L'ʫLIPSE
LA DIRECTION DES BALLONS
Enfin I... le problème est résolu ; du moins le Gaulois l'affirme
— comment fera-t-il pour se consoler qu'une pareille décou-
verte ait été faite sous la République ? ~ ce sera dur.
Monsieur Dupuy de Lôme Tient de tenter une expérience qui
paraît décisive. Pourquoi n'a-t-il pas trouvé cela un an plus
tôt ? quelle épine il nous aurait tirée du pied et combien il nous
aurait semblé bon d'aller errer, la nuit, au-dessus du château
de Versailles, et de laisser tomber de temps à autre un obus
bien senti par le tuyau de la cheminée de la chambre où
Guillaume rêvait avec tant de délices de notre horlogerie.
C'est un malheur ; mais, en somme, il vaut mieux tard que
jamais.
Le bouleversement que va apporter dans nos habitudes la di-
rection des aérostats est presque inimaginable!... C'est-à-dire
que c'est pour nous une vie nouvelle qui commence.
N'éprouvez-vous pas, comme moi, une certaine frénésie de
vous transporter en imagination à cinquante ans devant nous,
pour voir tout de suite le coup-d'œil de cette transformation ?
Allons-y ensemble.
Nous voici donc au mois de février 1920.
Entrons d'abord au café de Suède, nous y aurons les nouvelles
du jour et nous jetterons un coup d'œil sur Us journaux.
— Garçon!... deux bocks et les Débatt\ Voyons... Nous di-
sons... Nouvelles du jeur.
c Le gouvernement a reçu ce matin du théâtre de la guerre la
dépêche suivants:
« Grand combat aérien sur le Rhin, victoire complète de
» l'armée française. La bataille a eu lieu à quatre cents mè-
» très au-dessus du sol. Les Allemands, qui étaient parvenus à
> occuper un gros nuage et à s'y fortifier solidement, en ont
» été délogés à la pointe du jour et de là baïonnette par cinq
» régiments d'aéronautes de ligne. Ils ont essayé de nous tour-
» ner de façon à ce que nous ayons le soleil dans l'œil ; mais
» une brillante charge 'le cavalerie, opérée par trois escadrons
» de baudruchiers a kélice, les a repoussés. Les Allemands
» sont en pleine déroute ; ils ont abandonné sur le champ de
» bataille quinze ballons blindés pleins de munitions; le général
• Nadar, fils de l'illustre photographe, poursuit les fuyards à la
» tête de six cents ballens à tapeur. Nous couchons sur les
» positions à trois lieues au-dessus de la flèche de la cathédrale
» de Strasbourg. Nous n'avons pas de boue du tout. »
Passons aux faits divers :
w\fl. « La compagnie de* ballomnibus a l'honneur de prévenir le
» public qu'à compter du 1*» mars prochain, elle ouvrira une
» nouvelle ligne qui partira du Mont-Valérien et aboutira au
> moulin d'Orgemont ; les bureaux de station sont les tours
» Notre-Dame, le Dôme des Invalides et la plate-forme de
» Saint-Vincent-de-Paul.
» Messieurs les voyageurs sont instamment priés de ne pas
i descendre en route, surtout au-dessus des maisons qui n'ont
s pas de paratonnerres. »
ww. « Encore un accident causé par l'imprudence des cochaèra-
» nautes de M. Ducoux.
» Hier soir le ballon de place, n° 1717, qui débouchait du
s sommet de la tour Saint-Jacques, a heurté une montgolfière
» de maître venant dans le sens opposé. Le choc a été très-
» violent, et le cochaéronaute a été précipité d'une hauteur de
» soixante mètres dans le bassin du Paiais-Royal. N'ayant pu
» remonter assez vite sur son siège, son aérostat livré à lui-
» même s'est emporté et est allé se briser contre le génie de la
» Bastille, après avoir renversé sur son passage plusieurs pas-
» sants, qui se promenaient en parachute, un véloci-pédiste
■ » aérien et son support, et enfin un garçon de magasin q«i
î traînait sob marchandises dans un ballon à bras.
