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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 5.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3713#0248

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L'ECLIPSE

PRIMES OE L'ÊClIPSE

ï1* PRIME : LA REVANCHE

L'idée qui fait bouillonner les cerveaux," l'espoir qui fait
bondir les cœurs ont pris, — sinon un corps, — un buste !...

La Revanche vit désormais, — dans le marbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là !

Un artiste a pétri pour nous cette image de nos rêves.

XJÉolipse offre à ses abonnés la statuette de la Revanche.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux : 6 francs ; emballée avec soin et prête à être ex-
pédiée : 7 fran«s.

Le port reste à la charge du destinataire.

2e PRIUB : Album de la LUNE et de VECLIPSE

Cent dessins les plus célèbres de Gill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

Les dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés.

Le pris de l'Album, pria au bureau, est de 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

A MOI, CH...0SE. DEUX MOTS

-

Nous demandons humblement pardon à nos lecteurs de les
entretenir une fois de plus des affaires privées de Y Eclipse; mais
il ne nous est pas possible de rester la bouche close et la plume
muette, en face des incroyables abus de pouvoir dont nous con-
tinuons à être la victime...

Ces abus, — qui, non-seulement nous atteignent dans nos
intérêts de commerçant honnête, mais nous frappent encore
dans notre dignité de publiciste et de citoyen dévoués à la
forme de gouvernement que M. Thiers représente, — il nous
plaît aujourd'hui de les tirer de l'ombre de l'administration, où
ils ont fait leur nid dans les cartons bureaucratiques, pour les
traîner publiquement à la lumière de l'opinion. Qui sait? Les
abus auront peut-être honte ?... Ne dit-on pas que le grand
jour effare et déconcerte les hiboux ?

Ainsi, voilà qui est entendu :

On fait une révolution, — deux révolutions, — trois révolu-
tions .. et l'on croit la Censure morte, — abolie, — écrasée
sotis les drtita revendiqués, sous les libertés reconquises ?...

Funeste erreur I Fatal délire ! chanterions-nous avec M. Scri-
be, — si la gravité du sujet nous permettait de chanter.

La Censure est le phénix de l'arbitraire : elle renaît, — non
de sas cendres, mais des eendres qu'elle fait du livre, du des-
sin', de nos facultés et de nos franchises !...

La Censure est toujours. La Censure est partout. Tantôt, rue
Saint-Dominique, tantôt rue de Garennes, tantôt rue Camba-
cérès à Paris, tantôt avenue de Parie à Versailles. Hier, un
homme d'esprit qui-ne penàe pas comme nous, M. Léonce Du-
pont, l'appelait M. Fouquier ou M. de Grimont. Pour l'Eclipsé,
elle s'appelle'M. dé Nervaux.

11. de Nervaux était un fonctionnaire de- l'Empire. Le régime
actuel lui a ddnné de l'avancement. Aussi se ï&oirtre-t-il sin-
cèrement dévoué... à. tous1 les régimes déchus et à échoir, —
excepté à celui sous lequel nous vivoas.

Dieu sait sods quelles chicàues^ souâ qûetleà tracasseries nn*:
sérables cei autocrate du règlement s'évertue; depuis six mois,
à confisquer, au profit de-.ses préférences} dé s en rancunes o«£'
de ses caprices, une feuille dont le seul crime-est de chercher
à populariser1, dans là limite de ses moyens et sous la forme
qu'ils comportent, l'idée républicaine conservatrice, et qui, si
elle a, parfois, infligé là férule du crayon à certaines individua-
lités politique», croit encore n'avoir pas démérité d^s honnêtes
gens en signalant le ridicule, et le danger dé prétentions et de
menées propres à entraver l'œuvre patriotique du chef de l'Etat !

Des personnages d'un caractère et d'un mérite indiecUtab lés
ont constaté là'sincérité et la convenance cfë nés efforts dans
cette voie. Nous citerons, entre autres, un de ces nréeieux té-
moignages. M. Casimir Périer nous écrivait, il y a trois mois :
<t Vizille (Isère), 25 septembre 1872.

* MopM
t> Je n'ai jarhiaià :retusê à j-Jersanete ntih autorisation du
genre de celle'que vous ine demandez.-Un honinï& public
appartient au public et je ne trouve blâmabU, même dans là
satire et la c'a icature, que ce qui s'attaque à feon'tîeÛT,
outrage 4a'rixoral'e et les mœurs, ou est propre à troubler la
paix deâ'familles.

» Receveyj Monsieur, mes civilités empressées.

