^^Ê I/ÉCLTPSE
ET GRATUITE
Ouverture àmidiprêds
16, rue du Croissant
DE L'ECLIPSE
séances
ls premier dimanche
DE CIIAQUE MOIS
16, rue du Croissant
Discussions politiques, littéraires, dramatiques, scientifiques e
Magnétisme — Hydrothérapie — Expériences de physique
financières — Exposé de systèmes
- Lutte à main plate, etc., etc.
Séance dix ïjanyier 1873. -Présidence de M. GASTON DE PHFFINSKY
A midi préci?, le président Gaston de Puffinsky prend place
au fauteuil et M. Dahirel en dégoût.
Le duc d'Aumale assiste à la séance ; mais, comme à l'assem-
blée potagère de Versailles, il se tient près d'une porte pour
pouyoir sortir et rentrer facilement, selon que les questions dé-
battues lui conviendront ou ne lui conviendront pas.
M..LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY.—Messieurs .. je
suis heureux que notre séance du premier dimanche de chaque
mois tombe justement le jour des élections. Elle pourra ainsi
influer sur leur résultat De cette journée va peut-être dépen-
dre le,sort de Paris et de la France; car chacun sait que, selon
que la capitale se montrera plus ou moins moutonnière dans
le chois du député qu'elle va élire , les maraîchers de Ver-
sailles se rapprocheront ou s'éloigneront d'elle.
(Marque d'assentiment.)
M. LE président Gaston de puffinsky. — Monsieur le duc
d'Aumale, que j'aperçois là b;is dans le coin, n'a pas demandé
la parole ; je la lui donne. Qu'il veuille bien dire ce qu'il pense
de la conduite que doit tenir Paris en ce jour solennel.
Cette phrase du président n'est pas terminée que le duc d'Au-
male s'est obscurci dans un des couloirs de la salle,
TOUChatout, de sa place, — Je prendrai la liberté de faire
observer à l'assemblée que cette façon de siéger tout autour et
jamais dans le milieu est habituelle aux princes d'Orléans, et
je propose de leur voter, séance tenante, le titre de princes de
Nivelle.
La proposition est votée à l'unanimité.
M. LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY. — La parole est à
M. Tarbé des Sablons an nom de l'Union parisienne de la
presse.
(Sensation vive, mais désagréable.)
A. ce moment, voyant que l'on n'a plus besoin de lui, M. le
duc d'Aumale .de Nivelle rentre dans la salle.
M. TARBÉ des sablons, directeur du Gaulois. — Messieurs...
vous connaissez tous ma ligne politique ; c'est moi qui, lors du
plébiscita de 1810, ai dit cette phrase absurde, mais creuse :
Je ne déposerai pas mon oui dans l'urne, je l'y laisserai tomber.
C'est encore moi qui ai dit, il y a sis mois : Je ne suis ni légi-
timiste, ni orléaniste, ni bonapartiste, ni républicain, je suis
Français. Ces deux remarquables grueries que l'on ne peut
faire imprimer dans un journal qu'à la condition d'en être le
propriétaire, m'ont fait une réputation colossale, et l'autorité
de mon nom m'autorise à venir aujourd'hui donner un conseil
aux Parisiens queje vois sur le point, par un vote insensé, de
rompre en visière avec l'Assemblée de Versailles. (Murmures.)
m. tarbé des sablons. — Comment!... c'est au moment où
tous les prétendants au trône...
A ces mots, le duc d'Aumale de Nivelle, pensant qu'il peut
d'un instant à l'autre être mis en demeure de s'expliquer sur la
pureté de ses intentions, quitte sa place et va faire un tour à
la buvette.
M. tarbé des sablons, continuant — C'est, disais-je, au
moment où tous les prétendants au trône préparent leurs bat-
teries, que Paris, par un vote au pétrole, briserait définitive-
ment avec Versailles ! Ce serait de la folie!... Non, i' faut que
Paria, s'il "veut que l'on lui remette un peu de confitures sur sa
tartine, se montre sage, soumis et repentant. (Rumeurs )
Voyant qu'il n'est plus question de lui, M. le duc d'Aumale
de Nivelle rentre dans la salle et reprend sa place.
M. tarbé des sablons. — Il faut qu'aujourd'hui Paris envoie
à l'Assemblée un député dont le nom inconnu, les convictions
absentes et le mérite complètement nul, soient aus yeux de
Versailles le gage d'un retour aux idées saines de sa popu-
lation.
une voix goguenarde. — Oui, c'est bien cela I... Qu'on
nomme M. le duc d'Aumale?
