L'ECLIPSE
OBEHTÉ-PRIM1
Untraité passé entre
>'administrât.!on de l'E-
clipse et MM. Margeli-
don et Georges Hébert,
45, rue Lafayettc, in-
venteurs du nouveau
procédé baptisédunom
de Pseudo - Céramique,
nous permet d'offrir au-
iourd'hui à nos abon-
nés d'un an une prime
vraiment exception-
nelle ;
Le buste de la
Liberté, réduction
exacte de l'œuvre de
M. Georges Hébert,
terre cuite mesurant
50 centimètres de hau-
teur avec son support.
Cette figurine, facile
à accrocher à la mu-
raille, peut également
prendre place sur un
meuble, sur un rayon
d'étagère et de biblio-
thèque, sur un marbre
de cheminée ou de con-
sole. Elle peut erner
indifféremment le sa-
lon ou le boudoir, la
chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
Prix de la Prime avec l'abonnement d'un an :
PARIS (prise dans nos bureaux)..................... 13 fr.
DÉPARTEMENTS (prise dans nos bureaux, emballage
compris)......................................... 15 fr.
Le port reste à la charge du destinataire.
Nos abonnés déjà inscrits peuvent jouir de cette prime, en
déduisant des prix ci-dessus indiqués le monta i-1 rie l'abonne-
ment déjà paye.
AVIS IMPORTANT. — Nous rappelons à nos abonnés
que tout renouvellement, changement d'adresse ou réclamation,
doit être accompagnée de l'une des dernières bandes du journal.
JOLI COCHER
De l'Odéon à Batignolles, et même de Batignolles à l'Odéon,
je ne sais rien de plus agaçant que d'avoir pour vis-à-vis, en
omnibus, une femme grasse, très-pâle, aux cheveux bruns
épars, endormie en outre, et qui rappelle d'une façon frappante
l'infortunée Mme Kinck sur les dalles de la Morgue.
Je vous avoue, sans fard, qu« je préfère infiniment à cette
femme épaisse, exsangue et brune, une petite cocotte, d'essence
vulgaire peut-être, mais dans l'œil de laquelle on peut lire ce
bel alexandrin ;
Balançoire et bosquets, matelotte et friture.
Oui, j'aime mieux cela. Et vous ?
Or, ces jours-ci, pour échapper à l'envie de crier : — A l'as-
sassin ! qui me prenait violemment à la gorge, en regardant
mon sinistre vis-à-vis, je m'élançai, tel un singe habile à déni-
cher les cocos, sur le marchepied qui conduit à l'impériale.
Hosannah ! — Je m'assis à.la seule place qui ne fût pas oc-
cupée. Elle était située auprès du siège du cocher.
Un joli cocher.
Un très-joli cocher, je> le répète. Blond, à la chevelure fine-
ment bouclée, aux petites moustaches triomphantes.
Joli cocher!
Pour orner son chapeau de cuir bouilli, le joli cochej avait at-
taché, à la bourdaloue de ce luisant couvre-chef (d'autres disent
le ruban), un paquet de plumes multicolores.
Qui expliquera jamais les mystérieuses causes du goût des
cochers d'omnibus pour un petit panache de plumes ou de
fleurs polycolores, fixé par une épingle à la ganse de leur coif-
fure?
Problème ! énigme ! charade !
Mon joli cocher, qui m'avait pris en amitié tout d'abord, dai-
gna, à partir du boulevard des Italiens (nous allions à Clichy),
me confier ses chagrins et ses ennuis.
De-temps à autre, lorsque le conducteur lui donnait le signal
d'arrêt, en tirant 3e cordon, le joli cocher, parlant à ma per-
sonne, murmurait :
— Trombat tire le cordon comme un ours !
Puis il reprenait :
— Sacré animal ! tu ne pouvais pas descendre tout à l'heure.
Malheur 1
Ces paroles s'adressaient alors à tout voyageur qui quittait,
d'un pas incertain, le seuil de l'omnibus.