» Casimir Périer. »

Oui, mais M. de Nervaux se soucie bien, en vérité, de ce que
peut écrire il. Casimir Périer, — autrement que pour en con-
server la minute dans ses bureaux, et pt>ar n'en rendre que la
copie, gous le titre : Pièce classée !....

Ajoutons que M. de Nervaux est, certainement, plus roya-
liste que le Roi... qu'il espère, qu'il attend et qu'il ménage en
l'attendant^

La sfemèine passée, André Gill nous crayonne le portrait-
charge de-M. Barthélémy Saiut-Hilaire. Ce portrait-charge est
présenté, boiîraie. d'habitude, au dispensaire de M. de Nervaux.
Celui-ci refuse péremptoirement d'en autoriser la publication.

Fort de nos bônne.s intentions et du sentiment de convenance
qui n'a jamais cesse dé nous guider dans la mise à exécution
d'icelles, nous expédions le dessin incriminé à M. Barthéiém'y
Saim-Hilaire lui-rnème...

L'original examine le portrait. Il n'y trouve rien à redire.
Voici la réponse fLilteusë qu'il nous adresse imniédiateméèfe :

RÉPUBLIQUE! FRANÇAISE

PRÉSIDENCE

Versailles, le 12 décembre. 1Q72.

Monsieur,

REPUBLIQUE

M. Gille. Je trouve comme vous que ce dessin n'a rien
d'hostile ni de méchant, et je souhaiterais que toutes les
caricatures fussent aussi irréprochables que celle-ci. Le
bon goût et les mcears publiques y gagneraient beaucoup.

» Agréez, Monsieur, mes salutations, cordiales.

» B. Saint-HiLAiRE, »

Vous vous imaginez sans doute que, après cela, notre cen-
seur va s'empresser de revenir sur sa première décision?...
Allons donc !
M, Barthélemy-Saint-Hilaire dit :

— Je consens.

La censure riposte :

— NOUS NE VOULONS PAS !

Plus royaliste que le Roil Plus puissante quele Pouvoir 1 Son
veto inconscient efface la volonté de l'intéressé lui-même. Tou-
jours la ForCe qui prime le Droit. ■

On nous objectera :

Il y a un règlement,..

Nous riposterons :

Soit; mais ce règlement est une sorte de lien institué pour
nous limiter et nousTetenir...

Et nous le demandons au sentiment général, au bon sens,
aux gouvernants, à la République:

Est-il permis d'en faire un lacet d'Orient qui nous garrotte
et nous étrangle aux mains d'Euauques et de Muets?

L'ÉCLIPSÉ.

«ja&i

« D'après le désir que vous nous exprimez, je vous auto- |
rise sans difficulté à publier dans l'Eclipse le dessin de s

PETITE CHEONIQDE

Conseils aimables au Gouvernement.

Le Figaro a imprimé cette semaine ceci :

« Comment se fait-il que sous le régime de l'état de siège,
» qui suspend les droits de réunion et de pétition, on permette
» la distribution des listes demandant la dissolution? »

Cette façon gracieuse et détournée de donner de salutaires
conseils au gouvernement n'échappera à personne.

Et si le pouvoir avait, par hasard, oublié qu'il a à sa dis-
position l'état de siège, on le lui rappelle avec empressement.

C'est un procédé charmant.

— Comment!..- dit le Figaro, les pétitions vous ennuient!..
et vous êtes embarrassés pour si peu de chose !... Nous allons
vous tirer d'affaire. Qu'avez-vohs besoin de lois et de règle-
ments, puisque vous avez sous la main l'état dé siège qui en
tient lieu?... Servez-vous en donc, morbleu I... Qu'est-ce que
vous en faites?

Ce nouveau système sera sans doute êontinué.

Et nous devons noafc attendre à voir paraître successivement
dans les colonnes des journaux complaisants, des alinéas dans
ce goût :

« Comment se fait-il donc que sous le régime de l'état de
» siège qui suspend tonteè Ife'is' lois, oh laisse encore paraître
» des feuilles qui ne.gôHi pâa du même avis que M. Batbie.

» Comment pe fait-il .donfe qt»ô sous le régime de l'état de
» siège qui défend tout ce qui n'est pâ& interdit, on tolère que
». des journalistes 'f&cueilïeiît des viéuS pantalons pour les
» enfants des déportés.

" » Conïnlent se fait-il donc que sdiia le régime de l'état de
» siège qui est exempt de tout contrôle et de toute discussion,
» M. Gambètta et toute la gauche ne soient pas depuis deUX.
»■ mois k ÏWUzas. »

L'état de siège est tout ce qu'il y a de plus commode en fait
de législation.