Surpris par cette interpellation inattendue, M. le duc d'Au-
male de Nivelle se lais-se glitser sous son banc et disparait à
quatre pattes jusque dans l'escalier.
M. tarbé des sablons. — Pour moi, messieurs, je n'hésite
pas à le déclarer de nouveau, pour les gens qui n'ont pas com-
pris la première fois "• je ne suis ni bonapartiste, ni orléaniste,
ni légitimiste, ni républicain, ee qui m'a déjà permis et me
permettra encore^ je l'espère, d'être tout cela à la fois ou à
tour de rôle, à la volonté du preneur. (Murmures d'admiration).
tillemessant -à de Pêne.— Cet homme est décidément fort!...
M tarbé des sablons. — Je soutiens que Paris doit mettre
les pouces et envoyer à Versailles, comme preuve de sa sou-
mission, un candidat... émollient. Il faut à tout prix que Ver-
sailles se dise : maintenant qu'il nous est prouvé que les Pari-
siens sont suffisamment avachis, notre place est au milieu
d'eus 1... Pour moi, que l'on me trouve un candidat dont l'im-
bécilité me paraisse assez corsée pour obtenir ce résultat, et je
le jure, je ne déposerai pas son nom dans l'urne... je l'y préci-
piterai 1...
M. Tarbé des Sablons descend de la tribune et tombe dans
les bras d'Emile Villemot qui lui éponge le front et lui remet
son pardessus fourré.
jl le président Gaston de PUFFiNsK.1.—Personne n'ayant de-
mandé la parole pour répondre à M. Tarbé des Sablons , je me
proposais d'ajouter quelques mots à son éloquent discours,
mais je viens d'apercevoir M. le due d'Aumale à sa place (ma-
iicieuieméni) et s'il désire parler, je me ferai un plaisir de lui
eéder. mon tour.
Inutile de dire qu'avant la fin de cette offre courtoise, le duc
d'Aumale de Nivelles avait dégringolé les trois étages et fumait
une cigarette sur le trottoir de la rue du Croissant.
m. le président gaston de puffinsky. — Messieurs... je ne
puis qu'approuver le langage si plein d'esprit et de cœur de
l'honorable orateur qui vient - de descendre de cette tribune.
Oui... il faut que Paris rachète ses fautes, ses crimes, et sur-
tout ses sis mois de siège, de fatigues, de misère, de faim et de
fluxions de poitrine attrapées au bastion^ par les hommes et par
les femmes, aus queues de lard en décomposition de M. Jules
Ferry!
A ce momeutle due d'Aumale de Nivellesrentre et se rassied.
M. le président Gaston de puffinsky. — Oui, Messieurs!...
l'Union parisienne de la p/esse a raison : le jour de l'humilia-
tion est arrivé pour cette ville infâme qui a cru pendant dix
mois en des gens qui ne croyaient à rien... Il est temps qu'elle
s'agenouille humblement devant les eampagnes qui avaient
fait l'Empire et qui n'ont pas seulement défendu la France,
cette capitale maudite qui avait toujours voté non et qui vou?
lait combattre pour sauver ceus qui avaient toujours voté
oui !... 11 faut qu'enfin Paris républicain fasse sa soumission à
versailles-les-poireaux monarchiste!.. Et pour cela, il faut
que Paris donne des arrhes, qu'il envoie à l'Assemblée ua dé-
puté chargé de déposer aux sacrés pieds de M. Dahirel des
actes de contrition et un recours en grâce!... (Applaudisse-
ments.)
Flairant qu'après avoir parlé de la République, l'orateur va,
peut-être arriver à l'article prétendants, le duc d'Aumale de
Nivelles quitte la salle et va s'amuser à feuilleter aux archives,
les collections de l'Eclipsé.
M. LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY. — Au moment du
vote, on ne saurait trop le dire, agenouillons-nous devant Ver-
sailles, qui a récompensé Paris de son courage en le décapita-
lisant. Prosternons-nous devant Versailles qui conserve sans
jugement 25 000 malheureux sur les pontons; baisons les ge->
nous de Versailles qui, huit mois après la lutte, fait encore
condamner des journalistes par des colonels. Rendons grâces à
Versailles qui fusille Rossel et laisse R-azaine libre. Demandons
pardon à Versailles qui ne trouve la République bonne qu'à
payer les fautes d< s monarchies passées et à préparer les mo-
narchies futures..,. Allons, messieurs, soyons humbles, notre
pardon est à ce pris. Si nous sommes bien sages, Versailles,
dans sa miséricorde infinie, voudra peut-être bien dire au pé-
cheur repentant : Relève toi... Passe pour cette fois, mais n'y
reviens plus !... L'heure s'avance, messieurs, nous allons lever
la séance pour que chacun de nous puisse aller voter.