Mais ces sourdes imprécations cessèrent soudain, et le
sourire reparut sur la lèvre du joli cocher, lorsque nous arrivâ-
mes au pied de ce Calvaire sans moralité, qui a nom : Notre-
Dame-de-Lorette.
Le joli cochei' devint charmant, causeur, prolixe.
L'omnibus, muni de son cheval de renfort, montait la côte
d'un pas qui rappelait l'allure du jeune malade de Millevoye.
Le joli cocher se renversa en arrière sur le dossier de son
siège, planta son fouet dans sa gaine, et, après avoir échangé
quelques mots railleurs avec le conducteur du cheval de ren-
fort, une espèce de nain boiteux, au chapeau de cuir bouilli,
garni de vertes- feuilles,, il: me dit :
— Farceur!' vous la connaissez, hein?
— Moi?qui?... Vous dites?
— Oui, la petite, au second, peignoir à rubans bleus.
En proférant cette soudaine accusation, le cocher clignait de
l'œil, et me poussait du coude.
J'aurais pu faire ma tête, n'est-ce pas, et envoyer promener
cet automâdon, comme l'appellerait M- Prud'homme.
Je ne fis pas ma tête du tout. Et je répondis :
— Cher ami, je ne connais nullement ces dames de la rue
Notre-Dame-de-Lorette. Je suis étranger au quartier. Mais
vous, mon brave, vous me paraissez être assez au courant?...
— Oui, je suis un peu à la coule, voyez-vous Quand on passe
comme ça toute la journée, dame, au bout d'un an, on connaît
son monde.
— Vous êtes un heureux gaillard?
— Oh ! on se salue en passant, voilà tout.
En effet, on so saluait en passant. Le joli cocher, fier comme
un coq, souriait, faisait de l'œil, grimaçait.
A tous les étages, partout, des minois chiffonnés lui fai-
saient des mines amicales.
Les bonnes des cocottes hautaines envoyaient des baisers au
joli cocher,'à la profonde stupéfaction des voyageurs pudi-
bonds de l'impériale, qui, croyant que ces marques d'intérêt
vif s'adressaient à eux, rougissaient et baissaient le nez.
Soudain, le joli cocher désignant du doigt une belle femme,
très-pâle, qui se penchait fièrement à sa fenêtre, me dit : ,
— Elle fait sa Sophie... connu ! — Faut pas me la faire, ma
belle dame. Nous savons d'où vous revenez, mon chat, ajouta-
t-il avec indignation... Une saison à la maison de retraite du
faubourg Saint-Denis !
. Cependant les femmes de chambre, les servantes, les filles
de boutique, droites sur le pas des portes, ou assises à leurs
croisées ne cessaient de combler le joli cocher de signes télé-
graphiques, et de muets appels amoureux.
Lui, comme un souverain que les vivats n'émeuvent guère, il
passait lentement la revue des cœurs qu'il avait frappés.
Cette revue dura jusqu'au moment où l'omnibus, cahin-caha,
toucha à la rue Fontaine.
Mais, avant de rassembler les rênes flottantes, le joli cocher
jeta un dernier regard irrésistible sur les marchandes potelées
du Marché Saint-Georges.
Et à côté de la fruitière qui, dans son émoi, laissait tomber
les artichauts offerts à une cliente, la marchande de poissons,
blême de jalousie, souriait mélancoliquement en arrachant la
peau d'une sole.
Joli cocher !
ERNEST D'HERVILLY.
PICHENETTES ET CR0QUIGN0LES
On ne sait encore à quel tranche-montagne on doit attribuer
la séparation de la gauche au Corps législatif; mais on est
sûr qu'elle est séparée par moitié.
Nous n'avions jusqu'alors qu'une gauche, à présent nous en
avons deux : la gauche ouverte et la gauche fermée.
Seulement la gauche ouverte ne l'est pas tellement qu'on ne
la puisse fermer au besoin et !a gauche fermée n'est pas non
plus fermée au point de ne pouvoir l'ouvrir à l'occasion.
