I.OC1 J
L ECLIPSE
""«th.
> °u il,
^$>fe
œilfcrtif»»*Ji
__Garibaldi qui apporte son concours à la cause républicaine
espagnole.
Les six auditeurs bondirent sur leurs chaises comme un seul
homme.
— Il irait en Espagne? fit une voix étranglée.
— Il y est déjà.
— Voilà bien ces révolutionnaires toujours prêts à fomenter
1$ discorde, s'écria le marquis levant vers le plafond des bras
d^ieepérés. Dit-on où le drôle a débarqué ?
. — Mais il n'a pas débarqué du tout, répliqua le jeune homme
dévorant le journal des jeux. Il a simplement franchi les
Pyrénées,.
— Joli gouvernement que le notre qui tolère ces choses là!
■^~ Il paraîtrait que le condottiere a déjoué la surveillance
dont il étatt l'Objet.
— Oui, oui, ftous connaissons cela.
r- Il aar*it jpttssé la frontière déguisé en prêtre,
-*- En prêtre, c'est trop fort !
r- Oui, appuyèrent les assistants en chceur, c'est trop fort !
■== ÎWïB un pareil usagé de l'habit ecclésiastique !
— Prendre le masque de la religion pour aller mettre un pays
à ffeu et à sang, cela n'a pas de nom !
r^ .&on premier soin a été de faire couper les lignes téiêgra-
pkxiiiflB( poursuivit M. Charles,
— naturellement, le désordre 1
■— Pftis il a lancé une proclamation aux Espagnols et une
-autre à l'armée :
« Espagnols* je suis au milieu de. voue. Je viens consacrer
ma vie à votre bonheur,.. »
— Bonne rengaine 1
— « Soldats, à travers quarante générations vous avez gardé
' de père en fils, comme soldats pleins de valeur et comme
Espagnols, le feu sacré de l'indépendance... »
— Je t'en donnerai de l'indépendance !... Et il y en a long
comme cela ?
— Mais oui, assez long. Histoire de persuader aux soldats
que ce qu'ils ont de mieux à faire, c'est de tourner leurs armes
contre leurs chefs.
— Cela va de soi. Détourner les militaires de leur devoir,
anéantir le sentiment du respect et de la discipline, c'est le
programme ordinaire de la révolution. Qu'est-ce que ce Ga-
ribaldi peut recevoir pour l'ignoble métier qu'il fait ?
— Mais, je ne crois pas qu'il ait grand chose, reprit le jeune
homme, car voici un échantillon des bons de monnaie avec
lesquels il est censé payer les prélèvements faits indûments par
ses troupes.
Et il lut :
« Obligation de mille francs (mil francos), valeur au porteur,
remboursable dans les deux premières années du régime répu-
blicain. »
— Quelle odieuse exploitation !
— Et en note : « Ces valeurs sont admises en payement des
contributions ou de toute dette quelconque de l'Etat. »
— Ali ! ah I voilà une jolie garantie I ricana le vicomte.
_ — C'est incroyable de cynismeI fit le chceur.
— Le désintéressement des gens qui mettent un pareil papier
en circulation s'explique tout de suite, fit observer le marquis.
— Si cela les empêchait encore d'arrêter les diligences, con-
tinua son neveu; mais non. Ecoutez cette attaque de malle-
Et il lut encore :
Les -bandits ont d'abord fait .sommation au postillon de quit-
ter son siège et l'ont forcé de rester ventre à terre sous la me-
nace d'un coup de fusil, s'il faisait mine de bouger.
Puis tous les voyageurs ont été exactement dépouillés de
toute leur monnaie, de leurs valeurs et de leurs montres.
fc jLe oonducteur de la toiture a dû livrer 1,90.0 francs. Deux
tm8FChanâ# tâe .bestiaux ont été .débarrassés de 4,500 fr. chacun.
îiSaftirave'elaïfere-maitre qui rentrait en France aYfiQ 800. francs
(â'éQonomie.a -ëtë volé jusqu'au dernier sou.»
— Igndtfle,, (ignoble 1 sîécria le chceur.
