Dans un restaurant à trente-deux sous
Lucullus modeste, un jeune homme et une jeune femme, plutôt
une jeuno fille, riaient. Ils finissaient de dîner.
Je regardais ces amoureux avec joie. C'est un spectacle que
j'aime.-
La jeune fille, charmante, svelte, un peu pâle, achevait gaie-
ment une demi-glace.
Avec quel entrain, avec quelle gourmandise, sa-langue fine
lapait à petit coup cette humble demi-glace à la vanille!
Ai-je besoin de le dire? La jeune fille, hélas ! déjà engagée sur
la pente fatale, si joyeuse et si fleurie au début, c'était nia petite
voisine. . --• ' :
Juillet 1868. — La belle nuit. Les lumières du gaz, des fia-
cres et des omnibus, éclataient dans la brume poussiéreuse,
comme des rubis, des émeraudes et des topazes.
La belle nuit !
J'étais installé, au frais, ù la porte d'un grand glacier de la
rue Royale. I
Un,e calèche de remise s'arrêta tout à coup devant moi.
Ua gr.s monsieur et une petite dame occupaient cette voi-
ture. ,,
Le monsieur appela le garçon :
— Un granit pour madame; une chartreuse pour moi.
La jeune dame, c'était ma. petite voisine, splendidement vê-
tue, maquillée avee grâce, l'œil cerné.
30 octobre 1869. — Mme de Saint-Glouglou recevait ce
seîr-là. Compagnie mêlée. — Le côté femme, très-chevelu; le
côté homme, chauve avec impudence. On jouait ici, on dansait
là, on riait à gorges excessivement déployées partout. Des par-
fums capiteux faisaient l'air troublant comme une bouteille de
Château-Yquem. H-espiror/, c'était être gris.
Allant de groupe en groupe, belle comme Magdeleine, une
femme aux épaules superbes, souriait, riait'et toussailkit par
instants.
Elle tenait--à îa main une esquille de vermeil, remplie de
glace à l'ananas.
De temps en temps, elle y plongeait une cuillère, impercep-
tible, et sa mahi élégante, constellée de bijoux, brillait à la
lueur chaude des bougies odoriférantes.
Mme de Saint-Glouglou, c'était encore ma petite voisine..
Elle avait vingt ans.
Quinze jours après cette soirée, un journal bien informe, li-
vrait à la curiosité malsaine de ses lecteurs l'entrefilet suivant:.
Hier, une célébrité du monde interlope, Madame de Saint... est
morte à la suite d'une courte maladie. Un rhume négligé... etc. etc.
Ma pauvre petite voisine — que celui qui n'a pas pèche lui
jette la dernière pierre! — était morte tristement. .
C'est pourquoi, le 22 décembre 1869, au bal de madame S...,
en prenant une glace à la fraise — chose exquise — je Pens^
à celle qui l'eût savourée avec un plaisir enfantin. —ÏDix degies
de froid dehors 1 —Terrible glace, là-bas.
ERNEST D'HERVILLÏ-
il dîne.
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M. Vanflaheea ni eénateir, il pim » Tinter Ù
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s'iUstMÙl'ptlM^deîn..:
- Aimez-rais [e'kiiîiâi
- Eiiiiîïat, »ii j m gufcj ',,,,.,;_,
jamais, ,
- Pûorqaoi-]
-festin, fc!«i;i»MÉqij
«[iiteeniÉHioi
- D'une îoiîgîaiBi, aloB?
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LIBERTÉ-PRIME
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'administration de l'E-
clipse-et MM, Margeli-
don'et Georges Hébert,
45, rue Lafayette, in-
venteurs du nouveau
procédé baptisé dunom
de Pseudo -7 Céramique .
nous permet d'offrir au-
jourd'hui à nos abon-
nés d'un an une prime
vraiment exception ■
nelle :
Le buste de \ là
Liberté, réducti on
exac-.j. do l'œuvre de
M. G orges Hébgrt,
terre cuite mesurant
50 centimètres de hau-
teur avec son support.
. . Cette figurine-, facile
'à accrocher à la mu-
raille, peut également
prendre place ■ sur un
meuble, sur un rayon
d'étagère et de biblio-
thèque, sur un marbre
de cheminée ou de con-
sole. Elle peut orner
indifféremment le sa-
lon ou le boudoir, la*
chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
,■ Prix de la Prime avec l'abonnement d'un an :
PARIS (prise dans nos bureaux).....................
DÉPARTEMENTS (prise dans nos bureaux, emballage
compris).........................................
Le port reste à la charge du destinataire.
à 3 fr.
15 fr.