St les feuilles de joie qui lui doivent le rès-tô de îetirs beaux
jodrg, s'étonnent que le gouvernement n'en fii&së pas Un usage
plus étendu.

Et si, à notre tour^ nous di&iohs a M. Thiers :

« Comment se fait-il donc que sous lé régime de l'état de
e siège, une feuille comme le Fujuro paraisse encore?»

Un nalion d'essai.

Nous venons de voir comment on peut s'y prendre, pour
donner au gouvernement, sans en avoir l'air, d'excellents
conseils.

Il n'y a pas que ce moyen là.

Nous avons aussi le conseil par ballon d'essai.

Et c'ese ce genre qu'exploite de préférence là PâtHe.

Exemple :

« Il serait question — dit-elle — d'un nouveau projet â& loi
» su; la presse. Il aurait pour but de supprimer l'impôt Sur le
■ papier et ae rétablir un timbre uniform'e d'un décime sûr
» tous les journaux. /

» La droite, auteur de ce projet, aurait pour but de faire la
» guerre aux feuilles radicales à cinq centifiiês, qUii, parla mo-
» dicité de lear prix, répandent dans les massés, leurs doc-
.» trines ânti- sociales, -s

On le voit, la Pairie n'y va pas de matin morte- Un timbre de
deux sOus sur tous.lee journaux.

Et rtytez bien que ce timbre de délia sous n'est rétabli que
pour tuer I-eft'journaux à un sou f à'eàt-à dire tin moellon pour
écraser''iïîïe -rimue-be; e&fi -if"est évident que l'on ne doit pas
avoir besoin d'un- impôt de dix centimes poUr assommer une
chose qui ne se.vend que cinq.

Mais ta Patrie, qui est femme de précaution, lie veut pas
manquer son coup;

Elle s'est dit :

— ËQ né frappant les feuilles à un sou que d'un ioïfÔfcde
six Centimes, elles pourraient peut être se rattrapper encore
sur la quantité, mettons eu dix, et qu'il n'en soit plus ques-
tion.

Une seule chose nous étonné, c'est qu'elle ne propose pas
tout de suite de ne permettre aux journaux de ne s'imprimer
que sur les feuilles de papier timbré dont se servent les no-
taires pour rédiger leurs contrats de mariage.

Ell-s coûtent un franc cinquante la pièce.

On serait encore bien plus sûr ainsi de porter un Coup fatal

&U Petit JuUrïlnt. ,

Il n'y a pas à dire : tant qu'un abonnement à un journftl ne
coûtera pas 618 francs par trimestre, la France ne sera jamais
tranquille et Versailles ne sera jamaia heureux.

Chacun son. goût.

Samedi dernier, dans un concert donné à la salle Pleyel, il
paraît que l'on a beaucoup applaudi un duo intitulé :

Le pays des rêoes.
— Je ne sais ce qu'est ce morceau, disait hier d'Hervilly
mais, sans le connaître, je le préfère de beaucoup aux

Rêves du j>a.ys[..
Une pluie de circulaires.

Depuis quinze jours, c'est une véritable inondation que les
circulaires ministérielles, préfectorale!
etc...

Circulaire pour défendre ceci.

Circulaire pour prescrire cela.

Circulaire pour rappeler autre chose.

Laissons passer le flot.

Cependant, arrêtons celle-ci, elle en vaut la peine.

C'est celle de M, Catobon, préfet de l'Aude.

municipales, etc..

Il rappelle à ses maires qu'ils doivent

a opposer à ce que ]

déconseiller

, ceux qui ne font que

pétitions se signent dans les établissements publics.

A cela, rien à redire^ c'est la loi.

Mais il va plus loin :

« Je ne saurais trop vous engager, — dit-il —
» de pareilles manifestations, etc , etc.. »

Eh bien ! mais... l'Empire ne faisait pas mieux avec ses gar-
des-champêtres électuraux.

Voyez-vous d'ici les maires de l'Aude déconseiller les pétitions
Quel travail I...

Pourquoi, M. le préfet, pendant qu'il y était, n'engageait-il
pas aussi les maires à déconseiller les pantalons à carreaux et
les bottines élastiques ?

Décidément, en fait de fonctionnaires,
ce qu'on leur demande gont bien rares.

Presque tous, ils ont un zèle hors de toute proportion.

