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PS BESSliS SUPPRSiÉS

N'y a-t-il pas uno absurde anomalie et une révoltante in-
justice dans ce fait :

Un écrivain peut vulgariser aujourd'hui sa pensée sans en-
trave par la voie du. journal, et Le .retours de la loi contre lui,
.s'il y a lieu, ne saurait s-e produire qu'après la, publîcati&n.

Un dessinateur, traduisant la môme idée, est soumis au con-
trôle d'un agent administratif, çui aie droit de suppiHercette
traduction avant qu'elle parvienne au public, et de condamner
ainsi à huis-clos, au gré de ses caprit.es, de ses préjugés, de
ses rancunes personnelles, ce qui, sous l'autre forme, serait
probablement absous devant tous, par la magistrature et le
jury.

Or, écrivain et dessinateur ont le même instrument de pro-
duction : la presse.

En attendant qu'm élu du suffrage universel daigne attirer
l'attention de nos législateurs républicains sur çeLt* singulière
application de l'égalité légale, — nous déclarons que nous en
appellerons désormais de l'arbitraire, maintenu contre le
crayon, à la liberté reconquise — relativement — par la plume.

Chaque fois que la cassure frappera d'interdiction préalable
l'un de nos dessins, nous essaierons de le décrire en quelques
lignes.

Et nous commençons :

I

LS CEISE MGRÉTAIRE

Figures allégoriques : Le petit billet de banque, mendiant
démocrate sur qui un chien lève dédaigneusement la patte, de-
mandant l'aumône aux pièces couronnées, — et repoussé par
elles avec une morgue toute autocratique.

LÉGENDE EXPLICATIVE

Les Pièces de monnaie
— Va te faire... changer.

Le Billet de banque

— Un peu de monnaie, mes
bons seigneurs.

L'Œdipe qui nous expliquera, d'une façon sensée, pourquoi
ce dessin est mis en interdit, pourra réclamer un abonnement
à VEclipse, ou — mieux encore, — un désabonnement à l'Ordre.

L'ÉCLIPSÉ.

ASSEMBLEE NATIONALE

DE VERSAILLES

Séance polaire «î«s & ©éceraafos'c.

L'Eclipsé, qui ne recule devant aucun sacrifice ( cliché)
s'est assuré le concours d'une somnambule de première
classe qui voit les événements à des distances effroyables.

Hier, dans la nuit, à la suite d'une série de passes magné-
tiques opérées sur elle par le garçon de bureau du journal,
notre pythonisse, arrivée à la période extatique, s'est re-
dressée ligide, l'œil fixe, la respiration suspendue; elle est
montée en chemise sur le toit de la maison, en a fait le tour
en sautant à cloche-pied le long des gouttières, et a rédigé,
assise sur le paratonnerre, le procès-verbal anticipé d- la
séance que tiendra le 4 décembre prochain l'Assemblée
Nationale de Versailles. Quand elle a eu fiai, elle a jeté ses
feuillets dans le tuyau de la cheminée qui correspond dans
la salle de la rédaction et est redescendue le long de la fa-
çade de la maison jusqu'à la fenêtre, en se servant de ses
cheveux comme corde à nœuds.

Nous livrons ces feuillets à la publicité.

Séance du 4 Décembre,
Présidence de M. Ghévy

A une heure, M. le président ouvre la séance par quelques
mots bien sentis et seize degrés de froid.

Tous les bouts du nez de la droite sont rouges. De loin, le
groupe des ruraux-fait l'effet d'un bosquet semé de petites ro-
ses pompon; mais pour peu que l'on s'approche l'illusion dis-
parait vite, ohl oui.

M. Saldy, de sa place. — M. le président, est-ce que l'on
ne pourrait pas faire une petite chaude.

M. le président. — Je vous assure que, pour mon compte
personnel, je ne demanderais pas mieux ; mais l'huissier m'in-
forme à l'instant que l'on ne peut pousser plus fort les calori-
fères sous peine de les voir fumer.

Adroite.— Qu'on essaie toujours... ec froid est intolé-
rable .

M. le président donne un ordre à l'huissier qui disparaît.

M. de Kergariou, à la tribune. —Messieurs, je vais avoir
l'honneur de vous soumettre un projet de loi rétablissant le
suffrage universel dans ses véritables limites, desquelles il n'au-
rait jamais dû s'écarter.

La droite applaudit,., pour se réchauffer les mains.

M. de Kergariou, s'enrhumant très-sersiblement. — Oui,
bessieurs\... Atch 1... il faut à tout prix que deus élevionsune
digue, Atch 1... contre ce flot. Atch !... bedaçant que l'on dobbe
le suffrage udiversel ... Atch!...

L'ECLIPSE

sSSHESKÎÏSSF

La droite en masse. —Oui..., oui..., dous voulons en fidir et
étouffer l'hydre de VAdarchiel...

TJno voix chevrotante. — J'aimerais mieux étouffer de
chaleur.

Ce mot jette un froid dont le besoin ne se faisait nullement
sentir.