Cette situation ne paraît pas avoir d'autre inconvénient que
de mettre certains esprits irrésolus à même de faire un choix,
absolument comme s'il s'agissait de la porte d'Alfred de Mus-
set, et entre la gauche ouverte et la gauche fermée, il n'y a
guère de place que pour les courants d'air.
Aussi, ce que nous pouvons souhaiter de mieux dans cette
circonstance politique, c'est qu'aucun de nos opposants n'y
attrape une fluxion de poitrine.
Au moment où, faute d'eau, l'on fauche dans quelques pays
les blés avant qu'ils ne soient mûrs, on est encore dans l'ac-
tualité en parlant des choses relatives à la sécheresse. "
Dans la campagne de l'Orléanais, c'est particulièrement sur
les curés que les paysans font retomber la responsabilité du
fléau.
Voici, a ce sujet, deux anecdotes parfaitement authen-
tiques :
Un campagnard, arrivant au village, affirme qu'en passant la
veille, a minuit, dans une sapinière, il y a vu distinctement
cinq curés rassemblés, en train de dire une messe où le diable
tenait la place du bon Dieu.
Un autre raconte que le curé d'un pays a mis au four un pâté
renfermant un crapaud, un lézard et une couleuvre, chacun de
ces reptiles tenant dans sa gueule un épi de blé, un épi d'orge
et un épi d'avoine.
Le tout, messe et pâté, pour assurer la continuation de la
sécheresse et forcer ainsi les cultivateurs à venir l'église faire
des nenvaines.
Voilà qui plaide mieux en faveur de l'instruction des masses.
Et nu ne erudimini.
11 a été question un instant de dédoubler certains ministères.
Celui dont le portefeuille est tenu par M. Maurice Richard a,
.au contraire, augmenté ses attributions, dans le courant du
mois passé.
Jusqu'alors ce département ne comprenait que les arts libé-
raux tels que la peinture, la sculpture, la musique, etc.
M. Maurice Richard y a ajouté l'art de remporter sa veste.
On comprend tout de suite qu'il s'agit ici du maître d'Ornans
et de la croix de la Légion d'honneur.
Quand on a, comme Courbet, du rouge dans ses opinions, on
n'a pas besoin d'en mettre à sa boutonnière.
C'est, d'ailleurs, ce que le peintre a dit lui-même au ministre
des beaux-arts dans des termes qui pourraient faire envie à plus
d'un prosateur.
—oîOo—
C'est au mois de décembre que M. Emile Ollivier devra réci-
ter à l'Académie son discours de réception.
Au mois de décembre, M. Ollivier sera définitivement aca-
démicien.
Au mois de décembre, le froid se fait déjà sentir ; aussi, pour
communiquer un peu de chaleur à ses périodes, M. Ollivier se
verra peut-être forcé de battre la semelle, dans son discours,
avec un Auvergnat de bonne volonté, à moins qu'il ne préfère y
allumer un petit feu de bois mort, et si, même
avait un peu d'adresse, il n'hésiterait pas un instant d Q^iiT
dernier moyen, car il y trouverait une occasion ^1?^
débiter ses fagots. ■ excellente de
-ocg3)o—
A la distribution des pris accordés aux élèves in», e
de la maternité, Mlle Soulard a obtenu le prix de s ' ' ^
Donc Mlle Soulard saigne très-bien. sai£nee.
Le plus cocasse est le prix de bonne conduite hBNtrA>
Mlle Gévaudan. aceordee à
Il semblerait tout d'abord qu'un prix de bonne conduit a
vrait être inutile à une femme qui se donne comme s
paraît que non. &'• H
C'est un enseignement, mais il ne suffit pas; on se dm
encore ce que ce prix de bonne conduite, décerné à un
des élèves, peut bien signifier à l'égard des autres?' * SCUle
HIPPOLïTB BRIQUET.
L'EXPOSITION
DES VOLATILES ET ANlIïfâUX DE FANTAISIE
— Eh bien?
— J'en sors.
— C'est amusant?
— A crever...
— Avez-vous vu beaucoup d'animaux, là bas?
— J'ai rencontré quelques créanciers.
— Je ne vous demande pas cela.