« On a constaté que eet accident avait été causé par le
s cochaéronante qui n'avait pas pris sa droite. »
Jetons maintenant un coup d'œil sur les annonces :
Â"ïn?\î'TYDT? ^'occasion, une berline de voyage et
Y XulN i/XllJ ses deux chevaux, le tout devenu
inutile par suite de la découverte des ballons dirigeables; en les
faisant abattre et saler pour l'hiver, les chevaux ne coûteront
rien à nourrir; la berline peut être transformée à peu de frais
en armoire à linge.
A X7TQ TTHPTT 1? D'établissement philanthropique à
j\ V J.O U 11 JJ-Cj 15 centimes, passage Jouffroy, (mai-
son de confiance, fondée en 1853), a l'honneur de prévenir le
public qu'il vient d'installer pour les gens qui font leurs cour-
ses en ballon, une succursale aérienne au centre de Paris, juste
au-dessus du Pont-Neuf, Prix fixe. English Spoken.
y Tji p"DI?QTT A TUT Compagnie anglaise d'assuran-
JJ-Li IJJlIliO H A1V1 ces sur la vie, prévient le public
qu'elle assure maintenant contre le risque des ascensions en
ballon. Elle indemnise les familles des gens qui perdent la vie
en y montant, mais ne paie rien pour les accidents qui se pro-
duisent quand on en descend, même la tête la première.
Faisons à présent un petit tour en ville. Dieu!... que les
rues sont vides! Pas une voiture I... Le carrefour Montmartre,
jadis nommé carrefour des écrasés, est maintenant aussi sûr que
le Champ de Mars.
Hens!... un rassemblement!... Qu'est-ce qui est arrivé?.,.
Ah!.... c'est un ballomnibus de la ligne G qui vient de tomber
sur le trottoir !... Dieu me pardonne, il était plein!... Si ces
gens-là allaient dîner en ville, ils auront bien de la peine à ar-
river à l'heure. . C'est la double enveloppe de soie qui a crevé...
Les ingénieurs de la compagnie assurent qu'elle pourra res-
servir.
Ah !... voilà un gros monsieur qui arrête un ballon de place,
comment va-t-il faire pour monter?,.. On lui tend une corde de
la nacelle avec une ceinture au bout..,. Il se sangle... on l'en-
lève.....Il est arrivé.,.., allons boni.....voilà qu'il laisse tomber
son chapeau!...
Qu'est-ce que c'est encore que ça?... le soleil s'obscurcit...
En plein midi on n'y voit plus clair... C'est une nuée de petits
ballons qui nous font éclipse... Questionnons un sergent de
ville.
— Oh !... monsieur, ce n'est rien... le gouvernement a
supprimé le Rappel ce matin... ça fait un peu d'émotion,., c'est
un rassemblement qui se forme.
En effet, nous voyons la nuée grouiller comme une fourmil-
lière, puis tout-à-coup une autre nuée arrive à fond de train
sur la première ; nous entendons vaguement trois roulements
de tambour, puis la seconde nuée fond sur l'autre qui se dis-
perse tant bien que mal en s'entre-choquant.
Une grêle de chapeaux, de cannes, de parapluies, de numéros
de la Patrie et du Radical tombe sur le boulevard : le soleil
brille de nouveau, l'ordre est rétabli.
, Tout ému de ce spectacle, nous parcourons Paris jusqu'à
l'heure du dîner, nous recevons sur la tête divers objets, en-
tr'autves un faux chignon, deux binocles, un soulier d'enfant et
une coupure d'un franc de la Société générale.
Le soir, le coup d'œil devient très pittoresque, le ciel est
constellé de lumières mobiles de toutes couleurs qui vont,
viennent, filent, montent, descendent et s'entrecroisent, ce sont
les Parisiens qui prennent le frais après leur dîner.
De tenif s en temps un ballon prend feu et éclate ; ça fait
une jolie \ etite flamme bleue ; puis, quelques secondes après,
on reçoit * ar le dos ou sur la tête, qui une main, qui un pied,
qui un loi très à peine entamé, qui un chronomètre, qui une
pipe, qui a râtelier, etc., etc. Au premierabord ça surprend,
mais l'on finit par s'y habituer et l'on se dit : à demain, ce
sera mon tour de tomber en pluie.