A ce moment, l'on voit briller quelque chose sous le nez de
l'orateur; ce quelque chose s'allonge en se cristallisant : c'est
le rhume de cerveau de M. de Kergariou qui découle en un long
glaçon jusqu'au pied de la tribune.

M. de Kergariou (cassant son glaçon sous tenez avec le man-
che de li petite-cuiller).—Or, bessieufs..y voïçi le projet de loi
électorale que j'ai l'hodeur de vous soubeltre.

art. 1". — Tous les citoyens sont électeurs, à l'exception :
pribo : de ceux qui de paient pas six cents francs de contribu-
tions. Secundo : de ceux qui dont pas cinquante ans accomplis.
Tierço : de ceux...

A ce moment, la salle est envahie par une fumée intense ; on
ne se voit plus à un pas. O'est l'huissier qui, selon l'ordre du
président, a voulu pousser les calorifères,
' Vois; à ga.acîîe. — Il faut ouvrir les vasistas!...

Voix a droite.—-Boni... don\... dous ne voulons pas qu'on
les ouvre! ..

A gauche. — Si. . si...
' A droite. — Don... don...

Pendant ce débat, M. de Kergariou, qui n'a pas quitte la tri-
bune, continue à se casser son glaçon sous le nez, de trois en
trois secondes.

W. le préaident, agitant sa sonnette dans les ténèbres. — Je
mets aux voix la proposition faite par la gauche d'ouvrir les
vasistas. Que ceux qui veulent qu'on les ouvre se lèvent.

Une partie de l'Assemblée se lève; mais comme on n'y
voit rien, il est impossible de distinguer de quel côté est la
majorité.

M. Tolain. — Il y a un moyeu bien simple : ouvrez les. va-
sistas, la fumée s'en ira, et alors on pourra compter ceux qui
veulent qu'on les laisse fermés.

M, de Kergariou continue à se casser sa glace sous le
nez.

On ouvre les vasistas, et le président peut constater que la
majorité de la chambre a volé pour qu'on ne les ouvre pas.

Huit nouveaux degrés de froid, qui n'attendaient que ça,
se précipitent dans la salle et envahissent les bancs de l'assem-
blée avec une faria qui rappelle le 4 septembre.

M. de Kergariou descend de la tribune et 1« thermomètre à
vingt-quatre degrés au-dessous de zéro.
■ La séance continue.

M. la Président. — La parole est à M. Salvy.

M. Salvy. — Messieurs-... Je viens vous soumettre un projet
de constitution destiné à rendre le calme au pays qui souffre
au-delà de toute expression de l'état provisoire dansjleque], de-
puis huit mois, nous l'avons tenu exprès pour le lasser.

Applaudissements.

Dans un de ces gestes énergiques, dont M, Salvy a le secret,
cet orateur renverse le verre d'eau sucrée do la tribune ; le con-
tenu de ce verre tombe en plein sur-la tête d'un des huissiers.

Heureusement l'eai s'était transformée en un cône de glace,
sans quoi le modeste fonctionnaire eût pu attraper; au moyen
de cette douche, un fort rhume.

Ou constato en l'emportons qu'il n'a que le crâne fendu.

M. Salvy, — Il est Jonc urg&nt, Messieurs, de sortir de cet
état provisoire. Nous sommes dans une période de transi-
tion.....

Une voix. — Dites : de transissement.

M. Salvy (continuant). — ... qui ne peut se prolonger plus
longtemps sans de grands dangers.,, Nous marchons sur un
volcan...

Plusieurs députés de la droite (battant la semelle). — Oh !...
ça... c'est faux par exemple!...

M.. Salvy. — 11 faut à tout prix donner une constitution à
la France.

Une voix. — Je ferai remarquer à l'assemblée que l'orateur
est long dans sou exposé... et .qu'il-a tous les inconvénients
d'une forte bassinoire sans en avoir les avantages.

M. le président. — Je ferai moi-même observer à l'inter-
rupteur que sa sortie est peu parlementaire ; et si l'état de
l'atmosphère ne retenait mes mains dans mes poches, j'agite-
rais la sonnette et le rappellerais sévèrement à l'ordre.

Applaudissements.

M. Salvy. — Voici donc ce que je propose : que l'Assemblée
décide séance tenante la question fondamentale: République
ou Monarchie. Quant à moi, mes convictions sont connues et
je dépose ce premier article:

L'Assemblée nationale proclame ;

Art. 1er La monarchie est rétablie en France.

Profonde émotion. Les députés de la droite ont tous mis leurs
pardessus, relevé leurs collets et se sont enveloppé la tête dans
des passe-montagnes eu tricot.

Un huissier d'extra, passe sans cesse dans les rangs et leur
casse la glace sous le nez.

M. le président. — Je mots aux voix la proposition de M.
Salvy.

M. Tolain qui veut faire une niclie aux ruraux. — Je dépose
une demande de scrutin.

La droite en masse et enrhumée. — Don !.. don !.-. il faudrait
ôter dos bitaides\... il fait trop froid!... par assis et levé!.....