—<Onn»'dira (pas que ,1a .politique puisse avoir rien de eom-
tHHHï avectde jpareils actes, remarqua judicieusement un des
assistant»,
— Maïs ne sait-on pas assez déjà, répliqua le marquis, que,
pour ces gens-là, la politique n'est qu'un prétexte. C'est le man-
teau dont,ils voudraient-envain-eouvrir leurs exactions et leurs
rapines.
*-r Parbleu ! dit un autre, de pareils faits n'apprennent rien à
(personne.
—TEens, fit tout-à-coup M. Charles, ils ont des curés avee eux.
H y eut un haut-le-corps général.
— Des curés !
-<- Dame, je lis aux dépêches : « La bande garibaldienne du
curé de Alcabon est traqué près de Villasta. »
— Ce n'est pas possible !
— C'est une erreur.
Un saint homme prendre le commandement d'une bande ar-
mée I un homme de pain et de charité encourager l'effusion du
sang, travailler personnellement au pillage des propriétés et à
la destruction de ses semblables,, je ne puis y croire dit le mar-.
quis en s'é chauffant. Il y aura demain une rectification au
journal.
-Evidemment.
— Montre-moi donc cela, poursuivit-il, s'adressant à son
neveu.
M. Charles tendit le journal en se mordant un peu les lèvres,.
— Ëh bien, mais, gu est-ce que tu parles d'une bande gari-
baldienne? 11 s'agit d'une bande carliste.
— Vous croyez, mon oncle? Tiens, ma foi, oui. ALvI c'est
particulier. Après tout, cela &e doit pas changer votre opinion
sur le curé en question.
— C'est-à-dire que... j'ai... je...
Et regardant la journal pour se donner une contenance :
— C'est là ce bon de monnaie que...
— Oui, mon oncle.
— Mais c'est un bon carliste.
— Vraiment? Ab.1 mats alors l'attaque de diligences, les
proclamations au pays et à l'armée, earlistes aussi ! Et l'entrée
en Espagne I J'aurai confondu. Je ne sais comment j'ai pu lire
Garibaldi pour don Carlos. Il est probable que dans ce mo-
ment-là.,.,
-- Monsieur, dit le marquis dont le visage avait tourné au
ponceau, monsieur mon neveu, sortez d'ici I vous êtes un im-
pertinent. Je ne vous reverrai de ma viel
Et, au milieu de U stupidité générale, le jeune homme
tourna les talons, emportant avec son chapeau la malédiction
de son oncle.
Paul Parfait.
GAZETTE A LA MAIN
De même que chaque jour ramène son pain, dit-on, — à la
vitre des boulangers. — chaque saison, chaque mois, chaque
semaine, font invariablement défiler sous la plume du chroni-
queur les mêmes événements, et, partant, les mêmes commen-
taires, les mêmes fioritures et les mêmes plaisanteries,..
C'est ainsi qu'à l'époque où nous sommes, quand un hiver
retardataire, qui nous souffle au visage les giboulées duParthe,
nous empêche de chanter les bienfaits du renouveau : asperges
et cerises, fraises et petits pois, — jaconnas et lilas, — rayons
et hannetons, bourgeons et tendrons...
Il nous reste la ressource de nous rabattre sur l'Exposition.
Celle-ci ne manque jamais -s en mai — de convier, à heure
fixe, les badauds du journal, de la ville et de l'atelier, devant la
Femme vue de fesses du célèbre Chose ou la Marine aux êpinards
du fameux Machin,
Cette année, M. de Bismark ayant siégé à côté de M. Meis-
sonnier dans le jury d'admission, et Mlle Jacquemard, — la
peintresse fort ordinaire de M. le président de la République, —
ayant, foprio motu, décerné les honneurs du Salon carré à la
redingote de ce dernier, c'est
Le Portrait
qui domine — comme genre — au palais de l'Industrie, où l'on
est exposé à recontrer sur toile, outre M. Thiers et M. About,
M. K. L. M. N- par X..., et madame de P. Q. R. S. T. par Z.
Encore l'avons-nous échappé belle !...
Jaloux de figurer en cette illustre compagnie, le banquier
V... s'était adressé à Manet.
— Combien serez-vous de temps pour reproduire mes traits?
avait demandé le financier à l'artiste.
— Une quinzaine de jours.
Manet se met à l'œuvre. La besogne marche, — elle court
même, — tant et si bien, que le portrait est terminé au bout de
neuf jours.
