L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (5.1872)

SUPPLEMENT DE L'ECLIPSE.

VOYAGE AUTOUR DE LA CHAMBRE!

loin. Là-bas, tout là-bas, dans son département, il
possèdedes propriétésqui exigent beaucoup desoins.
Il sait trop ce que vaut l'œil du maître pour les en
priver.

Tantôt il a ses avoines à rentrer ; tantôt son
conseil municipal à présider, ou la construction d'un
poulailler à surveiller. Le diable est d'être obligé
de retourner à Versailles de temps en temps. C'est
effrayant ce que ce poste de député qu'il souhaitait
si peu lui dévore d'instants. Enfin, il faut bien
faire quelque cliose pour son pays !

Sa spécialité est d'arriver toujours à Versailles
le lendemain d'un vote important. S'il assiste au
début d'une discussion, on peut être sûr qu'il n'en
entendra pas la clôture.

Le député èpilogueur.

A la salle des Pas-Perdus, on le trouve derrière
les tombeaux; à la buvette, dans les renfoncements
des petites armoires.

Il y tient par le bouton ou par le collet une proie
qu'il vient d'attirer par l'appât d'une confidence.
Un murmure de voix étouffées s'échappe de cet an-
gle ténébreux.

Si le ton s'élève, on entend des choses comme
celles-ci :

— Vraiment, il lui a serré la main?

— Il la lui a serrée.

t.a salîe des P.is-Pcrdus.

— C'est quelque chose d'incroyable!

— Je vous l'affirme.

— Et qu'est-ce que vous concluez de là ?

Ici le député èpilogueur s'aperçoit qu'on peut
l'entendre, et continue en collant sa bouche contre
l'oreille de son interlocuteur, qui l'ait des mines
extraordinaires.

Le député saDS façon.

Il ne semble pas qu'il soit à la Chambre ; on di-
rait plutôt qu'il garde la chambre. Sous la coupole
de la salle des séances comme sous les lambris des
bureaux il est chez lui.

En entrant, il a échangé dans son armoire son
chapeau contre une calotte et ses bottines contre
des pantoufles.

Pendant la séance il dépouille sa correspondance,
écrit à son tailleur de passer chez lui le lendemain,
va échanger quelques idées avec son notaire à la
salle d'attente et tremper à la buvette un biscuit
dans un verre de vin.

C'est l'axe autour duquel gravite incessamment
un essaim d'huissiers et de garçons.

Quand ce nombreux personnel s'est agité toute
la journée pour lui, il passe sa main sur son front
en murmurant :

— Quel métier fatigant !

Le député momie.

On voit déjà que l'heure de la séance approche
pour lui. L'heure delà séance, c'est celle du somme.
Alors il se cale de son mieux sur le dossier un peu
incommode de son banc, déplie un journal, penche
la tête,,et, au bercement de la voix du premier
orateur, tombe dans un anéantissement complet.

De la séance il n'a jamais entendu que les recti-
fications au procès-verbal. Tout le reste, projetsde
loi, amendements, interpellations, ne lui a jamais
apparu qu'en rêve.

Toutefois, sensible à cette secousse que produit
en s'arrètant le ronron des discours, il entr'ouvre on
œil à la fin de chaque discussion, et, à travers son
sommeil, il lève machinalement la main. Il a voté.

Tous les jours, avec une conscience qui l'honore,
il veut du moins lire à l'Officiel la séance do la
veille; mais, par une fatalité étrange, cette lecture
n'a d'autre effet que de lui procurer, dès les pre-
mières lignes, un nouveau somme.

Il a fini par en prendre son parti. Il a bien fait.

Celui qui ne vient jamais.

Il a une idée vague qu'on l'a nommé député.
Vous le presseriez même un peu qu'il en convien-
drait. Après tout, c'est un triomphe pour son parti.
Cela suffit. Quant à siéger, que lui demande-t-on
là?

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Fait par :

Le député convaincu.

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sort que le dernier. Il lit tous les pf
qtfoii lui distribue. Il ne manque pas
pas mi bareao, pas une commission.

Le pis est qu'il voudrait voir son
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ans test de ses aigles remontrai'
«ta!... Aussi ne l'appelle-t-on
que < le ton gendarme s. Entera
•ail, celai qui allail s'esquiver
avant Heure, rougit et se rassied

, C'est le député convaincu qui



Le député intermittent.

Le député èpilogueur.

Le député eans façon.

Le député momie.

Celui qui ne vient jamais.