M. le président. — Puisque c'est le désir de la majorité,
nous voterons pas assis et levé. Que ceux qui acceptent l'ar-
ticle ainsi conçu : La monarchie e9t rétablie en France,
se lèvent.

Personne ne bouge.

Pendant que les membres de la gauche rient comme des
fous, on voit les députés de la droite faire des grimaces épou
vantables en essayant en vain de se lever de leur siège. Ils se
trémoussent, s'accrochent à leurs pupitres, rien n'y fait • ils
restent assis et comme figés. '

M. le Président. — Je ne comprends rien à cette abstention
et je renouvelle ma question : que ceux qui acceptent.....

M. Benvenu (Pas de l'Eclipsé, du Finistère). — Nous avons
bien entendu, Monsieur Je Président ; mais nous ne pouvons pas
nous lever, nous sommes gelés dans le fond.

M. Tolain. — Il ne faut pas qu'il y ait escamotage dans un
vote aussi important. Les destinées de la France ne peuvent
tenir à un caprice du thermomètre. La gauche républicaine, dont
je crois être ici l'interprète, renonce aux bénéhees d'une cir-
constance qui enlève aux royalistes leur liberté d'action.

Applaudissements unanimes.

M. Tolain, s'animant. — Que dirait l'histoire, messieurs, si
nous abusions de la pétrification de nos collègues ? Elle fus-
tigerait la séance'du 4 décembre et y accolerait l'épithète infa-
mante de : vAe... des fonds de culottes gelés'.

L'assemblée éclate en applaudissements.

M. Tolain. — Que l'on rende donc tous leurs moyens à nos
collègues de la droite, en dégelant par un moyen quelconque
leur train de derrière.

Une voix. — C'est bien simple, il n'y a qu'à couper tout
au tour avec des ciseaux le fond de leurs pantalons.

Marques d'assentiment dans les tribunes des dames qui,
pour la forme, font semblant de vouloir se retirer.

M. le président. — Ce moyen, qui est radical, j'en con-
viens, ne me semble pas tout à fait convenable; un membre
propose de décoller petit à petit, nos collègues avec de l'eau
tiède... Je crois qu'il faut s'arrêter à ce parti.

Approbation générale.

L'opération commence. Par malheur, les calorifères s'étant
éteints, et cinq nouveaux degrés de froid ayant pénétré dans
la salle, l'eau gèle au fur et à mesure qu'on la verse sur le
cuir des fauteuils.

La congélation des membres de la droite augmente d'instant
en instant et l'on doit bientôt renoncer à l'espoir de les enlever
avant le dégel.

M. Tolain. — Dieu nous est témoin, Messieurs, que nous
avons fait ce que nous avons pu, pour remettre nos collègues
sur pied. Le destin ne l'a pas permis, que la volonté de l'Eternel
soit faite !

Néanmoins, la France ne peut rester dans cet état, je vous
propose d'aller siéger à Paris. Nos collègues de la droite vien-
dront nous y retrouver au printemps, à la fonte des glaces.

M. le Président. — Je consulte la Chambre sur la proposi-
tion de M. Tolain. ■ ,

Tous les membres valides se lèvent pour l'affirmative, la
droite entière ne donne plus signe de vie : elle est complète-
ment prise, on pourrait passer dessus à pied sec.

La séance est levée; les députés de la gauche prennent le
train de la demie.

P. S. — Si l'on en croit Mathieu de la Drôme, qui se trompe
rarementdans ses prédictions, l'hiver 1871-72 sera très rigoureux,
nous aurons constamment 32 degrés au-dessous de zéro et le.
premier dégel ne doit pas commencer avant le 28 mai.

Ainsi s'oit-ilI... D'ici là I...

Pour la somnambule extra-lucide de l'Eclipsé.
LEON BIENVENU.

-~**oooggooe><-

SONNETS-SILHOUETTES

ERNEST-PICARD

Qui donc eut plus de trait que ce piquant Picard,
Parmi les assaillants de notre Bas-Empire ?
Des Cinq il fut tout seul la jeunesse et le rire,..
Maintenant du vieux Thiers vaut-il même le quart "?

11 était trop... normand pour rester... franc-picard : .
A notre Liberté, qu'il aimait en satyre
Avide de faveurs, il n'ose plus sourire, .
Depuis qua du Pouvoir il tira ie brancard.

Dans le box de l'Etat sa verve prit du ventre :
A force d'obliquer vers la Droite ou le Centre,
Il trébucha partout, — ce natif de Bernay,

Pour être ton élu, Paris, qui t'a berné, —

Puis, plus pesant que grave et moins tribun que chantre,

Il s'abattit enfin... poussif et couronné.

Jules Cauvain.

—-—*v\/1 fw*"-*~—

PLUS DE GALONS!

Le chœur des journaux monarchistes vient de pousser, avec
un remarquable ensemble, un cri de, profond désespoir, qui
démontre une tois.de plus de quelle nature sont ses véritables,
ses seules préoccupations :

— Plus de galons I a-t-il gémi en se voilant la face.

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