Au lieu de se montrer enchanté, le bourgeois partit contra-
rié.
— Comment I vous n'y touchez plus?
— A quoi bon I je .le gâterais.
Le banquier tourne longtemps autour du portrait. Enfin il
finit par dire :
— Écoutez, je suis rond en affaires. Je ne vous retrancherai
pas un sou du prix convenu pour ma peinture. Mais, de votre
côté, il ne faut pas me retrancher un jour de la quinzaine que
vous deviez passer dessus.
—- Mais puisque c'est fini !
— C'est égal, eherehez ; vous trouverez toujours bien quelque
chose à y ajouter*
Manet a cherché, et en effet il a irouvé. Il a ajouté — aux
oreilles.
Et voilà pourquoi le facirs de M. V... ne sera pas au Salon de
cette année.
Renard. — Théodore Cogniard
Ce sont les deux morts de la huitaine.
Ëaris et la province, — théâtres et cafés-concerts, — ont
connu Renard, sa voix de cuivre, son grand corps maigre, an-
guleux et flottant, et son matgue bizarre qu'un tic de la bouche
tourmentait.
Personne n'a mieux représenté l'Eléazar de la Juive; il en
avait non-seulement l'organe âpre et mordant, mais encore le
geste étriqué et économique, le regard fauve, l'allure farouche
et la physionomie mobile, grimaçante et bouleversée.
J'ignore si, en dehors de ce *rôle, Renard obtint de vrais
succès dans le répertoire ..
Mais ce que je sais, par expérience, c'est que c'était le plus
honnête, le plus loyal, le plus serviable des camarades...
Un exemple entre cent :
Comme Renard venait de débuter à Lyon où il gagnait beau-
coup d'argent, un choriste^du même théâtre, nomme Mermand,
doué d'une jolie voix, se désolait de ne pouvoir faire les frais de
la première éducation musicale, indispensable au chanteur.
Kenard lui donna des maîtres. Plus tard, engagé à Paris, il
y fit venir Mermand et le mit à même de continuer ses études,
en subvenant à ses besoins.
Aujourd'hui Mermand est, je crois, deuxième ou troisième
ténor à l'Opéra.
Le jour delà signature de son engagement, il vint trouver
son bienveillant ami, et lui dit :
— Voilà ce que je te dois; ma reconnaissance ne cessera ja-
mais, mais la dette peut cesser.
— Assez, s'écria Renard, chante juste et longtemps, et je
me trouverai trop payé I
Note-Vipère au pour l'es ruraux de Versailles :
< CûfiNtApj? (Théoiiore), auteur dramatique français, .ingé-
nieux et fécond, a signé, en collaboration avec son "frère Hip-
polyte,,1 une Grnttdne de pièces dont plusieurs resteront comme
des modèles d'esprit, de gaieté et de mouvement. Décoré en
185^; Ne pas confondre avec Cogniard (Pierre),, forçat évadé,
dit le Faux Comte de Sainte-Bëlène, sur lequel M. de Boisgobey, de
la PetiU Presse, a publié un roman fort intéressant. »
Et, maintenant, à l'z— ' "' '
s'agit d'un chapelier I — At-
En ce temps-là, Théodore et Hippolyte n'étaient pas encore
millionnaires. Ils'faisaient répéter un vaudeville dont ils at-
tendaient les droits d'auteur avec une certaine impatience.
Le matin de la première représentation, Hippolyte interpelle
son frère :
— Dis donc! tu sais qu'il est question d'un chapelier dans la
pièce. J'ai mis sur les rôles le nom du mien ; X... — pour qu'il
me donne un chapeau neuf dont j'ai grand besoin, çà ne te fait
rien?
— Parbleu !
Théodore, pourtant, réfléchit, regarde son propre chapeau
va parler à son chapelier, — puis il revient, au théâtre et dit
à l'oreille de son premier rôle :
— A propos, mon cher! vous parlez d'un chapelier dans vo-
tre rôle. Nommez dose le mien, Y... — Ça lui fera une réclame
et ça me vaudra un chapeau neuf.
— Convenu !
On lève le rideau. Quatre personnages sont bien attentifs en
ce moment dan3 la salle. Ce sont les deux frères Cogniard et
leurs chapeliers X... et Y..-., qui attendent tous deux leurs ré-
clame.