A ce moment, le duc d'Aumale rentre dans la salle.
le président Gaston de puffinsky. — Avant de nous sépa-
rer, pour aller accomplir nos devoirs d'éleoteurs, recueillons-
nous et, par une prière fervente, plaçons-nous sous la protec-
tion de-saint Artichaut, afin qu'il nous inspire.
Le président Gaston de Puffinsky emprunte le chapeau îiaute
forme de M. Tarbé des Sablons, s'agenouille dessus, bourre sa
pipe et d'un air mystique récite à haute voix la prière suivante,
répétée ensuite par l'Assemblée :
0 grand saint Artichaut !...
En ce jour d'où vont dépendre nos destinées, daigne faire
descendre la lumière en nos âmes indignes !..... Inspire nous
un chois assez bête pour apaiser le céleste courroux de Ver-
sailles qui se vante tant qu'il peut de nous avoir sauvés en
mars, mais qui oublie de dire qu'il avait commencé par nous
perdre en février 1.. . 0 grand saint Artichaut !.., dicte le nom
qui doit sortir de nos urnes... Rends-nous la pais !.,. Rendsr
nous l'amitié de Ravinel et que le nom qu marquis de Franc-
lieu soit béni !..- Ainsi soit-il!
Pendant cette courte prière le due d'Aumale de Nivelles s'est
relire pour la quinzième fois.
La séance est levée.
Les assistants se séparent et vont tous voter pour Rano et
Victor Hugo.
Le greffier du club de i'ÉcUPSE
LEON BIENVENU.
1872
Salut à toi, nouvelle année !
Viens avec l'union... mais non avec l'oubli
Des maux qu'en traits de sang, porte à son front pâli,
La pauvre France profanée.
Par les soudards germains à l'haleine avinée,
Notre sol est encpr sali !
Sur la rade, là-bas, le ponton trop rempli
Fait la famille abandonnée!
Après tant de malheurs; quel cœur n'était troublé?
Pardon pour le vaincu! Grâce pour l'accablé!
Apporte la pitié daûs la justice humaine...
Et ne nous laisse de la haine
Que pour ceux qui nous ont volé
L'Alsace et la Lorraine.
J. C
L'ON DEMANDAIT UN CANDIDAT
Des réunions privées et préparatoires ont eu lieu dans le bou-
doir politique de Madame X.....
Honni soit qui de travers y pense : le boudoir.de Madame est
le rendez-vous du high life électoral.
Il est tapissé d'abeilles, de violettes de edan, de lys de •
Chambord et de dentelles de Chantilly.
Dans le salon d'attente se trouve un guéridon en mosaïque
arlequine sur lequel s'étalent les oracles du boudgir : Y Union
le Monde, le Gonstitutvonnel, le Figaro, Y Ordre.
Hier soir, tout d'un coup, sous l'influence d'un courant magné-
tique parti simultanément de Chislehurst, de Chantilly et de
Chambord, le guéridon a tourné sur lui-même.
Les oracles ont roulé par terre.
Un fragment de mosaïque s'est levé du marbre arlequin, les
portes du boudoir se sont ouvertes d'elles-mêmes, et le frag-
ment de mosaïque a tracé sur le marbre, en caractères phos-
phorescents, les lignes suivantes :
Vous cherchez un candidat !
Prenez l'homme de l'idée par jour, de l'alinéa, de l'annonce,
de la logique, de Louis-Philippe, de la République et-du
Sénat, de la fêîération et de l'unité, delà centralisation et de là
décentralisation, de la mobilité dans l'immobilité, de la fixité
dans les variations. Lui seul peut joindre les trois pôles de
votre monde.
Prenez l'illustre
Factotimbrogliacaméléogo machiste.
Que votre candidat soit M. de Gir...ou...ette.
U Union, le Monde, le Constitutionnel, le Figaro, l'Ordre, accla-
ment cette candidature magnétique.
Dans le boudoir, Veuillot embrasse Villemessent, qui em-
brasse Duvernois, qui embrasse d'Aumale, qui embrasse la Ré-
publique à lui tordre le cou dans ses bras-de prince. ■
M. Alphand jure de ne plus nettoyer les rues et de ne plus
éclairer les bées de gaz jusqu'à l'élection de M. de Girouette.
Les gentlemen de la politique n'ont pas cessé, depuis hier,
d'affluer autour du guéridon phosphorescent.
L'élection de M. de Girouette semble assurée... dans le bou-
doir de Mma S...
On a refermé les portes du boudoir.