— Ah! les animaux de fantaisie, alors?
— Oui, parbleu!
— Oh! c'est toute une ménagerie.
— Bahl
— Oui. Une véritable arche de Noë.
— Pas d'éléphant, j'espère.
— Non, mais M.' S.. , n° 347, a envoyé un chameau Moud.
— Un chameau t
— C'est son ami unique. On est bien libre d'avoir un cha-
meau chez soi, demeurât-on au cinquième.
— Mais alors ce M. S... est un arabe?
— C'est un huissier.
— Oh! c'est la même chose....
— La même chose!... non pas!... je préfère l'habitant du
désert.
— Et vous n'avez remarqué que cela?
— J'ai vu bien d'autres bêtes. La zoologie a envoyé là ses
représentants les plus distingués... des chiens... des chats.,.
— Des chats?...
— Oui. Ils sont exposés par mesdames Saint-Carmin, Bou-
che-d'Egout, Peau-de-Satin.
— Pourquoi cette cédille ?
— C'est un mot? — Il est vieux — et je ne le savoure pas.
— Alors, vous dites qu'il y a beaucoup de chats.
— Toute une gouttière ! La plupart de ces dames ont un joli
chat, et elles tiennent à le montrer souvent.
— Je comprends ça.
— On a envoyé aussi des lapins. Ils battent du tambour.
— C'est parfait. L'affiche porte qu'on pourra exposer un re-
nard... Avez-vous vu un renard de fantaisie.
— Non... et puis il était de trop bonne heure.
— C'est cela. On ne l'avait pas encore lâché. !
— Peut-être... mais, en revanche, les canards foisonnent. On
croit lire le Petit Journal en regardant les cages où ils sont en-
fermés.
— Et des perroquets I
— Des bottes de perroquets. Des perroquets à bec que
veux-tu.
— Et parmi les poissons?
— Un monsieur N..., de St-Onler... a envoyé un hareng saur
— Etrange !
— C'est l'animal qu'il préfère, a-t-il ajouté sur sa carte d'ex-
posant.
— Mais c'est de la folie.
— C'est exact. Nous avons aussi le poisson rouge du capi-
taine Bastouil, déjà nommé.
— Un poisson rouge ?
— Rouge, et irréconciliable... Ce pauvre cyprin, séparé de
son maître, depuis dimanche, languit dans son bocal...
—- Infortuné !
— Pour le consoler, on a dû suspendre au-dessus de sa de-
meure un vieux pantalon rouge.
— Et cela le console?
— Cela lui arrache, de temps à autre, un pâle sourire.
— Il ne mourra point, n'est-ce pas? Ohl non!
— Non. Rassurez-vous. Il grandira, car il a, pour ne pas per-
dre courage, l'exemple de MM. S et Z, ses confrères, qui vivent
si bien, entre deux eaux.
— Pauvre petit poisson f
— Mais il est voué au rouge, lui, tandis que MM. X et et 2
sont voués aux groseilles.
— C'est ça.
— Une dame, du meilleur monde, expose un escargot sympa-
thique, quoique borgne.
— Est-ce qu'il montre ses cornes?
— Non, il emboite le pas derrière le mari de la dame eu ques-
tion.
— Enfin, je le vois, vous vous êtes amusé, là-bas.
— Mon Dieu, oui. Ça me rappelait le boulevard, tous ces
êtres-là ; des serins, des rats, des tortues, des pierrots, des
grues, des taupes...
— Et des grenouilles?
— Non. Pas une grenouille. — La dernière, à ce qu'il parait,
a été mangée, en train express, entre Erquelines et Bruxelles
par un caissier qui mourait de faim,
— C'est dommage.
— Evidemment... pour les autres.
CASIMIR CODËUli.