Voici le moment venu. Il
tention !..,
0 trahison !
Le scélérat d'acteur prononce le nom de René Pineau, son
chapelier à lui I
X*a Revanche
On admire, depuis quelques jours, à la vitrine de Giroux, un
nouveau buste en marbre, œuvre du sculpteur Matabon : une
femme au front plissé par la menace hautaine, aux traits con-
tractés par un courroux sublime, à la lèvre farouche et pleine
de cris de guerre, aux seins saillants et cuirassés..*
Cette femme, c'est LA REVANCHE !
L'artiste a dédié sou œuvre à l'Armée...
Mais ne serons-nous pas tous soldats — plus tard — pour
suivre à la frontière cette vaillante figure ?
Il est permis d'espérer que—sous peu—les proportions de ce
buste seront réjuites par Fauteur à celles de la liberté en
terre cuite dont les lecteurs de ['Eclipse n'ont point oublié la
physioaomie superbe et le fini magistral.
la revanche deviendra ainsi accessibles aux patriotes, aux
amateurs...
Et le succès de la liberté aura désonnais son pendant
A la Barrière
• Deux ouvriers — à moitié saouls — en train de s'achever...
— Garçon I crie le premier, une douzième fiole, cachet vert l
La /îole'arrive, et notre ivrogne se met en devoir de la décoif-
fer de son bonnet de galérien...
Le second, vivement :
— Verse sans déboucher, Polyte! Ça perd du temps.
Emile Blonoet.
On sait tout le soin que l'éditeur Dentu (Palais-Royal) ap-
porte à la fabrication de la jolie collection de romans à 3 fr. le
volume, Il en apporte autant au choix si varié de ses auteurs.
Viennent de paraître :
Mariages d'avbnture, par Emile Gaboriau. J. vol....
La Semaine des quatre jeudis, par Al. Second, I vol.. «
Le Gouffre, par Elie Berthet, 1 vol............,...... 3
Les Aventures de Tartarin, par A. Daudet, 1 vol...
Drames de l'Internationale, par P. Zaccone,H vol..
Noël Rambert, par Jules Glarttie, 1 vol.............
] es Gardiennes du trésor, par E. Gonzaiès, 1 vol...
Trois Uhlans, par Charles Jouet, 1 vol...............
3 50
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L ECLIPSE
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__Garibaldi qui apporte son concours à la cause républicaine
espagnole.
Les six auditeurs bondirent sur leurs chaises comme un seul
homme.
— Il irait en Espagne? fit une voix étranglée.
— Il y est déjà.
— Voilà bien ces révolutionnaires toujours prêts à fomenter
1$ discorde, s'écria le marquis levant vers le plafond des bras
d^ieepérés. Dit-on où le drôle a débarqué ?
. — Mais il n'a pas débarqué du tout, répliqua le jeune homme
dévorant le journal des jeux. Il a simplement franchi les
Pyrénées,.
— Joli gouvernement que le notre qui tolère ces choses là!
■^~ Il paraîtrait que le condottiere a déjoué la surveillance
dont il étatt l'Objet.
— Oui, oui, ftous connaissons cela.
r- Il aar*it jpttssé la frontière déguisé en prêtre,
-*- En prêtre, c'est trop fort !
r- Oui, appuyèrent les assistants en chceur, c'est trop fort !
■== ÎWïB un pareil usagé de l'habit ecclésiastique !
— Prendre le masque de la religion pour aller mettre un pays
à ffeu et à sang, cela n'a pas de nom !
r^ .&on premier soin a été de faire couper les lignes téiêgra-
pkxiiiflB( poursuivit M. Charles,
— naturellement, le désordre 1
■— Pftis il a lancé une proclamation aux Espagnols et une
-autre à l'armée :
« Espagnols* je suis au milieu de. voue. Je viens consacrer
ma vie à votre bonheur,.. »
— Bonne rengaine 1
— « Soldats, à travers quarante générations vous avez gardé
' de père en fils, comme soldats pleins de valeur et comme
Espagnols, le feu sacré de l'indépendance... »
— Je t'en donnerai de l'indépendance !... Et il y en a long
comme cela ?
— Mais oui, assez long. Histoire de persuader aux soldats
que ce qu'ils ont de mieux à faire, c'est de tourner leurs armes
contre leurs chefs.