Maintenant que nous avons vu ce que nous voulions voir, re-
venons à 1872 pour applaudir au succès de M. Dupuy de LÔme,
qui vient de trouver le moyen d'abréger les distances.
Même celle qui sépare l'homme bien portant de l'heure de sa
mort.
LÉON BIENVENU.
LA POLITIQUE DES PRINCES
CONSEILS D'UN ONGLE A SON NEVEU
— Sapristi, mon neveu, dit le duc en.frisant sa moustache
avec humeur, vous avez la langue joliment pendue.
— Mais, mon oncle...
— J'ai compté au moins trois fois où vous avez ouvert la
bouche pendant le dîner... Que vous demandait tout à l'heure
encore Mme de S...
— Si je préfère les cailles aux gelinottes.
— Et vous, avez répondu ?
— Mon oncle...
— Je vous le dis, en vérité, vous finirez par nous compro-
mettre. Quand nous aurons du monde à l'avenir, vous dînerez
seul dans votre chambre, comme le jour où M, Thiers est
venu.
— Vous êtes sévère, mon oncle...
— Je suis sévère, mais juste. Comment voulez-vous que nôas
fassions de vous un prétendant sérieux, si vous ne mordex pas
mieux aux notions les plus simples de la politique. Voyons,
pouvez-vous me dire seulement ce à quoi doit s'attacher avant
tout un prétendant diplomate?
— A ne pas se compromettre.
Le duc sourit.
— Grand gamin 1 reprit-il en frappant, gaiement cette fois,
sur l'épaule de son neveu, tu vaux mieux que tu n'en as l'air 1
Ne pas se compromettre ! Eh ! c'est cela même 1 Et le moyen
de ne pas se compromettre, quel est-il ?
— C'est de dire à la fois oui et non.
— Fort bien, mon neveu. Il y a pourtant un moyeu plus sur
encore.
—Lequel donc?
—C'est de ne jamais dire ni oui, ni non,
—Vous me comblez d'admiration, mon oncle.
—Oh! mon Dieu, iTj. n'y a pas de quoi. Une fois le système
adopté de se taire, -c'est bien simple. Le tout est de l'adopter.
Vois-moi à la Cha;jibre, quand une question grave se mani-
feste... Dès que le président dit : « Messieurs, vous allez avoir
à voter sur la proposition de votre honorable collègue tendant
à...» aussitôt jft songe que j'ai des affaires ailleurs et je prends
mon chapeau. Ce n'est pas plus difficile que cela.
— Ce n'en est pas moins beau.
— Beau, je ne sais pas ; mais ça offre beaucoup de sécurité.
Vois-tu, mon neveu, avec ce système-là, celui qui me repro-
chera jamais mon vote sera bien fin.
— Voilà ce que je trouve b-eau, mon oncle.
— Au lieu de cela, vois n otre cousin, l'homme au machin
blanc, l'ami de Villemessant^ toujours la plume â la main, lui;
Alors tout le monde sait ce qu'il veut! Plus moyen de se
déjuger!..,
— En effet cela doit bien Te gêner.
- C'est ce qui le coulera, mon neveu. Quel exemple pour
nous! Ne dir«t-on pas le propre doigt de la Providence^
nous affirme la route. Heureusement je n'ai pas attendu à au
jourdhm pour la suivre, Tiens, mon ami, voici un cachet dont
3 ai fait graver la devise à ton intention . « Ne dire ni fcj„, .
Prends-le, et en le regardant, à l'avenir, à chaque fois que tu
commenceras d'ouvrir la bouche, ferme-la; à chaque fois que
tu commenceras d'étendre le bras, ramène-le.
-Mon oncle, que de bontés ! C'est donc pour moi que vous
vous donnez tant de mal!