AVIS IMPORTANT. — Nous rappelons à nos abonnés
que tout renouvellement, changement d adresse ou réclamation,
doit être accompagnée de l'une des dernières bandes du journal.
LE PÈ^E MÉCHIN
Voici le portait du père Méchin, ou, plus parlementairement,
de M. Méehin, le saint Pierre (blanchi sous le harnais) d'un
petit paradis en pierre de taille, situé rue de la Clef.
Clef qui n'a rien.de celle des champs, d'ailleurs.
Chacun prêche pour son saint. Mais le père Méchin, seul, dé-
roge à cet antique usage; il ne prêche, lui, que pour une sainte.
Et quelle sainte ! Sainle-Pélagie !
, On dit aussi Pélagie, quand on est au mieux... ou au plus
tnal avec elle.
_ ;C'est le père Méchin qui toise, examine, photographie de l'œil
les gens de lettres qu'un gouvernement paternel envoie loger
au Pavillon des Princes.
C'est un excellent homme, mais raide sur îa consigne, comme
la Justice en personne; c'est le seul amphytrion, en outre, au-
quel, après libération, on est libre de ne pas faire de visites de
digestion.
Ce Cerbère est le lion du moment.
Le père Méchin est doué aujourd'hui de l'attrait éphémère de
l'actualité.
■Jamais le préau qu'il surveille ne fut davantage un véritable
Pré-dux- Clercs.
Les rendez-vous de bonne compagnie se donnent tous en ce
triste séjour,-et lentement on y pa^se la vie à 'regretter le
Champagne etl'amour.
Surtout l'amour!
Le père Méchin, à l'heure qu'il est, ne sait plus où donner de
la clef.
Sainte-Pélagie est combie. Mais je n'ose dire qu'on refuse du
monde à la porte.
Ce serait commettre le délit de fausses nouvelles.
Et nous le commettrions de mauvaise foi; car il n'y a qu'à
lire lés feuilles publiques pour être convaincu ctu contraire.
Sainte-Pélagie est comble, répétons-le, et la foule des braves
et honnêtes gens qui remplissent cette maison de correction,
en fait xai-Cachot's-Club des plus distingués.
Aussi-ië père Méchin, quand il se promène au milieu de ses
administrés temporaires, peut-il dire avec un certain orgueil
professionnel :
— Hà.foi, après avoir.gardé Louis-Napoléon à Ham, boucler
les illustrations de la "République des lettres, à Paris, ce n'est
pas trop déroger.
LE COUSIN JACQUES.
FANTAISIE
ï.;t lettre de M. Gustave Flonresis. — Beaucoup
; de bruit pour râesa.
j On a fait ces jours derniers un tapage de tous les diables avec
upe prétendue pétition que M. Gustave Flourens- aurait adres--
sée à l'empereur eu 1868 pour obtenir de succéder à son père
comme professeur au Collège de Fran'ce.
Des journaux piètrifiês prétendent que cette pétition est au-
thentique. M. Gustave Flourens la nie; et voilà l'Europe sens
dessus dessous.
Cela me semble au moins puéril.
Que cette lettre soit vraie ou fausse, qu'est-ee qu'elle prouve?
M. Gustave Flourens a demandé en 1888 à remplacer son père
dans une chaire. Je ne vois rien là- de dëslionorant, surtout
lorsqu'on le demande en termes si fiers et si dignes.
Car tout le monde a pu. être frappé du ton indépendant de
cette lettre dans laquelle ne se trouve aucune des plates for-
mules épistolaires employées en semblable circonstance.
J'aurais écrit la pareille que je ne considérerais pas mon
avenir politique plus engagé par cette signature que par la de-
mande d'autorisation que je pourrais adresser au gouverne-
ment pour faire réparer la façade de ma maison, si i'avais le
bonheur d'être propriétaire^ ,
Je sujs a?sez disposé à croire que la lettre imputée à M. Gus-
tave Flourens est bien de lui ; car les gens qui prennent la peine
de faire des faux pour calomi^er, tâchent au moins de les faire
tant soit- peu compromettants ; et, je le répète, cette lettre ne
l'est en rien.
Si la lettre en question est authentique, M. Flourens a été
bien maladroit en la niant. Elle n'a pas la moindre importance
et ne valait pas le plus petit mensonge.
Demander honnêtement à travailler d'un travail honnête,
n'est pas une soumission.
Jeter un tel argument à la tête de Gustave Flourens est à la
fois absurde et malintentionné.
Dn chlore, et passons.
Unse pïweBitEsèse poEaa1 dcaBEaudea* sans coiaf cal à mou
réaUïseieMa* eia clseï.
« Mon cher Polo,
» Veuillez, je vous en prie, me tirer d'embarras.
