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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 3.1870

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https://doi.org/10.11588/diglit.3704#0196
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L'ECLIPSE

à mains ouvertes : — Sois le bien-venu, lui a-t-il dit, je ne
veux que des Guénée.

Pardonnons à l'ancien imprésario des Dèlass-Com. d avoir un
instant reparu sous le soldat. Les mauvais calembours n em-
pêchent pas les bons coups de pointe.

Aimard, lui, a plus de couleur locale ; il rencontre Adolphe
Belot, devant la terrasse du Café de Suède : Eh\ b nuage qui
passe ! le hêle-fc-il, es-tu des nôtres ?

Le baptême de sobriquets identiques que le citoyen Gustave
'se prépare à verser sur la tête de quelques-uns de ses confrères,
en cas d'enrôlement, vaut la peine qu'on .en prenne acte.
Claretie s'appellera la clarté qui marche.
Monseïet, le ventre qui roule.
About, le mot qui court.
'*■] Saint-Victor, la pluie de feu.

Paul Foucber, Vœil de lynx.
Aubryèt, réclair qui brille.^
Ponson, la mitrailleuse littéraire.
Siraudïn, le siroco qui souffle.
Sarcey, la plume qui crache.
"Veuillot, la grêle qui cingle.'
Denner.y, le bison blanc. j,
Blum/te girafe rouge.

Nadar, le vent qui vient à travers la montagne. , .

Rien que pour être décoré de l'un de ces surnoms parlants, on
se volontairiserqit !

Mais le plus beau, le pïus, caractéristique, le plus curieux,
c'est d'entendre notre ami Aimard^.névreusement penché sur la
carte, avec sori'copin Rolando^Rolandini :

__Suis-morbien, Dalle franche.

__Vas-y, Valentin;je t'emboîte-.''';

__Nous commençons par" purger le sol de la patrie, des

Pirates des bois qui l'ont infeste et infecté.
—-Tu veux dire les Prussiens." '
■i — Ça va de soi. "v "-„.,,
__'l^ous nous emparons du. Loup rouge.

— Cette crapule de Bismark".

— ciiacun sait ça... et nous le scalpons.

— Parfait!.-.

' Je le palpe, ■'■■

. ^ Ce -vieux: loup,' \

D'un seul coup! i-

•"■ ^à-'Nbus faisons ensuite notre jonction avec le chacal noir.
■— Louis Noir ? Le frère 'de Victor ?

— Précisément ; et, après avoir délivré Phalsbourg et Stras-
bourg, nous entrons de cache en cac/ie, en Allemagne avec notre
Cuadrilla..

—'Garai ! ça va comme sur des rails.

— D'autant mieux que nous avons préalablement expédié à
Bicêtre (5° division, fous furieux) le roi Guillaume de- Prusse,
surnommé dorénavant Stanapat ! ^

— La main de sang.

—'Très-bien I tu traduis à;-mer veille Le Comanche; on voit que
tu as lu, relu et relié mes oeuvres "complètes. (Amyot, éditeur, 8,
'rue, delà Paix,'Paris.) .. .,

—-"Ôbntinue,. je fais le trapèze à tes lèvres. i. .

— Nous révolutionnons l'Allemagne au nom de la République
universelle; le Danemark, le Holstein, le Hanovre, leLuxem-
bourgî- tous les peuples se soulèvent à l'appel de mon ihko-
chekaï,. W ^ \ ., ...

— Sifflet deguerre fait d'un tibia d'homme.' ;

—'Merci de'l'explication, au nom des déshérités de l'esprit,
qui ne'disent que du Trimm-Timothée... — Et nous allons signer
à Berlin, avec nos indignes- ennemis, après les avoir lassés et
\lacês, une paix honorable, durable et réparatrice I

— Braf o 1 bis I vive le capitaine Aimard, l'exterminateur !
gloire au grand chef d'occas. 1... , _

— Là-dessus", allons-y crânement et carrément I Avec du fer
, et de-la harina tostada...

— .Farine rôtie.

__'On peut conquérir le monde '

Et maintenant, Aimard et Roland, et vous tous qui marcherez
avec jsux à la victoire ou à la mort, ne nous en veuillez pas
^a,'avôir cherché encore une fois à provoquer le rire...

Vous,savez que, si nous l'avons fait, c'est pour empêcher bien
des gens de pleurer! ' '' \

'■ ? JUSTIN LANGLOIS.

t ak iWain

'<i Lfi REVOLUTION

\i\ -:■• .....

Mon Dieu, oui, comme cela : sans un coup de canou, — sans
un coup de fusil, — sans un coup de poing!..,

Sans briser une vitre chez M. Grandperret I Sans casser une
patte au bon petit père Delesvaux ! '...

Sans jeter un caillou à la tête d'un sergent de ville! Sans
clouer une injure sur la portedecet autre bureau de police
dans lequel les ciseaux de M. Juillerat, aiguisés à la serre de
l'aigle, rognaient les ailes aux moineaux-franc s !...
!. Sans une barricade! Sans une pétarade! Sans une goutte de
sang! Presque sans une goutte d'encre !...