Asmodée. ■
LE PREMIER CLIENT DE GAMBETTA
Vous le connaissez? allez-vous me demander auisitôt.
Si je le connais, lui, le premier client de Gàmbetta? Trop
cinq fois trop I et je le découvrirai une sixième fois, n'en dou-
tez, pas.
C'était b Marseille...
Gàmbetta se reposait alors en Espagne, ' et, ' au lieu de
l'élever sur des nues au flanc ehargé de foudre, la tête dans
un éclair, comme un-dieu, et ainsi que cela se faisait un mois
ou deux auparavant, il était de mode, même à Marseille, de
l'appeler un joli lâcheur.
Un sqir, à une table d'hôte de la rue Saint-Ferré ol, au mi- ■
Heu, des bouquets de fleurs et au susurrement d'un jet d'eau
caseadant au centre de la table, on s'évertuait à asséner le
eoiip de poing sur la tête de Turc "qui était naguère une tète
d'idi>le, 11 y avait là une collection des Gaudissart vieux
et jeunes, et l'on sait que, tout en donnant le coup de dent,
le voyageur n'est pas avare du coup de langue.
Ah ! ce pauvre Gàmbetta! Quelles leçons de politique on lui
inHigeâit en piquant le gigot et la salade I On le retournait à
pleine fpurehette sur le gril de la conversation, et on ne lui
épargnait pas la pointe.
— Il y a longtemps que je connais mon Gàmbetta, dit toufr-
à-eppp une Yoix nasillarde, avec le ton solennel qui annonce
la conclusion d'un débat.
Je levai la tête pour regarder le nez d'où sortait cette voix.
C'était le bec de perroquet d'un bonhomme aux cheveux rares,
plats et gris, aus favoris blancs en côtelettes, aux lèvres min-
ces, aux mâchoires vides, mais, en revanche, au menton pointu
comme une dent. Quel huissier accompli de ministère du
temps de M. de Villèle et de M. de Polignac! ;
Il me regarda à sen tour et reprit :
— a 11 y a longtemps que je connais mon Gàmbetta ; c'est
moi qui lui ai fait plaider sa première cause, —; c'est moi qui
lui ai fait gagner ses premiers cent francs.
(A ces mots, sensation dans l'auditoire.)
» J'avais un procès assez important, une affaire assez grave
poup mes intérêts : j'allai trouver Crémieux. Apres avoir
examiné les pièces, Crémieux me dit :
t— C'est bien ! je vous ferai plaider cela par Gàmbetta, mais
voyezrle ypus-même.
)i Là-dessus, il me donna l'adresse de Gàmbetta et je me
rendis rue Vanneau (1).
(Nouvelle- sensation ; le mouvement des mâchoires s'était
ralentir)
» Je me rendis rue Vanneau, et là, dans une chambre
étroite, en. désordre, des vêtements épars, une malle au pied
du lit de fer, je vis Gàmbetta à peine couvert d'une mauvaise
robe de chambre, un foulard jaune flottant autour du cou. Je
lui expliquai mon affaire ; il s'en chargea. »
„ Avez-vous gagné votre procès ?
— Ma foi, oui, je l'ai gagné... Mais, il y a longtemps, vous
le voyez, que je connais mon Gàmbetta.
On se leva de table, et lorsqu'il traversa triomphant le ves-
tibule, il y avait de bons gens qui s'écartaient sur son pas-
sage et qui suivaient d'un œil curieux le monsieur qui avait
fait plaider à Gàmbetta sa première
gagner ses premiers cent francs; .
(1) Je ne sais pour ma p'art si Gàmbetta a jamais demeuré rue Van-
neau. Mais l'anecdote est historique, j'en respecte le moindre mot.
et lui avait fait
^
W .M »01"' S
.tu»1"0
>»'«■.......»'«>»'
„ilt>«"
.iirf1
ife>-S
,1,1»!»"
r»1
Stil»1
Tune»11
1*1 ^m,ia&
'*"? l»idM
*lla «d'un»»
f«M,
»' G>ie«lSiiW
*"• !d«e»'S»4i«
j*!',
.a si
flStt!tf»t»»ïS,ll,(
pis:
^.Hpi,—tous a
-Moi, en 1861.
-M»isils'»glM«"
-C'étsteomaB.
- Moi, en féYriar,
-ÇiétKtuiimaW
\ _ Et moi trois mois
- Yous tous tromp
-(Tistin.pos.8iWe.
Venise eut h
H d'être Jefi
01 dresse m j
LE
liâtes rt
, '«dm,
•"Wfcm 0
ûibonri
'este i
"«Sut
"Petit,
"ait. j
Hi'.