« Puis-je sans danger, dans l'Eclipsé qui n'est pas cautionné
et ne peut traiter de politique, dire à nos lecteurs combien je
trouve agaçant que les députés ne puissent prononcer un dis-
cours de trente lignes sans se traiter au moins quinze fois
d'honorable?
» Je tiendrais surtout à faire ressortir qu'il me semble presque
inconvenant de souligner à tout bout de phrase l'honorabilité
des gens à qui l'on parle.
» On a l'air de leur dire :
» — Il faut que je répète encore que vous êtes un honnête
homme, parce que personne ne le croirait.
» Et j'ajouterais que si cet usag-e, parfaitement ridicule, ve-
nait à être adopté dans les rapports ordinaires, les conversations
seraient fortement ennuyeuses
» Etant admis — et il faut bien l'admettre — qu'il y a plus
de gens honorables que d'autres, il me paraîtrait préférable et
économique, au point de vue du temps, de passer sous silence
l'honnêteté des honnêtes gens, quitte à dire des autres quand
on aurait à en parler :
» — Ainsi que vient de le fai'c observer cette canaille de préopî-
nanl qui m'a précédé à la tribune, etc., etc. >i
les testateurs ps&c tout toujours rire.
Oui, je vous avouerai franchement que je n'ai jamais pu
prendre les testateurs bien au sérieux.
Cette façon de faire du bien aux gens en leur donnant ce
dont on ne peut plus se servir, est d'une grandeur d'âme qui
m'échappe.
' Et j'apprécie mieux l'abnégation de celui qui se prive d'un
Londres pour donner cinq sous à un pauvre, que 'la oharité à
échéance de ces citoyens qui ne se privent de rien du tout et
lèguent cent mille francs pour fonder un hospice après leur
mort.
Le Rappel vient de publier iin fait qui ne me fera pas changer
d'avis sur la question.
Il s'agit d'un M. X.'... qui a été sauvé d'une grave maladie
en 1852 par une demoiselle Emilie Gressjer. M. X... a perdu de
vue Mlle Gressier et l'a couchée sur son testament pour une rente
viagère, en récompense de ses bons soins, M. X... vient de mou-
Tir, et l'on cherche partout Mlle Gressier qu'on ne trouve nulle
part.
Eh bien! je vous le demande; ce cœur généreux, dévoré pen-
dant vingt ans par une reconnaissance lente, excite-t-il votre
enthousiasme?
Pendant vingt ans, il doit supposer que sa bienfaitrice existe
et qu'elle a besoin de quelque chose ; il ne bouge pas, et il croit
sa dette payée, parce qu'il peut se dire :
— Emilie Gressier meurt probablement de faim en ce mo-
ment ; mais quand Dieu me rappellera à lui, elle sera à l'abri du
besoin, et ça m'aura pas beaucoup gêné pendant ma vie.
. Il meurt enfin ; Emilie Gressier est peut-être morte de misère
il y a dix ans; mais ça ne fait rien, M. X... n'en passera pas.
moins pour un brave et digne homme.
Notez bien que si M. X.., a des enfants, c'est lui qui donne,
mais ce sont eux qui payent ; c'est absolument grotesque.
Je le répète : les testateurs me ftmjt toujours rire, et surtout le
bien que l'on a îa bêtise de dire d'eux quand ils ont fait leurs
bonnes actions posthumes. ,
Tester, c'est faire du bien en se privant sur la nourriture.....
de ses héritiers légitimes.
Son toutes réserves
On sait qu'un crédit avait été demandé pour continuer les
fouilles de la rue Monge et déterrer les restes du cirque ro-
main.
Les calculs ont été faits, et l'on a trouvé que, pour mettre à
découvert trois ou quatre cent mille moellons, qui n'ont d'autre
mérite que d'être vieux, il faudrait que la ville de Paris dépen-
sât la bagatelle de huit millions.
Un peu écœuré par ce chiffre, M. Chevreau a décidé qu'on lais-
serait ça tranquille.
Et l'on, affirme qu'il aurait répondu par le quatrain
aux gens qui le poussaient a cette dépense dont le budt^
la ville n'éprouve pas, paraît-il, un très-impérieux' b^riif^ de
Croyez-en ma voix austère;
Ce projet est des plus fous :
C'est en creusant trop la terre
Qu'à la lune on fait des trous.
