L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (5.1872)

Prix : 20 centimes.

Supplément au N° 197 de l'Éc

Août 1872.



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' Le train des députés.

H y a train et train.
' « — Non ! non ! - Si ! — C'est une infamie ! -
Ne répondez pas ! — Monsieur le président, on in-
sulte cette partie de l'Assemblée ! — Silence !
— A l'ordre ! à l'ordre ! »

Voilà un train de députés; mais ce n'est pas le
nôtre.

« Train, dit Littré, suite de voitures ou wagons
qui se meuvent ensemble. » A la bonne heure 1

Quand cette suite de wagons ne met qu'une
demi-heure pour faire le trajet de Versailles, quand
elle part notamment à midi vingt-cinq, c'est ce
qu'on appelle, â la gare Saint-Lazare : Le train
des députés.

Le voyageur qui prend ce train a généralement
la chance de jouir indûment de l'aménité et des
coups de chapeau des employés.

Il n'y a rien, en effet, qui ressemble autant à

un député, voire même à un ministre, que le plus
mince contribuable, surtout s'il a quelques pa-
piers sous le bras.

Laissons aux curieux la tâche de s'embourber à
plaisir en voulant démêler, sur ie quai, les person-
nalités plus ou moins célèbres de la gauche d'avec
celles de la droite.

C'est à eux qu'il appartient de chercher à péné-
trer sur le front d'un solliciteur ces graves pen-
sées qui doivent assiéger l'homme d'Etat ; et de
boire avidement, comme paroles de souverain,
celles d'un concierge qui va voir son député.

Mais le train part. « En voiture, messieurs, en
voiture ! » Les portières se ferment. Des retarda-
taires arrivent en courant. C'est le moment que
choisit le destin moqueur pour jeter un radical en
plein wagon de réactionnaires, et vice versa, dans
une caisse ultra-républicaine un des incorrigibles
de l'extrême droite.

L'entrée des artistes.

Si nous voulions entrer à la Chambre par la porte
officielle, nous nous présenterions avec le public à
la cour de Maroc , ou mieux encore au somptueux
vestibule de la Chapelle, après avoir traversé les
steppes désespérants de la place d'Armes.

Mais nous voulons au contraire voir le théâtre de
Versailles par le côté des coulisses. Cherchons donc
l'entrée des artistes.

Voici un groupe de députés que je -soupçonne
fort devoir nous l'indiquer. Attachons-nous à leurs
pas. Qu'est-ce à dire? Ils ont franchi la grille du
parc ; et, contournant le bassin de Neptune, s'en-
foncent sous une des grandes allées ombreuses qui
montent vers la terrasse.

Hum ! ces messieurs auraient-ils des tentations
d'école buissonnière. A vrai dire, le temps les ex-
cuserait bien. Et puis l'occasion, l'herbe tendre
est si près !

Mais non , nous les calomnions gratuitement !