- Je ne dis ni oui ni non... Tu saia, même en famille il De
faut pas transiger avec les principes. Quant à m. donner du
mal, j assure que ce n'eit pas ma politique qui me fatigue
Jtlle exige beaucoup de ténacité sans doute ; mais elle est s!
simple ! Foin du travail ! Je jouis en paix de la sérénité d*m\
conscience pure. Ah! l'excellente chose que de vivre à l'abr
des mille questions qui harcèlent l'esprit des autres et
auxquelles on s'est lait par avance une règle de ne pas répondre
On ne dit rien, et cela sert quelquefois plus que si l'on di«ir
quelque chose. Qu'il fait donc bon être habile !... être honnêt,
veux-je dire! On affirme sans affirmer, on nie sans nier on
trompe peut-être; mais c'est presque sans tromper, (se frappant
le cœur avec conviction) car on garde des sentiments loyaux là!
Le duc s'arrêta. Sa promenade nocturne l'avait conduit assez
loin sous les grands arbres du parc.
Et l'écho de Chantilly répéta plusieurs fois derrière lui •
- Loyo-la l Loyo-la!
Paul Parfait.
SONNETS-SILHOUETTES
XIV
Henri v
Sire, moi patriote et vieux républicain,
Je vous salue exprès d'une façon royale,
0 vous qui repoussez, tant votre âme est loyale,
La fusion bâtarde et l'a peu près mesquin.
Bien! reniez Tartufe et méprisez Pasquih :
Gardez, comme l'a dit votre mercuriale
Votre blanc étendard, votre foi filiale-
— Vous abdiquez ainsi plus grand que Charles-Quint.
Secrètement je «rois, tous avez su comprendre
Qu'aujourd'hui le phénix ne naît plus de sa cendre :
Quand le roi meurt, vivat au peuple en puberté i
Avec vous, dernier jet des Lis et d'Henri quatre,
Tout un passé s'éteint : Vous dédaignez combattre
Pour enterrer son sceptre... Adieu donc — Majesté!
JOLBS CaDVAIN,
CRECELLE
Mme Anaïs Ségalas a fait ces jours derniers annoncer dans
les journaux Qu'elle avait perdu son chien.
Signalement : œil vit, tête fine, Couleur café au lait, queue
légèrsment coupée.
On n'appelle plus Mme Ségalas qu'Alcibiade.
Versailles a voulu, comme Paris, avoir des concerts popu-
laires.
Des concerts, c'est possible.
Populaires.., j'en doute.
Le général Frossard a lancé sa petite brochure justificative.
Il blanchit Bazaine à tour de bras (trois couches à l'huile).
Si on avait laissé le temps à Tropmann, il aurait blanchi
Dumolard,
Baehaumont du Conttitutionnel croit faire une bonne niche à
1» République en disant que, sous l'empir», il s» vendait au
mois de janvier pour six millions de plus de jouets d'enfants.
Tout le monde convient sans peine que sous l'empire les
pantins et les polichinelles se vendaient très bien.
Le Figaro a relevé avec dégoût cette ligne de Y Emancipation
de Toulouse.
« M. Persigny de Pialin vient de crever à Nice. »
La vérité est que ce n'est pas propre ; mais le Figaro a oublié
qu'il y a deux ans il a imprimé ceci ;
« Marchai de Bussy a été ramassé mort au coin d'une borne,
» on l'encrotte demain.
La question du retour de l'Assemblée à Paris vient d'être
décidée encore une fois négativement.
Décidément l'Assemblée ne nous revient pas.
TDHUIPIN.
POCHARDS ET FESTONS
Les honorables chargés d'élaborer une loi sur et contre l'i-
vrognerie, ce vice qui a fait de si énormes progrès, depuis vingt-
cinq ans, dans toutes les classes de la société, autant dans les
hautes que dans les basses, viennent de déposer bravement leur
projet de loi dans les bureaux de l'Assemblée. Bons Honorables !
Bien entendu, nombreux et détaillés sont les articles répri-
mant et surtout punissant les effets de l'ivresse publique.