LÉON BIENVENU,
LA PETITE VOISINE.,,,
pour tuer le temps, j'ai passé, 'en tr
à cause de la chaleur, la revue des notes éparses dans
nets de l'année dernière.
es-petif'nmforme
mes car-
En tête de l'un des feuillets du mois de.décembre i'ai 1
mots suivants, écrits au crayon : es
« 22 décembre. -Bal chez Mme S.... Chaleur étouffante mis
« glace a la fraise. Chose exquise. - Hélas ! pauvre petite voisine 1
« 10 degrés de froid dehors ! Dernière et terrible glace\ » ---
En lisant hier ces mots cousus de fil noir, un flot de ne '
tristes a envahi mon cerveau. Et le souvenir a serré ma m
tout à coup avec sa petite main froide.... ' b r^e
D'autres dates me sont revenues à la mémoire.
Les voici :
Janvier 1859. - Un jeudi, par un froid de chien, une petite
fille, en capeline bleue, jolie comme un ange, détachait de
petits doigts bleuis les stalactites blanches suspendues au T
binet d'une fontaine gelée; elle les suçait avec délices.
Son panier d'école et son carton reposaient surlcsol.
Le goût véhément de cette bouchette rose pour les glaçon
m'étonna. * s
Je regardai l'enfant. C'était ma petite voisine la fille d'
tailleur grognon qui travaillait dans le vieux, à côté
porte.
1 de notre
Avril 1863. — C'était à la Halle, devant Saint-Eustacue
Autour d'une marchande de glaces à un sou, bavardait tout uni
clan de fillettes, apprenties au nez retroussé, aux cheveux pom-
madés avec soin, coquettes déjà en dépit de leurs gros brode-
quins.
Au milieu du groupe, léchant -son verre grossier avec désec
poir, l'œil rempli d'extase, se tenait un amour de petit être'
frais, blanc, délicat.
C'était ma petite voisine.
Juin 186S. — Dans un restaurant à trente-deux sous
Lucullus modeste, un jeune homme et une jeune femme, plutôt
une jeuno fille, riaient. Ils finissaient de dîner.
Je regardais ces amoureux avec joie. C'est un spectacle que
j'aime.-
La jeune fille, charmante, svelte, un peu pâle, achevait gaie-
ment une demi-glace.
Avec quel entrain, avec quelle gourmandise, sa-langue fine
lapait à petit coup cette humble demi-glace à la vanille!
Ai-je besoin de le dire? La jeune fille, hélas ! déjà engagée sur
la pente fatale, si joyeuse et si fleurie au début, c'était nia petite
voisine. . --• ' :
Juillet 1868. — La belle nuit. Les lumières du gaz, des fia-
cres et des omnibus, éclataient dans la brume poussiéreuse,
comme des rubis, des émeraudes et des topazes.
La belle nuit !
J'étais installé, au frais, ù la porte d'un grand glacier de la
rue Royale. I
Un,e calèche de remise s'arrêta tout à coup devant moi.
Ua gr.s monsieur et une petite dame occupaient cette voi-
ture. ,,
Le monsieur appela le garçon :
— Un granit pour madame; une chartreuse pour moi.
La jeune dame, c'était ma. petite voisine, splendidement vê-
tue, maquillée avee grâce, l'œil cerné.
30 octobre 1869. — Mme de Saint-Glouglou recevait ce
seîr-là. Compagnie mêlée. — Le côté femme, très-chevelu; le
côté homme, chauve avec impudence. On jouait ici, on dansait
là, on riait à gorges excessivement déployées partout. Des par-
fums capiteux faisaient l'air troublant comme une bouteille de
Château-Yquem. H-espiror/, c'était être gris.
Allant de groupe en groupe, belle comme Magdeleine, une
femme aux épaules superbes, souriait, riait'et toussailkit par
instants.
Elle tenait--à îa main une esquille de vermeil, remplie de
glace à l'ananas.
De temps en temps, elle y plongeait une cuillère, impercep-
tible, et sa mahi élégante, constellée de bijoux, brillait à la
lueur chaude des bougies odoriférantes.
Mme de Saint-Glouglou, c'était encore ma petite voisine..
Elle avait vingt ans.
Quinze jours après cette soirée, un journal bien informe, li-
vrait à la curiosité malsaine de ses lecteurs l'entrefilet suivant:.
Hier, une célébrité du monde interlope, Madame de Saint... est
morte à la suite d'une courte maladie. Un rhume négligé... etc. etc.
Ma pauvre petite voisine — que celui qui n'a pas pèche lui
jette la dernière pierre! — était morte tristement. .
C'est pourquoi, le 22 décembre 1869, au bal de madame S...,
en prenant une glace à la fraise — chose exquise — je Pens^
à celle qui l'eût savourée avec un plaisir enfantin. —ÏDix degies
de froid dehors 1 —Terrible glace, là-bas.
ERNEST D'HERVILLÏ-
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