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Ob ras dte c^ tfiit ^ lâ jeiQeise de II. .lr?er
liste qoi et m&rt trop jeune,
E Était en rnélorinue ; m joer, le professeur
sujet de narration française, l'Eloje it lu
pour Mers ne été l'ipris niiuri. les riitj
teit i Itaji, (i orale fctieusntnt, e
s'écoule pis sans que claeun d'eei; ait noirci
eanier de pipier^iaidlsijtde paresse,01
trop conscitueiens,
I^mJjoMBieitataJMritrts,
fssscEr fi protontei su jugsraM. - Dn seul
ie IiKoin de dite que c'est celui d'Arversl
-^•«professe»,.,,,
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Untraité passé entre
>'administrât.!on de l'E-
clipse et MM. Margeli-
don et Georges Hébert,
45, rue Lafayettc, in-
venteurs du nouveau
procédé baptisédunom
de Pseudo - Céramique,
nous permet d'offrir au-
iourd'hui à nos abon-
nés d'un an une prime
vraiment exception-
nelle ;
Le buste de la
Liberté, réduction
exacte de l'œuvre de
M. Georges Hébert,
terre cuite mesurant
50 centimètres de hau-
teur avec son support.
Cette figurine, facile
à accrocher à la mu-
raille, peut également
prendre place sur un
meuble, sur un rayon
d'étagère et de biblio-
thèque, sur un marbre
de cheminée ou de con-
sole. Elle peut erner
indifféremment le sa-
lon ou le boudoir, la
chambre à coucher ou
le cabinet de travail.
Prix de la Prime avec l'abonnement d'un an :
PARIS (prise dans nos bureaux)..................... 13 fr.
DÉPARTEMENTS (prise dans nos bureaux, emballage
compris)......................................... 15 fr.
Le port reste à la charge du destinataire.
Nos abonnés déjà inscrits peuvent jouir de cette prime, en
déduisant des prix ci-dessus indiqués le monta i-1 rie l'abonne-
ment déjà paye.
AVIS IMPORTANT. — Nous rappelons à nos abonnés
que tout renouvellement, changement d'adresse ou réclamation,
doit être accompagnée de l'une des dernières bandes du journal.
JOLI COCHER
De l'Odéon à Batignolles, et même de Batignolles à l'Odéon,
je ne sais rien de plus agaçant que d'avoir pour vis-à-vis, en
omnibus, une femme grasse, très-pâle, aux cheveux bruns
épars, endormie en outre, et qui rappelle d'une façon frappante
l'infortunée Mme Kinck sur les dalles de la Morgue.
Je vous avoue, sans fard, qu« je préfère infiniment à cette
femme épaisse, exsangue et brune, une petite cocotte, d'essence
vulgaire peut-être, mais dans l'œil de laquelle on peut lire ce
bel alexandrin ;
Balançoire et bosquets, matelotte et friture.
Oui, j'aime mieux cela. Et vous ?
Or, ces jours-ci, pour échapper à l'envie de crier : — A l'as-
sassin ! qui me prenait violemment à la gorge, en regardant
mon sinistre vis-à-vis, je m'élançai, tel un singe habile à déni-
cher les cocos, sur le marchepied qui conduit à l'impériale.
Hosannah ! — Je m'assis à.la seule place qui ne fût pas oc-
cupée. Elle était située auprès du siège du cocher.
Un joli cocher.
Un très-joli cocher, je> le répète. Blond, à la chevelure fine-
ment bouclée, aux petites moustaches triomphantes.
Joli cocher!
Pour orner son chapeau de cuir bouilli, le joli cochej avait at-
taché, à la bourdaloue de ce luisant couvre-chef (d'autres disent
le ruban), un paquet de plumes multicolores.
Qui expliquera jamais les mystérieuses causes du goût des
cochers d'omnibus pour un petit panache de plumes ou de
fleurs polycolores, fixé par une épingle à la ganse de leur coif-
fure?
Problème ! énigme ! charade !
Mon joli cocher, qui m'avait pris en amitié tout d'abord, dai-
gna, à partir du boulevard des Italiens (nous allions à Clichy),
me confier ses chagrins et ses ennuis.
De-temps à autre, lorsque le conducteur lui donnait le signal
d'arrêt, en tirant 3e cordon, le joli cocher, parlant à ma per-
sonne, murmurait :
— Trombat tire le cordon comme un ours !
