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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 5.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3713#0016

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L'ÉCLIPSÉ

UN PARTI TRES PUISSANT

Il ne s'agit pas du parti légitimiste.

Ni du parti orléaniste.

Ni du parti communeux.

Encore moins du parti bonapartiste.

— Mais alors?...

Il s'agit d'un nouveau parti qui chaque jour, Versailles ai-
dant, prend une importance énorme.

D'un parti qui, demain, tuera tous les autres.

Et, chose singulière, ce parti qui va devenir très puissant se
recrute justement de tous les impuissants.

Il constituera, au premier jour, la majorité des eunuques.

Où il nous conduira?,., on ne le devine que trop.

Baptisons-le donc, ce nouveau-né scrofuleus ; et puisse le
baptême lui porter malheur, le nouer dans ses langes et le
faire rougir d'être venu au monde.

parti de la lassitudeI... Mauvaise herbe, sèche,sur, ta
tige naissante et parasite, tombe et meursl...

Mais, hélas!... nous ne sommes pas dans le pays des fées!.,,
et notre malédiction n'empêchera pas l'enfant malsain de pous-
ser et de se développer dans toute sa laideur.

Car ses premiers parrains, les vieux de Versailles, lui ont dit
en lui versant l'eau salée dans la bouche :

parti de lassitude!... Sois le bienvenu!... Nous veillons
sur toi!... Grandis!... Fortifie-toi !... Etale-toi sur la France
entière !... car tu es notre espoir. Envahis les cœurs dans les-
quels il reste un peu de vaillance!... Engourdis les âmesl.....

Eteins l'enthousiasme!... que, grâce à toi, une sainte fatigue
accable le pays et le rende insensible. Alors nous pourrons,
sans danger, achever sur son corps inerte l'œuvre tant ca-
ressée!...

.*.
*■*

L'enfant grandit à vue d'œil.

La mauvaise fée l'emporte.

D'heure en heure le parti de la lassitude gagne des cœurs
déjà ébrranlés, et en ébranle d'autres.

Les mauvais vieillards à qui la France affolée, suspendue
par les mains défaillantes au-dessus d'un abîme effrayant, a
confié le soin delà sauver, la laissent à dessein se cramponner,
se raidir, s'exténuer au-dessus du gouffre.

Ils savent que la fatigue la forcera à lâcher prise et à tomber
dans le précipice.

C'est là qu'ils l'attendent.

Ils ont préparé dans le fond, pour la recevoir et amortir sa
chute, le matelas de ia monarchie !...

Le parti de la lassitude gagne tous les jours du terrain.

Chaque minute lui recrute des adeptes.

Ecoutez dans la boutique, écoutez dans le bureau, écoutez
dans l'atelier.

Partout vous entendrez ces phrases qui ne sont l'écho d'au-
cune conviction, mais qui décèlent le découragement sur le-
quel ils comptent là-bas .. en Seine-et-Oise.

' dans la boutique : Hé... oui... nous l'aurions bien voulue,
la République... Mais enfin... tout souffre... le commerce est
sans confiance... Il faut pourtant bien sortir du provisoire...
Et puisqu'il paraît que nous ne sommes pas mûrs pour la dé-
mocratie... eh! bien... dame... autant une douce monarchie
qu'autre chose... on verra plus tard.

dans le bureau. — Remercié pour la fin du moisi... Où
trouver un emploi!... Tout le monde restreint ses frais... le
malaise... douze cents francs.,., c'est bien peu quand on les
gagne 1... C'est beaucoup quand ils manquent!... Nous savons
biea que ce n'est pas la faute de la République !... mais enfin,
on dit que si les d'Orléans revenaient, tout reprendrait... En
somme, qu'ils fassent ce qu'ils voudront... mais que l'on
vive !... et que l'on fasse vivre ses enfants !...

dans l'atelier. — Toujours trompés..., toujours dupés et
toujours trahis!... la barricade, la Marseillaise et le ponton
au bout... il n'en faut plus!.,. Zutî... qu'ils s'arrangent et
qu'ils nous f...iehent la paix!...