Un préfet à qui l'on recommande de rédiger un avis pour le
musèlement des chiens et qui ne trouve pas le moyen de met-
tre en post-scriptum : « La force armée smra maintenir l'ordre,*,
devient une véritable rareté.

La plus grave question du jour

Car, il ne faut pas se le dissimuler, il y a quelque chose en ce
moment de beaucoup plus émouvant que la dissolution.

C'est la barb<î de M. Mouriet-Sully qui vient de jouer Néron
dans BritanAièus'.

Les uns disaient : Il la coupera !...

D'autres:'Il ne la coupera pas!...

Paris a été dans les transes pendant huit jours.

Enfin le grand jour est arrivé, et tout le monde a eu raison.
Il l'a coupée saDS la couper, il l'a raccourcie !...

Comme M. Thiers, M. Mounet-Sully s'est dit :

— La politique n'est faite que de concessions, faisons des
concessions.

Et le soir de la première, on entendait au foyer du Théâtre-
Français cette appréciation renouvelée du fameux paysan à qui
l'on demandait s'il y avait des pommes :

— Pour un homme qui a coupé sa barbe, il ne l'a pas
tftupée... Pour un homme qui n'a pas coupé sa barbe, il l'a
coupée...

A. part cela, l'ordre n'a pas été troublé.

Le dernier mot d'Hamburger

il assistait à une représentation de Capoulini aux Italiens.
Cochiuat lui montre dans une loge rhadamé de C... remar-
quée par son élégance :

— Vois-tu son riche costume décolleté; lui dit-il ?

— Je ne le vois pas beaucoup ; mais enfin, je le vois autant
qu'on peut le voir.

— Eh rîîèn... il est entièrement taillé dans des étoffes du
Levant'...

— Ahl. . répondit Hamburger, c'est donc cela que.je lui
trouvais quelque chose de l'Est.

LÉON BrENVENU.

Ll PRUSSIEN DU TROISIÈME

La scène se passe sur le trottoir d'un", rue quelconque. Deux messieurs,
l'un haut-cravaté de blanc et dé<oré d'une infiniié d'ordres, — Vautre,
mit comme tout k monde, — se remontrent et se saluent. Le premier
s'appelle le duc de Réac, le second M- Vousémoi.

de réàg (sèchement). — Bonjour, monsieur.

M. vousemoi (sms rancune). — Bonjour, «non cher voisin.
Quel triste temps, dites donc?

D» Mac {très-grave). »-': C'est la faute de la République.

M. vousémoi. — Bah 1 (Il rit.) Chacun sa manière de voir,
après tout. Avez-vous entendu le vent de cette nuit ? Ç)uel tin-
tamarre !

de uéac (très-séc). — Oui. — Mais j'ai aussi entendu la dispute
qu'avaient ensemble M. et madame La Chambre

m. vousémoi. — Tiens, c'est vrai Et puisque vous m'en parlez
la premier, je me permettrai de Vous dire que ces dignes épous
ont fait un chabanais du diable .En voilà des gens qui ne s'ac-
cordent pas beaucoup entre eux, nô's voisins I Je les entends
à'eflg..., je veux dire se parler, du fond de ma boutique, moi.

de rÉag. — Mon appartement du- premier devient inhabita-
ble, à cause d'eux, parole d'honneur.

m. vousémoi. ■— Bah ! Mais c'est juste au fait, M. et madame
la Chambre se battent au-dessus de votre tête.

de réac. — Oui. lis m'empêchent dô dormir.

M. vousémoi. — Et moi, ils me gênent dans mon travail.

de réag. — Ça sera toujours comme ça sous la Republique.

M. vousémoi. (à part.) — Toujours la même toquade I (Haut.)
Mais pourquoi ne se séparent-ils pas une bonne fois ? tiapristi I

de réac. — Mais vous oubliez, monsieur, le Prussien du troi-

m vousémoi. — Le Prussien du troisième ? Qu'est-ce que ça
lui fait ?

de RÉ*C — EU bîea, oui, le Prussien auquel M. La Chambre
doit, une furte somme d'argent, et qui couche au-dessus d'eux,
et qui grogne à chaque dispute des époux, il a promis de venir
mettre le holà El ça continuait d'aller ainsi...

M. vousémoi — En voilà une bonne blague ! -■ M. La Cham-
bre doit de l'argent au Prussien du troisième, c'est évident.
Mais les mots qu'il a avec sa femme ne l'empêchent pas de
payer ses dettes, je pense ? C'est contre madame La Chambre,
qui embête son mari, le trouble, lui fait perdre du temps en

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