ET GRATUITE
Ouverture àmidiprêds
16, rue du Croissant
DE L'ECLIPSE
séances
ls premier dimanche
DE CIIAQUE MOIS
16, rue du Croissant
Discussions politiques, littéraires, dramatiques, scientifiques e
Magnétisme — Hydrothérapie — Expériences de physique
financières — Exposé de systèmes
- Lutte à main plate, etc., etc.
Séance dix ïjanyier 1873. -Présidence de M. GASTON DE PHFFINSKY
A midi préci?, le président Gaston de Puffinsky prend place
au fauteuil et M. Dahirel en dégoût.
Le duc d'Aumale assiste à la séance ; mais, comme à l'assem-
blée potagère de Versailles, il se tient près d'une porte pour
pouyoir sortir et rentrer facilement, selon que les questions dé-
battues lui conviendront ou ne lui conviendront pas.
M..LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY.—Messieurs .. je
suis heureux que notre séance du premier dimanche de chaque
mois tombe justement le jour des élections. Elle pourra ainsi
influer sur leur résultat De cette journée va peut-être dépen-
dre le,sort de Paris et de la France; car chacun sait que, selon
que la capitale se montrera plus ou moins moutonnière dans
le chois du député qu'elle va élire , les maraîchers de Ver-
sailles se rapprocheront ou s'éloigneront d'elle.
(Marque d'assentiment.)
M. LE président Gaston de puffinsky. — Monsieur le duc
d'Aumale, que j'aperçois là b;is dans le coin, n'a pas demandé
la parole ; je la lui donne. Qu'il veuille bien dire ce qu'il pense
de la conduite que doit tenir Paris en ce jour solennel.
Cette phrase du président n'est pas terminée que le duc d'Au-
male s'est obscurci dans un des couloirs de la salle,
TOUChatout, de sa place, — Je prendrai la liberté de faire
observer à l'assemblée que cette façon de siéger tout autour et
jamais dans le milieu est habituelle aux princes d'Orléans, et
je propose de leur voter, séance tenante, le titre de princes de
Nivelle.
La proposition est votée à l'unanimité.
M. LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY. — La parole est à
M. Tarbé des Sablons an nom de l'Union parisienne de la
presse.
(Sensation vive, mais désagréable.)
A. ce moment, voyant que l'on n'a plus besoin de lui, M. le
duc d'Aumale .de Nivelle rentre dans la salle.
M. TARBÉ des sablons, directeur du Gaulois. — Messieurs...
vous connaissez tous ma ligne politique ; c'est moi qui, lors du
plébiscita de 1810, ai dit cette phrase absurde, mais creuse :
Je ne déposerai pas mon oui dans l'urne, je l'y laisserai tomber.
C'est encore moi qui ai dit, il y a sis mois : Je ne suis ni légi-
timiste, ni orléaniste, ni bonapartiste, ni républicain, je suis
Français. Ces deux remarquables grueries que l'on ne peut
faire imprimer dans un journal qu'à la condition d'en être le
propriétaire, m'ont fait une réputation colossale, et l'autorité
de mon nom m'autorise à venir aujourd'hui donner un conseil
aux Parisiens queje vois sur le point, par un vote insensé, de
rompre en visière avec l'Assemblée de Versailles. (Murmures.)
m. tarbé des sablons. — Comment!... c'est au moment où
tous les prétendants au trône...
A ces mots, le duc d'Aumale de Nivelle, pensant qu'il peut
d'un instant à l'autre être mis en demeure de s'expliquer sur la
pureté de ses intentions, quitte sa place et va faire un tour à
la buvette.
M. tarbé des sablons, continuant — C'est, disais-je, au
moment où tous les prétendants au trône préparent leurs bat-
teries, que Paris, par un vote au pétrole, briserait définitive-
ment avec Versailles ! Ce serait de la folie!... Non, i' faut que
Paria, s'il "veut que l'on lui remette un peu de confitures sur sa
tartine, se montre sage, soumis et repentant. (Rumeurs )
Voyant qu'il n'est plus question de lui, M. le duc d'Aumale
de Nivelle rentre dans la salle et reprend sa place.
M. tarbé des sablons. — Il faut qu'aujourd'hui Paris envoie
à l'Assemblée un député dont le nom inconnu, les convictions
absentes et le mérite complètement nul, soient aus yeux de
Versailles le gage d'un retour aux idées saines de sa popu-
lation.
une voix goguenarde. — Oui, c'est bien cela I... Qu'on
nomme M. le duc d'Aumale?
Surpris par cette interpellation inattendue, M. le duc d'Au-
male de Nivelle se lais-se glitser sous son banc et disparait à
quatre pattes jusque dans l'escalier.