— Cela va de soi. Détourner les militaires de leur devoir,
anéantir le sentiment du respect et de la discipline, c'est le
programme ordinaire de la révolution. Qu'est-ce que ce Ga-
ribaldi peut recevoir pour l'ignoble métier qu'il fait ?
— Mais, je ne crois pas qu'il ait grand chose, reprit le jeune
homme, car voici un échantillon des bons de monnaie avec
lesquels il est censé payer les prélèvements faits indûments par
ses troupes.
Et il lut :
« Obligation de mille francs (mil francos), valeur au porteur,
remboursable dans les deux premières années du régime répu-
blicain. »
— Quelle odieuse exploitation !
— Et en note : « Ces valeurs sont admises en payement des
contributions ou de toute dette quelconque de l'Etat. »
— Ali ! ah I voilà une jolie garantie I ricana le vicomte.
_ — C'est incroyable de cynismeI fit le chceur.
— Le désintéressement des gens qui mettent un pareil papier
en circulation s'explique tout de suite, fit observer le marquis.
— Si cela les empêchait encore d'arrêter les diligences, con-
tinua son neveu; mais non. Ecoutez cette attaque de malle-
Et il lut encore :
Les -bandits ont d'abord fait .sommation au postillon de quit-
ter son siège et l'ont forcé de rester ventre à terre sous la me-
nace d'un coup de fusil, s'il faisait mine de bouger.
Puis tous les voyageurs ont été exactement dépouillés de
toute leur monnaie, de leurs valeurs et de leurs montres.
fc jLe oonducteur de la toiture a dû livrer 1,90.0 francs. Deux
tm8FChanâ# tâe .bestiaux ont été .débarrassés de 4,500 fr. chacun.
îiSaftirave'elaïfere-maitre qui rentrait en France aYfiQ 800. francs
(â'éQonomie.a -ëtë volé jusqu'au dernier sou.»
— Igndtfle,, (ignoble 1 sîécria le chceur.
—<Onn»'dira (pas que ,1a .politique puisse avoir rien de eom-
tHHHï avectde jpareils actes, remarqua judicieusement un des
assistant»,
— Maïs ne sait-on pas assez déjà, répliqua le marquis, que,
pour ces gens-là, la politique n'est qu'un prétexte. C'est le man-
teau dont,ils voudraient-envain-eouvrir leurs exactions et leurs
rapines.
*-r Parbleu ! dit un autre, de pareils faits n'apprennent rien à
(personne.
—TEens, fit tout-à-coup M. Charles, ils ont des curés avee eux.
H y eut un haut-le-corps général.
— Des curés !
-<- Dame, je lis aux dépêches : « La bande garibaldienne du
curé de Alcabon est traqué près de Villasta. »
— Ce n'est pas possible !
— C'est une erreur.
Un saint homme prendre le commandement d'une bande ar-
mée I un homme de pain et de charité encourager l'effusion du
sang, travailler personnellement au pillage des propriétés et à
la destruction de ses semblables,, je ne puis y croire dit le mar-.
quis en s'é chauffant. Il y aura demain une rectification au
journal.
-Evidemment.
— Montre-moi donc cela, poursuivit-il, s'adressant à son
neveu.
M. Charles tendit le journal en se mordant un peu les lèvres,.
— Ëh bien, mais, gu est-ce que tu parles d'une bande gari-
baldienne? 11 s'agit d'une bande carliste.
— Vous croyez, mon oncle? Tiens, ma foi, oui. ALvI c'est
particulier. Après tout, cela &e doit pas changer votre opinion
sur le curé en question.
— C'est-à-dire que... j'ai... je...
Et regardant la journal pour se donner une contenance :
— C'est là ce bon de monnaie que...
— Oui, mon oncle.
— Mais c'est un bon carliste.
— Vraiment? Ab.1 mats alors l'attaque de diligences, les
proclamations au pays et à l'armée, earlistes aussi ! Et l'entrée
en Espagne I J'aurai confondu. Je ne sais comment j'ai pu lire
Garibaldi pour don Carlos. Il est probable que dans ce mo-
ment-là.,.,
-- Monsieur, dit le marquis dont le visage avait tourné au
ponceau, monsieur mon neveu, sortez d'ici I vous êtes un im-
pertinent. Je ne vous reverrai de ma viel
Et, au milieu de U stupidité générale, le jeune homme
tourna les talons, emportant avec son chapeau la malédiction
de son oncle.