En une heure, — en un zeste, en un rien, — le temps de dé-
poser ses hommages sur lés genoux de madame de G... et de
devenir, par ce- seul fait, le plus fortuné des mortels...
. t.Le gouvernement, né du guet-à-pens de décembre, s'est
'perdu — corps et biens — dans l'abîme de désastres, creusé
par les boulets prussiens, où dorment, côte à côte, les héros,
'lès martyrs de Wissembourg, de Spikeren, de Reiscboffen et de
Sedan! '..'

''■; La Veille

J'étais aux ''Français. On donnait le Lion amoureux. Chose
étrange : malgré la gravité de la situation, la salle était gavée
de monde. Beaucoup d'uniformes l'étoilaibnt : des officiers
d'inftmterie et rie cavalerie, des mobiles, des zouaves, des tur-
cos. J'avais pour voisin, à l'orchestre, un- jeune capitaine de
spahis. 11 me conta l'anecdote suivante :

En débarquant à la Véra-Cruz, Bazaine avait pris pour or-
donnance un indigène très intelligent, très dévoue, mais pares-

seux, oh ! mais, là, paresseux comme un Mexicain — qu'il
était.

On marcha sur Puébla. Une nuit, le général entendit son or-
donnance, qui couchait sur une uatte eu travers de sa tente,
gémir . -

— J'ai soif. Ah! que j'ai soif
Bazaine l'appela :

— José! * -

— Senor?

—■ Va me chercher un verre d'eau.

— Oui, senor. ' ,

Le Mexicain se lève — péniblement •- et exécute l'ordre en
maugréant.

— Général, voici le verre d'eau.... -,

— Eh bien, bois-le toi-même, animal, puisque lu as soif.

.... On commente à voix basse les sinistres nouvelles de l'ar-
mée. L'angoisse tord les cœurs. Tous les regards sont noirs de'
■ douleur et de révolte. Toutes les lèvres semblent prêtes, comme
dit Shakespeare, à sonner la trompette des malédictions...

Sur la scène, les artistes partagent la fièvre qui brûle le spec-
tateur. Leroux bredouille, Bressanfpatauge, Madeleine Brohan
se hâte, Febvre estpîus exécrable encore que de coutume... !

Tous les passages de la pièce qui prêtent à des allusions pa-
triotiques sont accueillis par des explosions d!enthousiasme et
de bravos...

Après le premier acte, je rencontre X... au café du théâtre.

— Vous savez ce qui se passe? lui dis-je en lui serrant la
main.

Il me répond d'un air navré :, .

— Oui, Clarisse Miroy est morte.

... Quelques minutes plus tard, l'orchestre attaque laMarseil-
laise, la toile se relève et mademoiselle Agar s'avance vers la
rampe en tunique blaoche et les bras nus, telle que Gill l'a re-
présentée dernièrement dans l'Éclipsé.

La beauté et le talent — également massifs — de cjtte tra-
gédienne de Saint-Gratien ne me sont'qu'à moitié sympa-
thiques...

Pourtant, quand, allongeant le doigt pour désigner l'ennemi
invisible qui s'approche, ivre de victoire, elle nous crie :

Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils et vos compagnes!

le frisson me saisit; il gagne la salle entière; nous voyons les
uhlans de Guillaume accourir des profondeurs de l'horizon,
comme jadis les Huns d'Attila et les Cosaques de Platow sur
leurs petits chevaux de l'Ukraine...

Puis, quand avec une effusion attendrie, et comme fondue en
pleurs à l'idée sainte de la patrie, elle s'agenouille et se noie
dans les plis tricolores du drapeau symbolique- une émotion
qu'on ne saurait décrire s'empare du public...

Tout le monde est-debout...

Les femmes sanglotent...

Les hommes, le poing crispé, tâchent de se contenir dans
l'immobilité de leur résolution implacable...

A la fin, une immense clameur s'échappe des poitrines :

— Vive la France !

Au dehors, la foule amassée sous le balcon du gouverneur
de Paris riposte par une rime significative.

— Déchéance!

—og^io—

. Nous sortons.
La .nuit est claire et tiède. Les rues, les places, les boule-
vards sont encombrés de groupes jaseurs. Par instants, un ton-
nerre gronde .

— A la Chambre !

Un paisible bourgeois, le nez en l'air, étudie le firmament..
Un loustic l'interroge :

— Qu'est-ce que vous "regardez? S'il pleuvra ou s'il fera beau
demain?

— Oui, monsieur; c'est-à-dire si nous aurons la Régence ou
la République.

Le Jour

. Il fait un tempe superbe.

' Le peuple s'amasse et bourdonne autour d'une proclamation
ministérielle qui lui apprend la terrible vérité, et me rappelle,
à moi, ce fait, ce mot d'une autre époque :

Au moment d'une bataille, les troupes étaient en position et
le feu ne pouvait tarder; un gentilhomme espagnol, alors au
service de la France, reçut un courrier, lui annonçant que son
père, le marquis d'Ag.\., était à la dernière extrémité et le
rappelait en toute hâta près de lui.