Dites! le résultat est-il assez facile à prévoir?
Légitimistes... vous ne vaincrez pas.
Orléanistes... vous ne vaincrez pas.
Bonapartistes... vous ne vaincrez pas.
Le parti de la lassitude vaincra pour vous.

Mais... pour lequel d'entre vous ?

Ah!... voilà—

Et cet inconnu est notre seul espoir.

Oui... grâce au parti de la lassitude, si bien exploité par
vous de concert, vous mettrez un de ces matins le pied sur la
gorge de la République engourdie.

Oui..., vous la croyez morte et, toujours de concert, vous dé-
ciderez que son cadavre doit être jeté au vent.

Mais lorsqu'il s'agira de prendre sa place, vos baisers de Judas
auront fini et la curée ne vous inspirera plus que des aboie-
ments de fureur. Vous vous mordrez à belles dents auprès du
corps, vous vous entredéchirerez, vous aboierez, vous hurle-
rez...

Vous ferez tant de bruit, pour vous disputer les dépouilles de
- la République, que vous la tirerez de son sommeil.

Et il ne sera plus temps, mes maîtres!... de vous souvenir
qu'elle a un. mauvais réveil.

Vos gueules béantes, ouvertes sur elle, lui auront rendu ,
colère.
La foi et le courage seront revenu, dans les cœurs.
Alors, le parti de la lassitude aura vécu.
Et avec lui tous les vôtres.
Ce ne sera vraiment pas dommage.
Ainsi soit-il.

Léon Bienvenu.

SONNETS-SILHOUETTES

XI
VICTOR HUGO

Quand Juvénal, Dante et Shakspeare
Saluent le fouet des Châtiments :
Chiens du Monarchisme-Vampire,
Adressez-lui vos aboiements;

Vendus et crevés de l'Empire,
Huez « le faiseur de romans, »
Lorsque au but ou la France aspire,
Va ce chercheur de firmaments..... '

Pour ordonner : « Ses volontés soient faites I »
Il eut fallu que le roi des poètes
Fût le héraut du peuple souverain ;

Que le Génie ailé des Misérables
Porte, Paris, tes arrêts formidables,
— Et non ce bon monsieur Vautrain.

Jules Cauvain.

ASMODEE A VERSAILLES

CHEZ LE PRESIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Le Président de la République est dans son cabinet. Il dicte
à Mademoiselle Dosne, surnommée la Silencieuse, les notes
suivantes, écrites à l'encre sympathique de "Washington :

« L'impôt direct sur le revenu étant déjà établi indirectement
» par les taxes diverses sur tous les citoyens, il n'aboutirait
» qu'à ia suppression des octrois, ce qui ferait perdre aux Pa-
» risiens l'habitude de la visite des malles et colis à la bar-
» rière, aux gares des chemins de fer, — ce qui contrarierait
» les gabelous, et autres inquisiteurs des bagages, au grand
» déplaisir des voyageurs.

» Il importe à la régénération des mœurs françaises que les
» employés de l'octroi continuent d'accoutumer les citoyens
» aux enquêtes des employés de la préfecture et aux déelara-
» tions authentiques.

» Dernières nouvelles politiques.

» Les trois C continuent leur commerce.

» Chambord a épousé Jeanne-d'Arc morganatiquement.

» Chantilly doit vendre à Valentin son. fonds de vin de
» Zucco, et aller vivre de ses rentes à Rio-Janeiro. L'empereur
» du Brésil est venu au-devant de lui jusqu'à Paris.

» Chileshust vient de louer la moitié de son cottage à
» Isabelle.

» Rien de nouveau sur les pontons. Ça va bien.

» Les petits commerçants de Paris ont reçu des étrennes de
M. Haussmann. Ça va bien.