Puis il reprenait :
— Sacré animal ! tu ne pouvais pas descendre tout à l'heure.
Malheur 1
Ces paroles s'adressaient alors à tout voyageur qui quittait,
d'un pas incertain, le seuil de l'omnibus.
Mais ces sourdes imprécations cessèrent soudain, et le
sourire reparut sur la lèvre du joli cocher, lorsque nous arrivâ-
mes au pied de ce Calvaire sans moralité, qui a nom : Notre-
Dame-de-Lorette.
Le joli cochei' devint charmant, causeur, prolixe.
L'omnibus, muni de son cheval de renfort, montait la côte
d'un pas qui rappelait l'allure du jeune malade de Millevoye.
Le joli cocher se renversa en arrière sur le dossier de son
siège, planta son fouet dans sa gaine, et, après avoir échangé
quelques mots railleurs avec le conducteur du cheval de ren-
fort, une espèce de nain boiteux, au chapeau de cuir bouilli,
garni de vertes- feuilles,, il: me dit :
— Farceur!' vous la connaissez, hein?
— Moi?qui?... Vous dites?
— Oui, la petite, au second, peignoir à rubans bleus.
En proférant cette soudaine accusation, le cocher clignait de
l'œil, et me poussait du coude.
J'aurais pu faire ma tête, n'est-ce pas, et envoyer promener
cet automâdon, comme l'appellerait M- Prud'homme.
Je ne fis pas ma tête du tout. Et je répondis :
— Cher ami, je ne connais nullement ces dames de la rue
Notre-Dame-de-Lorette. Je suis étranger au quartier. Mais
vous, mon brave, vous me paraissez être assez au courant?...
— Oui, je suis un peu à la coule, voyez-vous Quand on passe
comme ça toute la journée, dame, au bout d'un an, on connaît
son monde.
— Vous êtes un heureux gaillard?
— Oh ! on se salue en passant, voilà tout.
En effet, on so saluait en passant. Le joli cocher, fier comme
un coq, souriait, faisait de l'œil, grimaçait.
A tous les étages, partout, des minois chiffonnés lui fai-
saient des mines amicales.
Les bonnes des cocottes hautaines envoyaient des baisers au
joli cocher,'à la profonde stupéfaction des voyageurs pudi-
bonds de l'impériale, qui, croyant que ces marques d'intérêt
vif s'adressaient à eux, rougissaient et baissaient le nez.
Soudain, le joli cocher désignant du doigt une belle femme,
très-pâle, qui se penchait fièrement à sa fenêtre, me dit : ,
— Elle fait sa Sophie... connu ! — Faut pas me la faire, ma
belle dame. Nous savons d'où vous revenez, mon chat, ajouta-
t-il avec indignation... Une saison à la maison de retraite du
faubourg Saint-Denis !
. Cependant les femmes de chambre, les servantes, les filles
de boutique, droites sur le pas des portes, ou assises à leurs
croisées ne cessaient de combler le joli cocher de signes télé-
graphiques, et de muets appels amoureux.
Lui, comme un souverain que les vivats n'émeuvent guère, il
passait lentement la revue des cœurs qu'il avait frappés.
Cette revue dura jusqu'au moment où l'omnibus, cahin-caha,
toucha à la rue Fontaine.
Mais, avant de rassembler les rênes flottantes, le joli cocher
jeta un dernier regard irrésistible sur les marchandes potelées
du Marché Saint-Georges.
Et à côté de la fruitière qui, dans son émoi, laissait tomber
les artichauts offerts à une cliente, la marchande de poissons,
blême de jalousie, souriait mélancoliquement en arrachant la
peau d'une sole.
Joli cocher !
ERNEST D'HERVILLY.
PICHENETTES ET CR0QUIGN0LES
On ne sait encore à quel tranche-montagne on doit attribuer
la séparation de la gauche au Corps législatif; mais on est
sûr qu'elle est séparée par moitié.
Nous n'avions jusqu'alors qu'une gauche, à présent nous en
avons deux : la gauche ouverte et la gauche fermée.