Quant aux moyens de prévenir ou de diminuer les causes qui,
dans la population pauvre surtout, amènent le plus souvint
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Koas ne pottioas, noua ne voulons 4i
Jire davantagâ eut cette question il
Toali Hotat foire ressortir les m
loi eonUe l'ivrognerie, ttlle (ra'elle est
lm ptrons bien qoe tons l«esp
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la sigsulet ii sos lègiàttms impito;
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LA DIRECTION DES BALLONS
Enfin I... le problème est résolu ; du moins le Gaulois l'affirme
— comment fera-t-il pour se consoler qu'une pareille décou-
verte ait été faite sous la République ? ~ ce sera dur.
Monsieur Dupuy de Lôme Tient de tenter une expérience qui
paraît décisive. Pourquoi n'a-t-il pas trouvé cela un an plus
tôt ? quelle épine il nous aurait tirée du pied et combien il nous
aurait semblé bon d'aller errer, la nuit, au-dessus du château
de Versailles, et de laisser tomber de temps à autre un obus
bien senti par le tuyau de la cheminée de la chambre où
Guillaume rêvait avec tant de délices de notre horlogerie.
C'est un malheur ; mais, en somme, il vaut mieux tard que
jamais.
Le bouleversement que va apporter dans nos habitudes la di-
rection des aérostats est presque inimaginable!... C'est-à-dire
que c'est pour nous une vie nouvelle qui commence.
N'éprouvez-vous pas, comme moi, une certaine frénésie de
vous transporter en imagination à cinquante ans devant nous,
pour voir tout de suite le coup-d'œil de cette transformation ?
Allons-y ensemble.
Nous voici donc au mois de février 1920.
Entrons d'abord au café de Suède, nous y aurons les nouvelles
du jour et nous jetterons un coup d'œil sur Us journaux.
— Garçon!... deux bocks et les Débatt\ Voyons... Nous di-
sons... Nouvelles du jeur.
c Le gouvernement a reçu ce matin du théâtre de la guerre la
dépêche suivants:
« Grand combat aérien sur le Rhin, victoire complète de
» l'armée française. La bataille a eu lieu à quatre cents mè-
» très au-dessus du sol. Les Allemands, qui étaient parvenus à
> occuper un gros nuage et à s'y fortifier solidement, en ont
» été délogés à la pointe du jour et de là baïonnette par cinq
» régiments d'aéronautes de ligne. Ils ont essayé de nous tour-
» ner de façon à ce que nous ayons le soleil dans l'œil ; mais
» une brillante charge 'le cavalerie, opérée par trois escadrons
» de baudruchiers a kélice, les a repoussés. Les Allemands
» sont en pleine déroute ; ils ont abandonné sur le champ de
» bataille quinze ballons blindés pleins de munitions; le général
• Nadar, fils de l'illustre photographe, poursuit les fuyards à la
» tête de six cents ballens à tapeur. Nous couchons sur les
» positions à trois lieues au-dessus de la flèche de la cathédrale
» de Strasbourg. Nous n'avons pas de boue du tout. »
Passons aux faits divers :
w\fl. « La compagnie de* ballomnibus a l'honneur de prévenir le
» public qu'à compter du 1*» mars prochain, elle ouvrira une
» nouvelle ligne qui partira du Mont-Valérien et aboutira au
> moulin d'Orgemont ; les bureaux de station sont les tours
» Notre-Dame, le Dôme des Invalides et la plate-forme de
» Saint-Vincent-de-Paul.
» Messieurs les voyageurs sont instamment priés de ne pas
i descendre en route, surtout au-dessus des maisons qui n'ont
s pas de paratonnerres. »
ww. « Encore un accident causé par l'imprudence des cochaèra-
» nautes de M. Ducoux.
» Hier soir le ballon de place, n° 1717, qui débouchait du
s sommet de la tour Saint-Jacques, a heurté une montgolfière
» de maître venant dans le sens opposé. Le choc a été très-
» violent, et le cochaéronaute a été précipité d'une hauteur de
» soixante mètres dans le bassin du Paiais-Royal. N'ayant pu
» remonter assez vite sur son siège, son aérostat livré à lui-
» même s'est emporté et est allé se briser contre le génie de la
» Bastille, après avoir renversé sur son passage plusieurs pas-
» sants, qui se promenaient en parachute, un véloci-pédiste
■ » aérien et son support, et enfin un garçon de magasin q«i
î traînait sob marchandises dans un ballon à bras.