» Beaucoup d'Allemands dans les ateliers et dans-les arse~
» naux français. Ça va bien. »

CHEZ LE MINISTRE DE L'ÎNTÉRIEUR.

Ça va bien.

CHEZ LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Ça va bien.

CHEZ LE MINISTRE DU COMMERCE.

Ça va bien.

CHEZ LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

Ça va bien.

Ça va bien partout : le président de la République ne coû-
tant plus que cinquante mille francs par mois, et les ministres
neuf cent soixante-un francs trente-quatre centimes par se-
maine, les députés dévoués à Chambord, à Chantilly et à
Chileshust vont rédiger un projet de loi dont voici le préam-
bule :

En vertu du mandat contractuel que nous avons reçu de nos
électeurs, éclairés par nos professions de foi républicaines -
libérales et par nos votes récents ;

Vu la nécessité d'entretenir en France les traditions écono-
miques de îa monarchie et de la liste civile ;

Nous, députés-unis deCoblentz, de Transnonain, de Sedan III
et des soupières électorales, soumettons a l'approbation de nos
collègues et de nos électeurs le projet de loi suivant :

Art. lrr. 7- Tout député monarchiste, tout électeur monar-
chiste, devient contribuable du prétendant qu'il a choisi.

Art. 2. — Le député monarchiste versera daus une cagnote
royale et impériale une somme annuelle égale à dix années
de son traitement, et payable par. ses héritiers, en »cas de
décès.

Art. 3. ~- Tout électeur monarchiste payera mensuellement
un denier royal et impérial, de 63fr. 15., c, lesquels serontver-
sés dans la cagnote, afin d'offrir, chaque trinstestre, une gratifi-
cation de 5 millions 993 fr. 93 c. à chacun des'prétendants et à
leurs familles, en attendant le rétablissement de la liste civile.

Ce projet de loi paraît avoir les plus grandes chances d'être
adopté.

Pour copie conforme :
ASMQDÉE fils.

MSEÏGilEUB-RÊCLAiE

ÉVÊQUE D'OnLÉANS .
I

' Toi q™ berças, il y a près de deux mille ans, le sifflement
cadencé du rabot paternel, ô petit Jésus, que dis-tu des façons
d'être et d'agir de ton serviteur et émule, monseigneur Réclame
évêque d'Orléans?

Petit Jésus, tu t'en allais., humble, tolérant et. poli, par les
sentiers obscurs, souriant aux petits, consolant les grands et
tu passais, aimant, aimé.

Mais, Lui, monseigneur Rédlame, le vois-tu, irascible, sec et
vaniteux, armé jusqu'aux dents d'humilité chrétienne, fendre les
flots du peuple, la bénédiction au poing, le pardon au côté.
II
Toi qu'endormais la chanson . monotone d'une . placide jeune
femme aux voiles bleus, aux yeux tendres et. purs, ô petit Jé-
sus, que disTtu des façons d'être et d'agir de ton serviteur et
émule, monseigneur Réclame, évêque d'Orléans ?
, Petit Jésus, tu t'en allais jambe deci, jambe delà, sur une
ânesse tranquille, aux côtés de laquelle cabriolait un ânon
ébouriffé, et, la palme à la main, tu racontais tes paraboles
fines et spirituelles aux flâneurs des routes, qui te suivaient
charmés tout de suite, et te disaient : encore ?

Mais, Lui, Monseigneur Réclame, il a pris pour monture cette
haridelle de louage qu'on appelle la Réclame. Aigrement, sans
relâche, il la chevauche, l'ayant saisie aux crins, et lui flan-
quant de l'éperon dans le ventre si elle vient à se lasser.

Où diable Félix, -J- évêque d'Orléans, veut-il aller sur son che-
val favori? Le sais-tu, petit Jésus, assis, là-haut, à la droite
du Père?