M. tarbé des sablons. — Pour moi, messieurs, je n'hésite
pas à le déclarer de nouveau, pour les gens qui n'ont pas com-
pris la première fois "• je ne suis ni bonapartiste, ni orléaniste,
ni légitimiste, ni républicain, ee qui m'a déjà permis et me
permettra encore^ je l'espère, d'être tout cela à la fois ou à
tour de rôle, à la volonté du preneur. (Murmures d'admiration).
tillemessant -à de Pêne.— Cet homme est décidément fort!...
M tarbé des sablons. — Je soutiens que Paris doit mettre
les pouces et envoyer à Versailles, comme preuve de sa sou-
mission, un candidat... émollient. Il faut à tout prix que Ver-
sailles se dise : maintenant qu'il nous est prouvé que les Pari-
siens sont suffisamment avachis, notre place est au milieu
d'eus 1... Pour moi, que l'on me trouve un candidat dont l'im-
bécilité me paraisse assez corsée pour obtenir ce résultat, et je
le jure, je ne déposerai pas son nom dans l'urne... je l'y préci-
piterai 1...
M. Tarbé des Sablons descend de la tribune et tombe dans
les bras d'Emile Villemot qui lui éponge le front et lui remet
son pardessus fourré.
jl le président Gaston de PUFFiNsK.1.—Personne n'ayant de-
mandé la parole pour répondre à M. Tarbé des Sablons , je me
proposais d'ajouter quelques mots à son éloquent discours,
mais je viens d'apercevoir M. le due d'Aumale à sa place (ma-
iicieuieméni) et s'il désire parler, je me ferai un plaisir de lui
eéder. mon tour.
Inutile de dire qu'avant la fin de cette offre courtoise, le duc
d'Aumale de Nivelles avait dégringolé les trois étages et fumait
une cigarette sur le trottoir de la rue du Croissant.
m. le président gaston de puffinsky. — Messieurs... je ne
puis qu'approuver le langage si plein d'esprit et de cœur de
l'honorable orateur qui vient - de descendre de cette tribune.
Oui... il faut que Paris rachète ses fautes, ses crimes, et sur-
tout ses sis mois de siège, de fatigues, de misère, de faim et de
fluxions de poitrine attrapées au bastion^ par les hommes et par
les femmes, aus queues de lard en décomposition de M. Jules
Ferry!
A ce momeutle due d'Aumale de Nivellesrentre et se rassied.
M. le président Gaston de puffinsky. — Oui, Messieurs!...
l'Union parisienne de la p/esse a raison : le jour de l'humilia-
tion est arrivé pour cette ville infâme qui a cru pendant dix
mois en des gens qui ne croyaient à rien... Il est temps qu'elle
s'agenouille humblement devant les eampagnes qui avaient
fait l'Empire et qui n'ont pas seulement défendu la France,
cette capitale maudite qui avait toujours voté non et qui vou?
lait combattre pour sauver ceus qui avaient toujours voté
oui !... 11 faut qu'enfin Paris républicain fasse sa soumission à
versailles-les-poireaux monarchiste!.. Et pour cela, il faut
que Paris donne des arrhes, qu'il envoie à l'Assemblée ua dé-
puté chargé de déposer aux sacrés pieds de M. Dahirel des
actes de contrition et un recours en grâce!... (Applaudisse-
ments.)
Flairant qu'après avoir parlé de la République, l'orateur va,
peut-être arriver à l'article prétendants, le duc d'Aumale de
Nivelles quitte la salle et va s'amuser à feuilleter aux archives,
les collections de l'Eclipsé.
M. LE PRÉSIDENT GASTON DE PUFFINSKY. — Au moment du
vote, on ne saurait trop le dire, agenouillons-nous devant Ver-
sailles, qui a récompensé Paris de son courage en le décapita-
lisant. Prosternons-nous devant Versailles qui conserve sans
jugement 25 000 malheureux sur les pontons; baisons les ge->
nous de Versailles qui, huit mois après la lutte, fait encore
condamner des journalistes par des colonels. Rendons grâces à
Versailles qui fusille Rossel et laisse R-azaine libre. Demandons
pardon à Versailles qui ne trouve la République bonne qu'à
payer les fautes d< s monarchies passées et à préparer les mo-
narchies futures..,. Allons, messieurs, soyons humbles, notre
pardon est à ce pris. Si nous sommes bien sages, Versailles,
dans sa miséricorde infinie, voudra peut-être bien dire au pé-
cheur repentant : Relève toi... Passe pour cette fois, mais n'y
reviens plus !... L'heure s'avance, messieurs, nous allons lever
la séance pour que chacun de nous puisse aller voter.