« On a constaté que eet accident avait été causé par le
s cochaéronante qui n'avait pas pris sa droite. »
Jetons maintenant un coup d'œil sur les annonces :
Â"ïn?\î'TYDT? ^'occasion, une berline de voyage et
Y XulN i/XllJ ses deux chevaux, le tout devenu
inutile par suite de la découverte des ballons dirigeables; en les
faisant abattre et saler pour l'hiver, les chevaux ne coûteront
rien à nourrir; la berline peut être transformée à peu de frais
en armoire à linge.
A X7TQ TTHPTT 1? D'établissement philanthropique à
j\ V J.O U 11 JJ-Cj 15 centimes, passage Jouffroy, (mai-
son de confiance, fondée en 1853), a l'honneur de prévenir le
public qu'il vient d'installer pour les gens qui font leurs cour-
ses en ballon, une succursale aérienne au centre de Paris, juste
au-dessus du Pont-Neuf, Prix fixe. English Spoken.
y Tji p"DI?QTT A TUT Compagnie anglaise d'assuran-
JJ-Li IJJlIliO H A1V1 ces sur la vie, prévient le public
qu'elle assure maintenant contre le risque des ascensions en
ballon. Elle indemnise les familles des gens qui perdent la vie
en y montant, mais ne paie rien pour les accidents qui se pro-
duisent quand on en descend, même la tête la première.
Faisons à présent un petit tour en ville. Dieu!... que les
rues sont vides! Pas une voiture I... Le carrefour Montmartre,
jadis nommé carrefour des écrasés, est maintenant aussi sûr que
le Champ de Mars.
Hens!... un rassemblement!... Qu'est-ce qui est arrivé?.,.
Ah!.... c'est un ballomnibus de la ligne G qui vient de tomber
sur le trottoir !... Dieu me pardonne, il était plein!... Si ces
gens-là allaient dîner en ville, ils auront bien de la peine à ar-
river à l'heure. . C'est la double enveloppe de soie qui a crevé...
Les ingénieurs de la compagnie assurent qu'elle pourra res-
servir.
Ah !... voilà un gros monsieur qui arrête un ballon de place,
comment va-t-il faire pour monter?,.. On lui tend une corde de
la nacelle avec une ceinture au bout..,. Il se sangle... on l'en-
lève.....Il est arrivé.,.., allons boni.....voilà qu'il laisse tomber
son chapeau!...
Qu'est-ce que c'est encore que ça?... le soleil s'obscurcit...
En plein midi on n'y voit plus clair... C'est une nuée de petits
ballons qui nous font éclipse... Questionnons un sergent de
ville.
— Oh !... monsieur, ce n'est rien... le gouvernement a
supprimé le Rappel ce matin... ça fait un peu d'émotion,., c'est
un rassemblement qui se forme.
En effet, nous voyons la nuée grouiller comme une fourmil-
lière, puis tout-à-coup une autre nuée arrive à fond de train
sur la première ; nous entendons vaguement trois roulements
de tambour, puis la seconde nuée fond sur l'autre qui se dis-
perse tant bien que mal en s'entre-choquant.
Une grêle de chapeaux, de cannes, de parapluies, de numéros
de la Patrie et du Radical tombe sur le boulevard : le soleil
brille de nouveau, l'ordre est rétabli.
, Tout ému de ce spectacle, nous parcourons Paris jusqu'à
l'heure du dîner, nous recevons sur la tête divers objets, en-
tr'autves un faux chignon, deux binocles, un soulier d'enfant et
une coupure d'un franc de la Société générale.
Le soir, le coup d'œil devient très pittoresque, le ciel est
constellé de lumières mobiles de toutes couleurs qui vont,
viennent, filent, montent, descendent et s'entrecroisent, ce sont
les Parisiens qui prennent le frais après leur dîner.