Paul Parfait.
GAZETTE A LA MAIN
De même que chaque jour ramène son pain, dit-on, — à la
vitre des boulangers. — chaque saison, chaque mois, chaque
semaine, font invariablement défiler sous la plume du chroni-
queur les mêmes événements, et, partant, les mêmes commen-
taires, les mêmes fioritures et les mêmes plaisanteries,..
C'est ainsi qu'à l'époque où nous sommes, quand un hiver
retardataire, qui nous souffle au visage les giboulées duParthe,
nous empêche de chanter les bienfaits du renouveau : asperges
et cerises, fraises et petits pois, — jaconnas et lilas, — rayons
et hannetons, bourgeons et tendrons...
Il nous reste la ressource de nous rabattre sur l'Exposition.
Celle-ci ne manque jamais -s en mai — de convier, à heure
fixe, les badauds du journal, de la ville et de l'atelier, devant la
Femme vue de fesses du célèbre Chose ou la Marine aux êpinards
du fameux Machin,
Cette année, M. de Bismark ayant siégé à côté de M. Meis-
sonnier dans le jury d'admission, et Mlle Jacquemard, — la
peintresse fort ordinaire de M. le président de la République, —
ayant, foprio motu, décerné les honneurs du Salon carré à la
redingote de ce dernier, c'est
Le Portrait
qui domine — comme genre — au palais de l'Industrie, où l'on
est exposé à recontrer sur toile, outre M. Thiers et M. About,
M. K. L. M. N- par X..., et madame de P. Q. R. S. T. par Z.
Encore l'avons-nous échappé belle !...
Jaloux de figurer en cette illustre compagnie, le banquier
V... s'était adressé à Manet.
— Combien serez-vous de temps pour reproduire mes traits?
avait demandé le financier à l'artiste.
— Une quinzaine de jours.
Manet se met à l'œuvre. La besogne marche, — elle court
même, — tant et si bien, que le portrait est terminé au bout de
neuf jours.
Au lieu de se montrer enchanté, le bourgeois partit contra-
rié.
— Comment I vous n'y touchez plus?
— A quoi bon I je .le gâterais.
Le banquier tourne longtemps autour du portrait. Enfin il
finit par dire :
— Écoutez, je suis rond en affaires. Je ne vous retrancherai
pas un sou du prix convenu pour ma peinture. Mais, de votre
côté, il ne faut pas me retrancher un jour de la quinzaine que
vous deviez passer dessus.
—- Mais puisque c'est fini !
— C'est égal, eherehez ; vous trouverez toujours bien quelque
chose à y ajouter*
Manet a cherché, et en effet il a irouvé. Il a ajouté — aux
oreilles.
Et voilà pourquoi le facirs de M. V... ne sera pas au Salon de
cette année.
Renard. — Théodore Cogniard
Ce sont les deux morts de la huitaine.
Ëaris et la province, — théâtres et cafés-concerts, — ont
connu Renard, sa voix de cuivre, son grand corps maigre, an-
guleux et flottant, et son matgue bizarre qu'un tic de la bouche
tourmentait.
Personne n'a mieux représenté l'Eléazar de la Juive; il en
avait non-seulement l'organe âpre et mordant, mais encore le
geste étriqué et économique, le regard fauve, l'allure farouche
et la physionomie mobile, grimaçante et bouleversée.
J'ignore si, en dehors de ce *rôle, Renard obtint de vrais
succès dans le répertoire ..
Mais ce que je sais, par expérience, c'est que c'était le plus
honnête, le plus loyal, le plus serviable des camarades...
Un exemple entre cent :
Comme Renard venait de débuter à Lyon où il gagnait beau-
coup d'argent, un choriste^du même théâtre, nomme Mermand,
doué d'une jolie voix, se désolait de ne pouvoir faire les frais de
la première éducation musicale, indispensable au chanteur.
Kenard lui donna des maîtres. Plus tard, engagé à Paris, il
y fit venir Mermand et le mit à même de continuer ses études,
en subvenant à ses besoins.
Aujourd'hui Mermand est, je crois, deuxième ou troisième
ténor à l'Opéra.