III
Toi qui ne fus ni député, ni évêque, ni écrivain nerveux et
ennuyeux, ni académicien sans politesse, ni auteur de lettres
folles adressées aux gqns célèbres, ô petit Jésus, ô pâle jeune
homme mort, les mains percées de clous, surun morceau de bois
de forme singulière, que dis-tu des façons -d'être et d'agir de
ton serviteur et émule, Monseigneur Réclame, évêque d'Or-

Benefaciendo tu t'en allais, bon, tolérant et poli, protégeant
la femme adultère, et n'ayant dans l'âme ni colère, ni haine, n
mépris pour personne ; aussi tu passais, aimant, aimé, et les
malades venaient te voir, car ta vue leur faisait du bien.

Mais lui, Lui, Monseigneur, écrivassant, écrivassant, éccivas-
sant toujours, à Pierre, à Jacques, à Gambetta, au Shah do
Perse, au grand Turc, à la République de Venise, à propos do
bottes, et tout simplement pour faire de la réclame à sa prélâ-
ture et du bruit autour dé son nom—quel potinier, mes enfanta r
quel potinier!

Mon Dieu que sa grandeur a des mœurs de portière l
IV

Toi qui te rendis dans le Temple, au milieu des docteurs, et
charmas l'assistance par ta grâce et ton érudition, ô petit Jésus,
que dis-tu des façons d'être et d'agir de monseigneur Réclame,
évêque d'Orléans? .

Admis dans un salon littéraire, — à l'a porte duquel le soldat
laisse son épée, le prêtre sa soutane, le puissant sa grandeur
— aurais-tu commis une grossière incongruité au nez de tes
collègues et amis, sous le prétexte que le dernier invité de la
maison n'a pas le crâne fait à ton idée ?

Non, petit Jésus, bon, humble et tolérant, consolateur du
larron repentant, et qui pleuras dans le jardin des Oliviers sur
la méchanceté humaine, non, petit Jésus, tu n'auras pas donné
ta démission d'académicien parce que M. Littré entre à l'Ins-
titut.

Tu n'étais que le fils d'un charpentier, qu'un simple démo-
crate et qu'un socialiste, mais tu savais- te montrer bien
élevé, tolérant et doux, et c'est pour cela qu'on t'aime depuis
si longtemps.

Tandis que ton serviteur et émule, l'aristocrate, le monar-
chiste, le fils de bonne maison, monseigneur Réclame, n'arrive
avec sa fougue, ses lettres, son tam-tam et son humilité —
chrétienne — qu'à se couvrir d'un ridicule épais qui éclabousse
à la fin la robe qu'il porte.

Ernest d'Herviiaï.

-<SS-^T3SS^S3-CS!-

CURIEUX EFFETS DU VENT

On sait quelles énormes bourrasques nous venons de su-
bir ; mais ce qu'on ignore ce sont les singulier» effets qu'a
produit cette tempête.

Nous recevons, à ce sujet, de plusieurs de nos abonnés,
des renseignements que nous nous faisons un plaisir de
publier. ,

***

Mercredi, boulevard Haussmann, un homrmv qui n'avait pour-
tant pas l'air d'un imbécile a été roulé par .le tourbillon et
jeté dans le bureau de souscription à l'emprunt de 400,000
dollars de Washington.

Le caissier, réveillé en sursaut, a été tellement saisi de voir
quelqu'un à son guichet, qu'il a été frappé d'un coup de sang

Le même soir, dans le quartier de l'Ecole militaire, le sieur
P..., maître cordonnier, qui avait été obligé de s'absenter pen-
dant 24 heures pour affaires de famille, a,trouvé en rentrant
chez lui, dans la chambre de sa femme, un casque de dragon
que la violence du vent y avait poussé pardessous la porte mal
jointe.
- -Il a. fait mettre immédiatement des bourrelets.

Sa femme l'est de remords.

Pour les lecteurs du Gaulois : bourrelée de remords.

***
Le lendemain matin, vers les 10 heures, place du Palais-

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