De tenif s en temps un ballon prend feu et éclate ; ça fait
une jolie \ etite flamme bleue ; puis, quelques secondes après,
on reçoit * ar le dos ou sur la tête, qui une main, qui un pied,
qui un loi très à peine entamé, qui un chronomètre, qui une
pipe, qui a râtelier, etc., etc. Au premierabord ça surprend,
mais l'on finit par s'y habituer et l'on se dit : à demain, ce
sera mon tour de tomber en pluie.
Maintenant que nous avons vu ce que nous voulions voir, re-
venons à 1872 pour applaudir au succès de M. Dupuy de LÔme,
qui vient de trouver le moyen d'abréger les distances.
Même celle qui sépare l'homme bien portant de l'heure de sa
mort.
LÉON BIENVENU.
LA POLITIQUE DES PRINCES
CONSEILS D'UN ONGLE A SON NEVEU
— Sapristi, mon neveu, dit le duc en.frisant sa moustache
avec humeur, vous avez la langue joliment pendue.
— Mais, mon oncle...
— J'ai compté au moins trois fois où vous avez ouvert la
bouche pendant le dîner... Que vous demandait tout à l'heure
encore Mme de S...
— Si je préfère les cailles aux gelinottes.
— Et vous, avez répondu ?
— Mon oncle...
— Je vous le dis, en vérité, vous finirez par nous compro-
mettre. Quand nous aurons du monde à l'avenir, vous dînerez
seul dans votre chambre, comme le jour où M, Thiers est
venu.
— Vous êtes sévère, mon oncle...
— Je suis sévère, mais juste. Comment voulez-vous que nôas
fassions de vous un prétendant sérieux, si vous ne mordex pas
mieux aux notions les plus simples de la politique. Voyons,
pouvez-vous me dire seulement ce à quoi doit s'attacher avant
tout un prétendant diplomate?
— A ne pas se compromettre.
Le duc sourit.
— Grand gamin 1 reprit-il en frappant, gaiement cette fois,
sur l'épaule de son neveu, tu vaux mieux que tu n'en as l'air 1
Ne pas se compromettre ! Eh ! c'est cela même 1 Et le moyen
de ne pas se compromettre, quel est-il ?
— C'est de dire à la fois oui et non.
— Fort bien, mon neveu. Il y a pourtant un moyeu plus sur
encore.
—Lequel donc?
—C'est de ne jamais dire ni oui, ni non,
—Vous me comblez d'admiration, mon oncle.
—Oh! mon Dieu, iTj. n'y a pas de quoi. Une fois le système
adopté de se taire, -c'est bien simple. Le tout est de l'adopter.
Vois-moi à la Cha;jibre, quand une question grave se mani-
feste... Dès que le président dit : « Messieurs, vous allez avoir
à voter sur la proposition de votre honorable collègue tendant
à...» aussitôt jft songe que j'ai des affaires ailleurs et je prends
mon chapeau. Ce n'est pas plus difficile que cela.
— Ce n'en est pas moins beau.
— Beau, je ne sais pas ; mais ça offre beaucoup de sécurité.
Vois-tu, mon neveu, avec ce système-là, celui qui me repro-
chera jamais mon vote sera bien fin.
— Voilà ce que je trouve b-eau, mon oncle.
— Au lieu de cela, vois n otre cousin, l'homme au machin
blanc, l'ami de Villemessant^ toujours la plume â la main, lui;
Alors tout le monde sait ce qu'il veut! Plus moyen de se
déjuger!..,
— En effet cela doit bien Te gêner.
- C'est ce qui le coulera, mon neveu. Quel exemple pour
nous! Ne dir«t-on pas le propre doigt de la Providence^
nous affirme la route. Heureusement je n'ai pas attendu à au
jourdhm pour la suivre, Tiens, mon ami, voici un cachet dont
3 ai fait graver la devise à ton intention . « Ne dire ni fcj„, .
Prends-le, et en le regardant, à l'avenir, à chaque fois que tu
commenceras d'ouvrir la bouche, ferme-la; à chaque fois que
tu commenceras d'étendre le bras, ramène-le.
-Mon oncle, que de bontés ! C'est donc pour moi que vous
vous donnez tant de mal!