Au lieu de mettre cette dépêche dans sa poche et d'attendre
au lendemain de la bataille pour demander son congé, notre
homme piqua droit vers M. de Créquy, lequel était notoire-
ment connu pour être un bourru peu bienfaisant.

Le maréchal était en avant des lignes, à cheval au milieu de
son état-major, et donnant ses derniers ordres ; les tirailleurs
des deux armées arrivaient à portée de mousquet,- et plusieurs
coups de feu" étaient échangés, quand l'officier, communiquant
la dépêche à M. de Créquy, lui demanda l'autorisation d aller
remplir son devoir filial :

— Allez, Monsieur, dit le maréchal de son air sombre et fier,
et lui rendant la dépêche, allez ! continua-t-il en lui tournant le
dos :

Tes père et mère honoreras
Afin de vivre longuement.

—0(^)0—

Celui qui. était-l'Empereur a préféré, lui aussi, vivre longue-
ment.

Ah çà I à défaut du poison que le docteur Iwan prépara pour
son oncle, il n'avait donc pas sous la main le pistolet de Beau-
repaire !

Ce ne sont cependant pas les pistolets—historiques-—qui man-
quent dans la famille...

Il y a celui de Boulogne...

Et celui d'Auteuil aussi.

Vive la République!

Il est midi. Des bataillons de la garde nationale défilent sur
le boulevard et se dirigent vers la place de la Concorde. Une
afftuence énorme les accompagne.

Polo m'emmène déjeuner. Nous croyons avoir le temps. Que
diable! on n'improvise pas une révolution. Celle de 1789 a mis
des années à s'accomplir; celle de 1830, trois jours; celle de
1848, quarante-huit heures !...

Ah! bien oui! On a joliment changé tout cela! Hurrah ! les
choses vont vite — et les Prussiens pareillement !...

Nous avons beau mettre les morceaux doubles...

Lorsque nous descendons, on nous dit :

— Ça y est t

Il n'y a plus un seul sergent de ville...

Et le gardien du passage Jouffroy est en train de briser, au-
dessus de la grille, à renfort de coups de marteau, les armes
de l'Empire, qu'il a encore sur son kepi.

Allons! puisque les valets à livrée se montrent, sans ver-
gogne, couards et insolents, décidément ça y est\

Mais c'est égal : vous n'êtes pas gentils, messieurs les Pari-
siens !

Vous auriez pu attendre que nous ayons fini de prendre
notre café... - ■

Sacrebleu! ou ne change pas de gouvernement les-uns sans
les autres! Faudrait voir ànous faire signe,la prochaine fois I.,.

Comme les mains s'étreignèat ! comme les chapeaux s'agi-
tent ! comme l'on fraternise d'acclamations ! Comme on se re-
dresse I' -omme on se. sent léger I comme ou respire! Dame
vous comprenez, une dynastie de moins sur l'estomac

Ouf!...

On nous informe de ce qui s'est passé au Corps législatif

Queiquun m'annonce :

— Victorien Sardou a; pris les Tuileries.

f T^.'f -possible 1...-Au moins, l'a-t-on poursuivi, rattrapé,

— Ah! mais il les a' rendues tout de suite.

■ — V?uy ™vez. ' ■ Aussi Je me disais : Un homme si riche est
incapable cfe s approprier autre chose qu'une idée.

L'EIôfeï-de-Ville

Il est quatre heures. La foule compacte ondule et se fend avec
un grondement, d'allégresse. C'est Rochefort qu'on apôone dé-
livre des bastilles. Sa ligure pale émerpe d'une sorte de caché-
nez rouge -. on dirait d'une tête coupée qui baigne dans son

Plusieurs de mes confrères viennent offrir au gouvernement
de défense nationale le concours de leur patriotisme et de leur'
dévouement.

C'est drôle : Je n'oserais pas offrir à un pouvoir nouveau-né "
le concours de mon patriotisme et de mon dévouement.

Parole d'honneur ! J'aurais peur qu'on ne me répondît — en
me tendant une mairie, une préfecture ou un bureau de tabac.

— Mon brave homme, c'est tout ce qu'on peut vous faire.

—«O»—
Il y en a, pourtant, qui rendent des services...
Tenez, voici par exemple, mon camarade M..., un Marseillais
pur sang et pur accent, qui s'élance de l'HÔtel-de-Ville eu agi-
tant un papier... B
Je l'arrête au vol :

— Où diable courez-vous?

— Chut ! mon cher, une mission !...

— Une mission?..,

— Regardez plutôt.

Il m'exhibe son papier. J'y lis :

AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE

Laissez passer et circuler librement 1$ citoyen M.... .
Suivent les signatures et le cachet des membres du gouver-
nement. .
M.._. me quitte avec un petit salut de protection.
Curieux, je me mets à ses trousses.
Il entre dans une boutique de la rue de Rivoli...
Et, s'adressant à la marchande : ■

— Quatre sous à fumer pour le citoyen Floquet.

LE MOT DE LA FIN

Assez causé, assez chanté, ass'ez baguenaudé I «

■ Le mot de la fin, le voici :

CITOYENS,
LA PATRIE EST EN DANGER !

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