A ce moment, le duc d'Aumale rentre dans la salle.
le président Gaston de puffinsky. — Avant de nous sépa-
rer, pour aller accomplir nos devoirs d'éleoteurs, recueillons-
nous et, par une prière fervente, plaçons-nous sous la protec-
tion de-saint Artichaut, afin qu'il nous inspire.
Le président Gaston de Puffinsky emprunte le chapeau îiaute
forme de M. Tarbé des Sablons, s'agenouille dessus, bourre sa
pipe et d'un air mystique récite à haute voix la prière suivante,
répétée ensuite par l'Assemblée :
0 grand saint Artichaut !...
En ce jour d'où vont dépendre nos destinées, daigne faire
descendre la lumière en nos âmes indignes !..... Inspire nous
un chois assez bête pour apaiser le céleste courroux de Ver-
sailles qui se vante tant qu'il peut de nous avoir sauvés en
mars, mais qui oublie de dire qu'il avait commencé par nous
perdre en février 1.. . 0 grand saint Artichaut !.., dicte le nom
qui doit sortir de nos urnes... Rends-nous la pais !.,. Rendsr
nous l'amitié de Ravinel et que le nom qu marquis de Franc-
lieu soit béni !..- Ainsi soit-il!
Pendant cette courte prière le due d'Aumale de Nivelles s'est
relire pour la quinzième fois.
La séance est levée.
Les assistants se séparent et vont tous voter pour Rano et
Victor Hugo.
Le greffier du club de i'ÉcUPSE
LEON BIENVENU.
1872
Salut à toi, nouvelle année !
Viens avec l'union... mais non avec l'oubli
Des maux qu'en traits de sang, porte à son front pâli,
La pauvre France profanée.
Par les soudards germains à l'haleine avinée,
Notre sol est encpr sali !
Sur la rade, là-bas, le ponton trop rempli
Fait la famille abandonnée!
Après tant de malheurs; quel cœur n'était troublé?
Pardon pour le vaincu! Grâce pour l'accablé!
Apporte la pitié daûs la justice humaine...
Et ne nous laisse de la haine
Que pour ceux qui nous ont volé
L'Alsace et la Lorraine.
J. C
L'ON DEMANDAIT UN CANDIDAT
Des réunions privées et préparatoires ont eu lieu dans le bou-
doir politique de Madame X.....
Honni soit qui de travers y pense : le boudoir.de Madame est
le rendez-vous du high life électoral.
Il est tapissé d'abeilles, de violettes de edan, de lys de •
Chambord et de dentelles de Chantilly.
Dans le salon d'attente se trouve un guéridon en mosaïque
arlequine sur lequel s'étalent les oracles du boudgir : Y Union
le Monde, le Gonstitutvonnel, le Figaro, Y Ordre.
Hier soir, tout d'un coup, sous l'influence d'un courant magné-
tique parti simultanément de Chislehurst, de Chantilly et de
Chambord, le guéridon a tourné sur lui-même.
Les oracles ont roulé par terre.
Un fragment de mosaïque s'est levé du marbre arlequin, les
portes du boudoir se sont ouvertes d'elles-mêmes, et le frag-
ment de mosaïque a tracé sur le marbre, en caractères phos-
phorescents, les lignes suivantes :
Vous cherchez un candidat !
Prenez l'homme de l'idée par jour, de l'alinéa, de l'annonce,
de la logique, de Louis-Philippe, de la République et-du
Sénat, de la fêîération et de l'unité, delà centralisation et de là
décentralisation, de la mobilité dans l'immobilité, de la fixité
dans les variations. Lui seul peut joindre les trois pôles de
votre monde.
Prenez l'illustre
Factotimbrogliacaméléogo machiste.
Que votre candidat soit M. de Gir...ou...ette.
U Union, le Monde, le Constitutionnel, le Figaro, l'Ordre, accla-
ment cette candidature magnétique.
Dans le boudoir, Veuillot embrasse Villemessent, qui em-
brasse Duvernois, qui embrasse d'Aumale, qui embrasse la Ré-
publique à lui tordre le cou dans ses bras-de prince. ■
M. Alphand jure de ne plus nettoyer les rues et de ne plus
éclairer les bées de gaz jusqu'à l'élection de M. de Girouette.
Les gentlemen de la politique n'ont pas cessé, depuis hier,
d'affluer autour du guéridon phosphorescent.
L'élection de M. de Girouette semble assurée... dans le bou-
doir de Mma S...
On a refermé les portes du boudoir.