- Je ne dis ni oui ni non... Tu saia, même en famille il De
faut pas transiger avec les principes. Quant à m. donner du
mal, j assure que ce n'eit pas ma politique qui me fatigue
Jtlle exige beaucoup de ténacité sans doute ; mais elle est s!
simple ! Foin du travail ! Je jouis en paix de la sérénité d*m\
conscience pure. Ah! l'excellente chose que de vivre à l'abr
des mille questions qui harcèlent l'esprit des autres et
auxquelles on s'est lait par avance une règle de ne pas répondre
On ne dit rien, et cela sert quelquefois plus que si l'on di«ir
quelque chose. Qu'il fait donc bon être habile !... être honnêt,
veux-je dire! On affirme sans affirmer, on nie sans nier on
trompe peut-être; mais c'est presque sans tromper, (se frappant
le cœur avec conviction) car on garde des sentiments loyaux là!
Le duc s'arrêta. Sa promenade nocturne l'avait conduit assez
loin sous les grands arbres du parc.
Et l'écho de Chantilly répéta plusieurs fois derrière lui •
- Loyo-la l Loyo-la!
Paul Parfait.
SONNETS-SILHOUETTES
XIV
Henri v
Sire, moi patriote et vieux républicain,
Je vous salue exprès d'une façon royale,
0 vous qui repoussez, tant votre âme est loyale,
La fusion bâtarde et l'a peu près mesquin.
Bien! reniez Tartufe et méprisez Pasquih :
Gardez, comme l'a dit votre mercuriale
Votre blanc étendard, votre foi filiale-
— Vous abdiquez ainsi plus grand que Charles-Quint.
Secrètement je «rois, tous avez su comprendre
Qu'aujourd'hui le phénix ne naît plus de sa cendre :
Quand le roi meurt, vivat au peuple en puberté i
Avec vous, dernier jet des Lis et d'Henri quatre,
Tout un passé s'éteint : Vous dédaignez combattre
Pour enterrer son sceptre... Adieu donc — Majesté!
JOLBS CaDVAIN,
CRECELLE
Mme Anaïs Ségalas a fait ces jours derniers annoncer dans
les journaux Qu'elle avait perdu son chien.
Signalement : œil vit, tête fine, Couleur café au lait, queue
légèrsment coupée.
On n'appelle plus Mme Ségalas qu'Alcibiade.
Versailles a voulu, comme Paris, avoir des concerts popu-
laires.
Des concerts, c'est possible.
Populaires.., j'en doute.
Le général Frossard a lancé sa petite brochure justificative.
Il blanchit Bazaine à tour de bras (trois couches à l'huile).
Si on avait laissé le temps à Tropmann, il aurait blanchi
Dumolard,
Baehaumont du Conttitutionnel croit faire une bonne niche à
1» République en disant que, sous l'empir», il s» vendait au
mois de janvier pour six millions de plus de jouets d'enfants.
Tout le monde convient sans peine que sous l'empire les
pantins et les polichinelles se vendaient très bien.
Le Figaro a relevé avec dégoût cette ligne de Y Emancipation
de Toulouse.
« M. Persigny de Pialin vient de crever à Nice. »
La vérité est que ce n'est pas propre ; mais le Figaro a oublié
qu'il y a deux ans il a imprimé ceci ;
« Marchai de Bussy a été ramassé mort au coin d'une borne,
» on l'encrotte demain.
La question du retour de l'Assemblée à Paris vient d'être
décidée encore une fois négativement.
Décidément l'Assemblée ne nous revient pas.
TDHUIPIN.
POCHARDS ET FESTONS
Les honorables chargés d'élaborer une loi sur et contre l'i-
vrognerie, ce vice qui a fait de si énormes progrès, depuis vingt-
cinq ans, dans toutes les classes de la société, autant dans les
hautes que dans les basses, viennent de déposer bravement leur
projet de loi dans les bureaux de l'Assemblée. Bons Honorables !
Bien entendu, nombreux et détaillés sont les articles répri-
mant et surtout punissant les effets de l'ivresse publique.
Quant aux moyens de prévenir ou de diminuer les causes qui,
dans la population pauvre surtout, amènent le plus souvint
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