Seulement la gauche ouverte ne l'est pas tellement qu'on ne
la puisse fermer au besoin et !a gauche fermée n'est pas non
plus fermée au point de ne pouvoir l'ouvrir à l'occasion.
Cette situation ne paraît pas avoir d'autre inconvénient que
de mettre certains esprits irrésolus à même de faire un choix,
absolument comme s'il s'agissait de la porte d'Alfred de Mus-
set, et entre la gauche ouverte et la gauche fermée, il n'y a
guère de place que pour les courants d'air.
Aussi, ce que nous pouvons souhaiter de mieux dans cette
circonstance politique, c'est qu'aucun de nos opposants n'y
attrape une fluxion de poitrine.
Au moment où, faute d'eau, l'on fauche dans quelques pays
les blés avant qu'ils ne soient mûrs, on est encore dans l'ac-
tualité en parlant des choses relatives à la sécheresse. "
Dans la campagne de l'Orléanais, c'est particulièrement sur
les curés que les paysans font retomber la responsabilité du
fléau.
Voici, a ce sujet, deux anecdotes parfaitement authen-
tiques :
Un campagnard, arrivant au village, affirme qu'en passant la
veille, a minuit, dans une sapinière, il y a vu distinctement
cinq curés rassemblés, en train de dire une messe où le diable
tenait la place du bon Dieu.
Un autre raconte que le curé d'un pays a mis au four un pâté
renfermant un crapaud, un lézard et une couleuvre, chacun de
ces reptiles tenant dans sa gueule un épi de blé, un épi d'orge
et un épi d'avoine.
Le tout, messe et pâté, pour assurer la continuation de la
sécheresse et forcer ainsi les cultivateurs à venir l'église faire
des nenvaines.
Voilà qui plaide mieux en faveur de l'instruction des masses.
Et nu ne erudimini.
11 a été question un instant de dédoubler certains ministères.
Celui dont le portefeuille est tenu par M. Maurice Richard a,
.au contraire, augmenté ses attributions, dans le courant du
mois passé.
Jusqu'alors ce département ne comprenait que les arts libé-
raux tels que la peinture, la sculpture, la musique, etc.
M. Maurice Richard y a ajouté l'art de remporter sa veste.
On comprend tout de suite qu'il s'agit ici du maître d'Ornans
et de la croix de la Légion d'honneur.
Quand on a, comme Courbet, du rouge dans ses opinions, on
n'a pas besoin d'en mettre à sa boutonnière.
C'est, d'ailleurs, ce que le peintre a dit lui-même au ministre
des beaux-arts dans des termes qui pourraient faire envie à plus
d'un prosateur.
—oîOo—
C'est au mois de décembre que M. Emile Ollivier devra réci-
ter à l'Académie son discours de réception.
Au mois de décembre, M. Ollivier sera définitivement aca-
démicien.
Au mois de décembre, le froid se fait déjà sentir ; aussi, pour
communiquer un peu de chaleur à ses périodes, M. Ollivier se
verra peut-être forcé de battre la semelle, dans son discours,
avec un Auvergnat de bonne volonté, à moins qu'il ne préfère y
allumer un petit feu de bois mort, et si, même
avait un peu d'adresse, il n'hésiterait pas un instant d Q^iiT
dernier moyen, car il y trouverait une occasion ^1?^
débiter ses fagots. ■ excellente de
-ocg3)o—
A la distribution des pris accordés aux élèves in», e
de la maternité, Mlle Soulard a obtenu le prix de s ' ' ^
Donc Mlle Soulard saigne très-bien. sai£nee.
Le plus cocasse est le prix de bonne conduite hBNtrA>
Mlle Gévaudan. aceordee à
Il semblerait tout d'abord qu'un prix de bonne conduit a
vrait être inutile à une femme qui se donne comme s
paraît que non. &'• H
C'est un enseignement, mais il ne suffit pas; on se dm
encore ce que ce prix de bonne conduite, décerné à un
des élèves, peut bien signifier à l'égard des autres?' * SCUle
HIPPOLïTB BRIQUET.