Le jour delà signature de son engagement, il vint trouver
son bienveillant ami, et lui dit :
— Voilà ce que je te dois; ma reconnaissance ne cessera ja-
mais, mais la dette peut cesser.
— Assez, s'écria Renard, chante juste et longtemps, et je
me trouverai trop payé I
Note-Vipère au pour l'es ruraux de Versailles :
< CûfiNtApj? (Théoiiore), auteur dramatique français, .ingé-
nieux et fécond, a signé, en collaboration avec son "frère Hip-
polyte,,1 une Grnttdne de pièces dont plusieurs resteront comme
des modèles d'esprit, de gaieté et de mouvement. Décoré en
185^; Ne pas confondre avec Cogniard (Pierre),, forçat évadé,
dit le Faux Comte de Sainte-Bëlène, sur lequel M. de Boisgobey, de
la PetiU Presse, a publié un roman fort intéressant. »
Et, maintenant, à l'z— ' "' '
s'agit d'un chapelier I — At-
En ce temps-là, Théodore et Hippolyte n'étaient pas encore
millionnaires. Ils'faisaient répéter un vaudeville dont ils at-
tendaient les droits d'auteur avec une certaine impatience.
Le matin de la première représentation, Hippolyte interpelle
son frère :
— Dis donc! tu sais qu'il est question d'un chapelier dans la
pièce. J'ai mis sur les rôles le nom du mien ; X... — pour qu'il
me donne un chapeau neuf dont j'ai grand besoin, çà ne te fait
rien?
— Parbleu !
Théodore, pourtant, réfléchit, regarde son propre chapeau
va parler à son chapelier, — puis il revient, au théâtre et dit
à l'oreille de son premier rôle :
— A propos, mon cher! vous parlez d'un chapelier dans vo-
tre rôle. Nommez dose le mien, Y... — Ça lui fera une réclame
et ça me vaudra un chapeau neuf.
— Convenu !
On lève le rideau. Quatre personnages sont bien attentifs en
ce moment dan3 la salle. Ce sont les deux frères Cogniard et
leurs chapeliers X... et Y..-., qui attendent tous deux leurs ré-
clame.
Voici le moment venu. Il
tention !..,
0 trahison !
Le scélérat d'acteur prononce le nom de René Pineau, son
chapelier à lui I
X*a Revanche
On admire, depuis quelques jours, à la vitrine de Giroux, un
nouveau buste en marbre, œuvre du sculpteur Matabon : une
femme au front plissé par la menace hautaine, aux traits con-
tractés par un courroux sublime, à la lèvre farouche et pleine
de cris de guerre, aux seins saillants et cuirassés..*
Cette femme, c'est LA REVANCHE !
L'artiste a dédié sou œuvre à l'Armée...
Mais ne serons-nous pas tous soldats — plus tard — pour
suivre à la frontière cette vaillante figure ?
Il est permis d'espérer que—sous peu—les proportions de ce
buste seront réjuites par Fauteur à celles de la liberté en
terre cuite dont les lecteurs de ['Eclipse n'ont point oublié la
physioaomie superbe et le fini magistral.
la revanche deviendra ainsi accessibles aux patriotes, aux
amateurs...
Et le succès de la liberté aura désonnais son pendant
A la Barrière
• Deux ouvriers — à moitié saouls — en train de s'achever...
— Garçon I crie le premier, une douzième fiole, cachet vert l
La /îole'arrive, et notre ivrogne se met en devoir de la décoif-
fer de son bonnet de galérien...
Le second, vivement :
— Verse sans déboucher, Polyte! Ça perd du temps.
Emile Blonoet.
On sait tout le soin que l'éditeur Dentu (Palais-Royal) ap-
porte à la fabrication de la jolie collection de romans à 3 fr. le
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La Semaine des quatre jeudis, par Al. Second, I vol.. «
Le Gouffre, par Elie Berthet, 1 vol............,...... 3
Les Aventures de Tartarin, par A. Daudet, 1 vol...
Drames de l'Internationale, par P. Zaccone,H vol..
Noël Rambert, par Jules Glarttie, 1 vol.............
] es Gardiennes du trésor, par E. Gonzaiès, 1 vol...
Trois Uhlans, par Charles Jouet, 1 vol...............
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