Asmodée. ■
LE PREMIER CLIENT DE GAMBETTA
Vous le connaissez? allez-vous me demander auisitôt.
Si je le connais, lui, le premier client de Gàmbetta? Trop
cinq fois trop I et je le découvrirai une sixième fois, n'en dou-
tez, pas.
C'était b Marseille...
Gàmbetta se reposait alors en Espagne, ' et, ' au lieu de
l'élever sur des nues au flanc ehargé de foudre, la tête dans
un éclair, comme un-dieu, et ainsi que cela se faisait un mois
ou deux auparavant, il était de mode, même à Marseille, de
l'appeler un joli lâcheur.
Un sqir, à une table d'hôte de la rue Saint-Ferré ol, au mi- ■
Heu, des bouquets de fleurs et au susurrement d'un jet d'eau
caseadant au centre de la table, on s'évertuait à asséner le
eoiip de poing sur la tête de Turc "qui était naguère une tète
d'idi>le, 11 y avait là une collection des Gaudissart vieux
et jeunes, et l'on sait que, tout en donnant le coup de dent,
le voyageur n'est pas avare du coup de langue.
Ah ! ce pauvre Gàmbetta! Quelles leçons de politique on lui
inHigeâit en piquant le gigot et la salade I On le retournait à
pleine fpurehette sur le gril de la conversation, et on ne lui
épargnait pas la pointe.
— Il y a longtemps que je connais mon Gàmbetta, dit toufr-
à-eppp une Yoix nasillarde, avec le ton solennel qui annonce
la conclusion d'un débat.
Je levai la tête pour regarder le nez d'où sortait cette voix.
C'était le bec de perroquet d'un bonhomme aux cheveux rares,
plats et gris, aus favoris blancs en côtelettes, aux lèvres min-
ces, aux mâchoires vides, mais, en revanche, au menton pointu
comme une dent. Quel huissier accompli de ministère du
temps de M. de Villèle et de M. de Polignac! ;
Il me regarda à sen tour et reprit :
— a 11 y a longtemps que je connais mon Gàmbetta ; c'est
moi qui lui ai fait plaider sa première cause, —; c'est moi qui
lui ai fait gagner ses premiers cent francs.
(A ces mots, sensation dans l'auditoire.)
» J'avais un procès assez important, une affaire assez grave
poup mes intérêts : j'allai trouver Crémieux. Apres avoir
examiné les pièces, Crémieux me dit :
t— C'est bien ! je vous ferai plaider cela par Gàmbetta, mais
voyezrle ypus-même.
)i Là-dessus, il me donna l'adresse de Gàmbetta et je me
rendis rue Vanneau (1).
(Nouvelle- sensation ; le mouvement des mâchoires s'était
ralentir)
» Je me rendis rue Vanneau, et là, dans une chambre
étroite, en. désordre, des vêtements épars, une malle au pied
du lit de fer, je vis Gàmbetta à peine couvert d'une mauvaise
robe de chambre, un foulard jaune flottant autour du cou. Je
lui expliquai mon affaire ; il s'en chargea. »
„ Avez-vous gagné votre procès ?
— Ma foi, oui, je l'ai gagné... Mais, il y a longtemps, vous
le voyez, que je connais mon Gàmbetta.
On se leva de table, et lorsqu'il traversa triomphant le ves-
tibule, il y avait de bons gens qui s'écartaient sur son pas-
sage et qui suivaient d'un œil curieux le monsieur qui avait
fait plaider à Gàmbetta sa première
gagner ses premiers cent francs; .
(1) Je ne sais pour ma p'art si Gàmbetta a jamais demeuré rue Van-
neau. Mais l'anecdote est historique, j'en respecte le moindre mot.
et lui avait fait
^
W .M »01"' S
.tu»1"0
>»'«■.......»'«>»'
„ilt>«"
.iirf1
ife>-S
,1,1»!»"
r»1
Stil»1
Tune»11
1*1 ^m,ia&
'*"? l»idM
*lla «d'un»»
f«M,
»' G>ie«lSiiW
*"• !d«e»'S»4i«
j*!',
.a si
flStt!tf»t»»ïS,ll,(
pis:
^.Hpi,—tous a
-Moi, en 1861.
-M»isils'»glM«"
-C'étsteomaB.
- Moi, en féYriar,
-ÇiétKtuiimaW
\ _ Et moi trois mois
- Yous tous tromp
-(Tistin.pos.8iWe.
Venise eut h
H d'être Jefi
01 dresse m j
LE
liâtes rt
, '«dm,
•"Wfcm 0
ûibonri
'este i
"«Sut
"Petit,
"ait. j
Hi'.