L'EXPOSITION
DES VOLATILES ET ANlIïfâUX DE FANTAISIE
— Eh bien?
— J'en sors.
— C'est amusant?
— A crever...
— Avez-vous vu beaucoup d'animaux, là bas?
— J'ai rencontré quelques créanciers.
— Je ne vous demande pas cela.
— Ah! les animaux de fantaisie, alors?
— Oui, parbleu!
— Oh! c'est toute une ménagerie.
— Bahl
— Oui. Une véritable arche de Noë.
— Pas d'éléphant, j'espère.
— Non, mais M.' S.. , n° 347, a envoyé un chameau Moud.
— Un chameau t
— C'est son ami unique. On est bien libre d'avoir un cha-
meau chez soi, demeurât-on au cinquième.
— Mais alors ce M. S... est un arabe?
— C'est un huissier.
— Oh! c'est la même chose....
— La même chose!... non pas!... je préfère l'habitant du
désert.
— Et vous n'avez remarqué que cela?
— J'ai vu bien d'autres bêtes. La zoologie a envoyé là ses
représentants les plus distingués... des chiens... des chats.,.
— Des chats?...
— Oui. Ils sont exposés par mesdames Saint-Carmin, Bou-
che-d'Egout, Peau-de-Satin.
— Pourquoi cette cédille ?
— C'est un mot? — Il est vieux — et je ne le savoure pas.
— Alors, vous dites qu'il y a beaucoup de chats.
— Toute une gouttière ! La plupart de ces dames ont un joli
chat, et elles tiennent à le montrer souvent.
— Je comprends ça.
— On a envoyé aussi des lapins. Ils battent du tambour.
— C'est parfait. L'affiche porte qu'on pourra exposer un re-
nard... Avez-vous vu un renard de fantaisie.
— Non... et puis il était de trop bonne heure.
— C'est cela. On ne l'avait pas encore lâché. !
— Peut-être... mais, en revanche, les canards foisonnent. On
croit lire le Petit Journal en regardant les cages où ils sont en-
fermés.
— Et des perroquets I
— Des bottes de perroquets. Des perroquets à bec que
veux-tu.
— Et parmi les poissons?
— Un monsieur N..., de St-Onler... a envoyé un hareng saur
— Etrange !
— C'est l'animal qu'il préfère, a-t-il ajouté sur sa carte d'ex-
posant.
— Mais c'est de la folie.
— C'est exact. Nous avons aussi le poisson rouge du capi-
taine Bastouil, déjà nommé.
— Un poisson rouge ?
— Rouge, et irréconciliable... Ce pauvre cyprin, séparé de
son maître, depuis dimanche, languit dans son bocal...
—- Infortuné !
— Pour le consoler, on a dû suspendre au-dessus de sa de-
meure un vieux pantalon rouge.
— Et cela le console?
— Cela lui arrache, de temps à autre, un pâle sourire.
— Il ne mourra point, n'est-ce pas? Ohl non!
— Non. Rassurez-vous. Il grandira, car il a, pour ne pas per-
dre courage, l'exemple de MM. S et Z, ses confrères, qui vivent
si bien, entre deux eaux.
— Pauvre petit poisson f
— Mais il est voué au rouge, lui, tandis que MM. X et et 2
sont voués aux groseilles.
— C'est ça.
— Une dame, du meilleur monde, expose un escargot sympa-
thique, quoique borgne.
— Est-ce qu'il montre ses cornes?
— Non, il emboite le pas derrière le mari de la dame eu ques-
tion.
— Enfin, je le vois, vous vous êtes amusé, là-bas.
— Mon Dieu, oui. Ça me rappelait le boulevard, tous ces
êtres-là ; des serins, des rats, des tortues, des pierrots, des
grues, des taupes...
— Et des grenouilles?
— Non. Pas une grenouille. — La dernière, à ce qu'il parait,
a été mangée, en train express, entre Erquelines et Bruxelles
par un caissier qui mourait de faim,
— C'est dommage.
— Evidemment... pour les autres.
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